Amazon, l'Europe comme planche de salut ?
Colosse de l'e-commerce, mais colosse aux pieds d'argile car fortement endetté, Amazon.com lance son site français, axé dans un premier temps sur les produits culturels. Un nouveau pas en Europe après l'Allemagne et le Royaume-Uni.
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«This is Day 1 for e-commerce », n'hésite pas à clamer Jeff Bezos,
fondateur et P-dg d'Amazon.com. Le jour en question était le 31 août dernier,
date d'ouverture du site Amazon.fr, « destiné aux 60 millions de Français, mais
aussi aux 100 millions de francophones à travers le monde », dixit Denis
Terrien, président de la nouvelle entité. Une cible qui dépasse largement les
23 millions de clients actuels d'Amazon.com. A tous ces familiers de la langue
de Molière, le site offre l'intégralité des catalogues de livres, disques, DVD
et vidéo disponibles dans l'Hexagone, auxquels s'ajoutent 700 000 titres
d'ouvrages en anglais et 240 000 références de CD en import. La livraison -
gratuite jusqu'au 31 octobre, payante ensuite - s'effectue sous 24 h pour les
produits stockés dans le centre de distribution situé près d'Orléans, et entre
une à deux semaines pour les ouvrages en anglais. Ces derniers sont vendus au
prix américain, ce qui n'est, en revanche, pas le cas du catalogue français,
Amazon.fr ayant dû s'adapter à la loi Lang du livre à prix unique. La compagnie
de Seattle compte bien, en revanche, se rattraper en jouant le discount sur les
CD. Un positionnement qui obligera les sites déjà installés dans l'Hexagone
(alapage.com, bol.fr, fnac.com) à réagir. « Il ne s'agit pas de parler de
quelconque cannibalisation, personne n'a à perdre si nous gagnons », insiste
Jeff Bezos, qui affirme innocemment raisonner en termes de développement
général du marché de l'e-commerce tout en refusant de communiquer toute
information chiffrée sur les moyens qu'il compte mettre en oeuvre. Chargé du
développement international, Diego Piacentini ne cache pas, pour sa part, les
ambitions européennes du géant de la distribution électronique. Réussir le pari
européen est d'autant plus impératif que, cinq ans après sa création,
Amazon.com a perdu 70 % de sa valeur boursière et accumulé 1,5 milliard de
dollars de dettes.