Coup de pouce...
Selon une étude publiée par le journal britannique "The Observer", l'emploi quotidien des téléphones mobiles et autres consoles de jeu a provoqué une mutation morphologique des mains de la jeune génération. Le pouce est désormais le doigt le plus utilisé. L'ergonomie des emballages, des produits qui leur sont destinés, plus généralement de ceux qu'ils emploieront une fois devenus adultes, doit-elle prendre en compte ce nouveau statut du pouce ?
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Une étude réalisée dans neuf grandes villes du monde, dont Londres, Pékin,
Chicago et Tokyo, démontre que le pouce est devenu le doigt le plus fort et le
plus habile chez les moins de 25 ans. Ce changement affecte les jeunes qui ont
grandi en utilisant des mini consoles de jeux électroniques ou des appareils de
poche qui nécessitent l'utilisation du pouce pour envoyer des messages. L'usage
intensif du téléphone portable et des SMS (Short Message Service) renforce
encore cette prédominance de l'utilisation du pouce chez les jeunes. « Il y a
une relation de réciprocité entre la technologie et ses utilisateurs. Nous
changeons mutuellement, déclarait ainsi Sadie Plant, professeur à l'université
de Warwick, fondatrice d'une unité de recherche sur la culture cybernétique et
auteur de cette étude. Découvrir que la jeune génération s'est mise à se servir
de ses pouces d'une façon complètement différente et l'utilise instinctivement,
alors que la plupart des gens utilisent leur index, est très intéressant... »
Elle a ainsi pu constater que les utilisateurs peu habitués à la téléphonie
mobile se servent d'un ou de plusieurs doigts pour taper les numéros de
téléphone et pour faire d'autres opérations sur le clavier. Alors que, pour
effectuer les mêmes interventions, les plus jeunes utilisent leurs pouces de
manière ambidextre, en regardant à peine les touches de leur appareil. Au
Japon, les plus accros de nouvelles technologies ont même remplacé l'index par
le pouce pour pointer du doigt ce qu'ils veulent désigner ! Nos pouces, qui
opèrent différemment de nos autres doigts, sont un des critères principaux qui
nous définissent en tant qu'humain. Comme les autres parties de notre corps,
ils se transforment en fonction des nouvelles sollicitations qui se présentent
à nous et remplissent bien d'autres fonctions que celles de pinces. Dès lors,
il apparaît indispensable que les ergonomes et les designers qui planchent sur
les produits de grande consommation du futur prennent en compte cette évolution
inéluctable de la main des utilisateurs. Charge à eux de concevoir dorénavant
des formes d'emballages et mettre en oeuvre des systèmes d'ouverture des
produits, de diffusion des formules qui puissent être utilisés avec un maximum
de confort, de sécurité et d'efficacité.
Libérons le pouce !
Le plus gros et le plus court de nos cinq doigts, opposable aux
quatre autres, doit être désormais exempt de toute tâche de préhension du
packaging. Il convient qu'il soit libre de mouvement pour effectuer aisément
les gestuelles d'ouverture et de fermeture des capsules, de pression des
diffuseur... Prenons en exemple le briquet Bic qui, en son temps, a donné une
grande utilité au pouce des fumeurs, ou la petite boîte de bonbons Tic Tac qui
s'ouvre et se referme d'un simple coup de pouce. Dans les deux cas ce sont aux
quatre doigts, l'index, le majeur, l'annulaire, l'auriculaire, qu'il revient
d'assurer la saisie du produit par une pression contre la paume de la main.
Associée à un design évocateur, qui a souvent pour fonction de séduire le
consommateur, la bonne ergonomie du packaging est un avantage concurrentiel
déterminant pour en faire un utilisateur convaincu. Optons désormais pour des
formes d'emballages qui présentent une partie préhensible assez fine, afin
d'assurer une meilleure prise en main par nos quatre doigts. Cette zone de
contact doit être proche, juste au-dessous du dispositif de bouchage et de
distribution du contenu pour permettre au pouce d'y accéder aisément et la
manoeuvrer facilement. Pour autant que les attentes essentielles liées au
produit lui-même soient remplies, le résultat d'une démarche qui repose sur une
adaptation physiologique et esthétique du conditionnement, afin qu'il réponde
mieux à ses exigen-ces d'utilisation, est le meilleur "coup de pouce" qui soit
pour s'assurer de la totale satisfaction du consommateur.