Esprit curieux
Passionné de surf, de nouvelles technologies et du Japon, Philippe Le Fessant crée Jap'Presse en 2001, alors que le marketing mobile est encore embryonnaire sur le marché français. Portrait d'un entrepreneur atypique qui prône la coopération franco-japonaise au service de l'innovation.
La rencontre démarre par un cours de japonais. Echange de cartes de visites et décryptage des patronymes en caractères nippons. Première leçon d'exotisme et immersion instantanée au pays du High-Tech et des geeks fanatiques. Philippe Le Fessant, cofondateur de Jap'Presse et d'Innovasia Research avec Riyako Suketomo, est sans doute l'un des acteurs les plus pointus en France sur les évolutions du marché japonais en matière de nouvelles technologies. Son appétence pour la culture asiatique et son goût pour les nouveautés, notamment celles liées au téléphone mobile, l'ont poussé à monter, il y a huit ans, une agence d'information dédiée à l'émergence de ce marché pour en faire la promotion en France. A tel point que ses clients sont, aujourd'hui, des entreprises japonaises qui veulent infiltrer le marché européen et commencent par l'observer avec un «guide» français. Pourtant, dans les années 2000, alors qu'Internet explose, le pari ne semblait pas gagné. Le Web était en pleine ébullition, les Start'up se créaient aussi vite qu'elles disparaissaient, les patrons étaient jeunes et parfois inexpérimentés.
@ Marc Bertrand
Quel talent auriez-vous voulu avoir?
La créativité.
Votre définition du bonheur?
Un bon dîner, bien drôle, avec des amis.
Vos héros dans la vie réelle?
Au Japon, je suis impressionné par ce que Carlos Ghosn a fait chez Nissan. En France, j'aime le côté Don Quichotte d'un Augustin Legrand.
Les fautes qui vous inspirent le plus d'indulgence?
Celles que l'on commet en croyant bien faire.
Vos sources d'inspiration (en tous genres)?
La littérature, l'histoire.
Votre principal trait de caractère?
Déterminé.
Votre devise?
La vie prend tout ce qu'on lui refuse, mais elle rend au centuple tout ce qu'on lui donne.
Votre état d'esprit présent?
Détendu.
Visionnaire
Son parcours ne reflète aucune ambition entrepreneuriale, mais la volonté de se laisser porter par ses envies et de rester indépendant. Aucun diplôme d'école de commerce en poche, mais avec une licence de japonais décrochée à Rennes, il se laisse guider par son goût immodéré pour les voyages. Comme il aime à le rappeler: «J'ai appris le japonais parce que je rêvais de surfer au pied du Mont Fuji. Plus jeune, je me préoccupais plus de la force de la houle sur la côte que des cours de la bourse.» C'est durant ses années de fac, lors d'un festival de cinéma consacré au Japon, qu'il rencontre son acolyte japonaise, Riyako Suketomo. Ils ne se quitteront plus et sont aujourd'hui parfaitement complémentaires au sein de Jap'Presse. Un réseau, plus qu'une entreprise, avec un bureau à Paris et un autre à Tokyo, l'agence rassemble six collaborateurs et des experts du sans contact et des nouvelles technologies. «Très vite, nous nous sommes rendu compte que le Japon était le laboratoire de l'industrie mondiale du mobile», explique Philippe Le Fessant. Huit ans plus tard, à force d'observer les usages, les évolutions des sociétés et de leurs technologies, ou de participer à la création de services utiles, l'agence s'est imposée comme un référent sur le marché. Du coup, les sollicitations s enchaînent: demandes de voyages d'étude au Japon ou conseils en marketing mobile aux agences. Les requêtes des entreprises japonaises sont naturellement traitées par les deux fondateurs. Philippe Le Fessant, devenu en 2007 administrateur de la Mobile Marketing Association (M MA) en France, est conférencier et rédacteur pour de nombreux événements et publications, et participe ainsi activement à tenir en éveil le secteur des NTIC. Son discours, visionnaire, offre de nouvelles perspectives aux acteurs du marché français. L'avènement du sans contact, des téléphones toujours plus intelligents, Philippe Le Fessant semble avoir toujours un train d'avance et a su conserver un enthousiasme intact face à des entreprises françaises encore trop frileuses.