L'impression se met au numérique
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La grande nouveauté du marché d'impression pour le marketing direct, ce
sont les presses d'impression numérique, fabriquées par Xeikon et par Xerox. «
Ces machines permettent de passer de la production de masse à une
personnalisation de masse », clame Christophe Franquin, responsable marketing
chez Xerox Arts Graphiques. Le constructeur décrit sa machine comme une presse
numérique en quadrichromie. Les utilisateurs la décrivent plus comme un copieur
couleur fonctionnant un peu comme une photocopieuse, mais sans la partie de
capture optique. L'imprimante est connectée à un contrôleur d'impression RIP.
Ce contrôleur est réalisé sur la base d'un PC avec un logiciel permettant de
traiter séparément les éléments fixes et les variables en vue d'une impression
unique. Les éléments fixes sont composés d'images et de textes récurrents. Les
variables sont aussi des textes, des données de la base, des images
personnalisables et des graphiques. Les deux imprimantes numériques de la
marque se nomment DocuColor 2045 et 2060. Le chiffre correspond à leur cadence
de production, respectivement de 45 et 60 pages par minute. « Une imprimante
numérique fonctionne sur la base de la technologie laser, mais avec un
traitement complètement en numérique », explique Christophe Franquin.
L'amélioration "numérique" vient ici du fait que le traitement de l'image avant
l'impression est entièrement réalisé en mode numérique, à partir des images
digitalisées fournies sur disquette ou sur CD. La machine accepte les formats
image et page entière PDF d'Acrobat, Postscript, DCS, EPS... Pour le texte, les
formats courants sont les bienvenus. Le coût de l'impression à l'unité reste
assez élevé. « Le coût du toner est élevé et la vitesse de l'impression assez
lente, de l'ordre de 1 500 documents au format A3 à l'heure », observe Jacques
Huberlant (Printor). On remarque aussi que l'impression numérique en
quadrichromie coûte environ dix fois plus cher que l'impression laser en noir.
En revanche, les machines numériques ne devraient générer aucun frais de
calage. L'ensemble imprimante et contrôleur d'impression de Xerox coûterait
environ 150 000 euros au prix catalogue, mais son prix de vente réel est
généralement inférieur. TLG utilise entre autres une ligne d'impression
numérique avec pour base la machine DocuColor 2060. « Sa productivité est
satisfaisante et, surtout, cette imprimante nous permet d'utiliser le papier
couché brillant, ce qui n'était guère possible avec l'impression laser
monochrome », juge Chantal De Pontac.
Ne pas rester à l'écart du marché de la personnalisation
Les constructeurs de matériel
traditionnel améliorent les performances de leurs machines. La technologie
laser en page à page ou en continu permet de travailler en monochrome ou avec
une couleur additionnelle. Les messages personnalisés, par exemple pour le
caritatif, sont imprimés en offset, puis personnalisés au laser ou en
impression jet d'encre. Jusque-là, les imprimantes jet d'encre feuille à
feuille étaient utilisées pour imprimer un pavé adresse, voire un logo sur le
document de base ou le film. Cette technologie apportait traditionnellement une
qualité d'impression moindre qu'avec la technologie laser. Mais les
professionnels s'accordent pour dire que les dernières machines jet d'encre
répondent complètement à leurs attentes. « Scitex a amélioré les performances
de son matériel. Il a aujourd'hui une meilleure qualité de l'image en jet
d'encre, et les cadences peuvent atteindre 200 000 exemplaires par jour »,
souligne Walter Evrard. Jacques Huberlant apprécie aussi le matériel de Scitex
à jet d'encre haute définition : « A partir d'une bobine blanche, nous pouvons
sortir le document complet, plié, façonné et prêt pour le départ. Sur les
volumes de 300 000 à 400 000 exemplaires, le prix varie entre 4 et 10 centimes
d'euro à l'unité. » Domino, fournisseur de solutions d'impression par jet
d'encre, développe deux gammes d'imprimantes, à jet d'encre dévié pour les
messages écrits, ou jet d'encre binaire, appelé aussi "rideau d'encre", pour
l'impression des graphismes. Ces imprimantes ont besoin d'être pilotées par des
contrôleurs informatiques, interfacés avec des systèmes de "vision", de
reconnaissance optique permettant de lire des codes-barres ou du texte sur les
documents. Une ligne d'impression Domino est composée d'un contrôleur Editor
GT, d'une imprimante à jet d'encre dévié Série A ou Jet Array 8, ou d'une jet
d'encre binaire Bitjet 212. L'ensemble coûte environ 90 000 euros et assure une
productivité allant jusqu'à 4 m/s. « Une ligne d'impression affiche
généralement des cadences supérieures au reste de la chaîne », affirme Philippe
Perreaux, directeur de la division graphique chez Domino. Pour lui, le goulot
d'étranglement se situe plus loin, au niveau des margeurs qui doivent manipuler
différents documents à la préparation des plis. Pour l'instant, l'impression
numérique ne semble pas atteindre les mêmes cadences que les technologies
classiques. Est-ce un défaut ? Tant qu'il s'agit de petites séries, la vitesse
n'est pas le critère déterminant. Ce qui permet de parier que la nouvelle
technologie va se positionner sur le secteur de la qualité en petit nombre tout
en laissant les grands volumes aux marques concurrentes.