Consommation : comment évoluent les comportements individuels
Comme chaque année depuis vingt-cinq ans, Risc International, cabinet de conseil en marketing ayant une expertise socioculturelle, a mesuré la confiance économique et sociale et l'humeur des individus à travers le monde et anticipé les évolutions sociales et culturelles.
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L'analyse internationale Mood 2004, réalisée par Risc International, permet
de dégager plusieurs grandes tendances économiques et socioculturelles. Les
Américains, même s'ils semblent plutôt pessimistes pour l'année 2005, devraient
dépenser plus que ce que prévoient les économistes. « Leur désir de consommer
ne fléchit pas », commente Michel Ladet, directeur associé de Risc
International. Et ce, bien que leur sensibilité au prix se soit légèrement
atténuée depuis 2002 et que davantage de consommateurs soient à la recherche de
nouvelles marques et de produits innovants. En Asie, le Japon demeure le moteur
de la région, mais sa santé dépend de plus en plus de l'économie chinoise qui a
progressé de 9,4 % en 2004. « Ce développement chinois est porté par des
niveaux de vitalité sociale et d'optimisme les plus élevés du monde », remarque
Larry Hasson, P-dg de Risc International, qui souligne la montée en puissance
de la classe moyenne qui continue de s'enrichir mais qui commence à se tourner
à nouveau vers sa propre culture. La concurrence entre les marques va devenir
plus grande et les marques chinoises sont en pleine progression. En Amérique
latine, l'optimisme des consommateurs brésiliens et mexicains est de retour,
avec notamment une confiance sociale très élevée au sein de la classe moyenne.
Dans les cinq plus grands pays européens, la disposition à consommer reste à un
niveau relativement élevé, à l'exception de l'Allemagne.
Perte de confiance sociale en Allemagne
« L'Allemagne qui émerge aura des
gagnants et des perdants, des marchés de luxe et des marchés discount, et la
classe moyenne va virer vers l'achat opportuniste après avoir longtemps acheté
de la sûreté par de la qualité », constate Michel Ladet. L'Allemagne fait face
à la plus sévère perte de confiance sociale des trois dernières années. Les
valeurs traditionnelles de fierté nationale et de statut social ont laissé la
place à une société allemande en demande de produits qui renforcent sa propre
estime, offrant de nouvelles voies de positionnement pour les marques et les
produits.» L'analyse pour l'Italie est plutôt sombre, les crises de Fiat et de
Parmalat ayant laissé un goût amer, ce qui incite les Italiens à penser qu'ils
sont entrés dans une spirale descendante infernale ; une morosité qui devrait
persévérer. En France, la peur de l'avenir est très forte pour une bonne
partie de la population et les attitudes individualistes et matérialistes
remontent à la surface. “La perte d'espoir dans les autorités publiques devrait
inciter les Français à se recentrer sur eux-mêmes et à adopter une attitude de
consommation pragmatique et opportuniste”, estime Risc International. Restent
en Europe trois pays particulièrement optimistes, chacun à leur manière. Depuis
2002, en pleine croissance économique, la Russie voit sa classe moyenne (40
millions de personnes) prospérer. Ses 15 millions de jeunes représentent les
aspirants les plus forts à la consommation dans le monde : 50 % des individus
de la classe moyenne aiment que l'on reconnaisse les marques qu'ils portent ou
utilisent et 43 % sont prêts à payer plus pour des marques prestigieuses
(contre respectivement 24 % et 31 % en Europe de l'Ouest).
Trois pays européens optimistes
« La recherche des symboles de statut
et l'appétit pour le luxe porteront les rêves des consommateurs russes en 2005
», analyse Michel Ladet. Autres optimistes, les Espagnols qui se consa-crent à
la quête du bonheur qui passe également par le besoin de consommer, et les
Britanniques qui montrent un niveau d'optimisme élevé. Mais, pour eux, la
stabilisation du désir d'acheter pour soi-même risque de conduire à moins de
dépenses imprudentes et donc à du “smart shopping”. « La shopping therapy va
emprunter une nouvelle direction : les Britanniques veulent désormais dépenser
leur argent pour être chouchoutés, pour des produits naturels... Pour le reste,
ils se mettent à rechercher le meilleur “deal” dans un marché très compétitif
», constate Michel Ladet.
Méthodologie
L'étude Mood 2004 a été réalisée entre novembre 2004 et mars 2005 auprès d'un échantillon représentatif de la population de 15 ans et plus: 12 500 interviews en Europe (cinq pays majeurs), 8 000 en Scandinavie, 3 000 par pays aux Etats-Unis, au Japon, en Russie et en Chine.