Bases de données marketing Retour à la simplicité ?
Effet de la pression financière ou simple constat de déconvenue ? Les entreprises semblent revenir sur l'engouement hâtif qui les avait saisies devant les promesses du CRM et de ses modélisations. La gestion des bases de données marketing s'oriente aujourd'hui franchement sur la voie du pragmatisme.
À LIRE AUSSI
- Le leurre de l'international
- Un peu de scoring pour “faire parler” les données
- 20 millions de foyers en extrapolation
- Avis d'expert. Bases de données : un outil de tous les jours pour fidéliser vos clients par Chantal Sellier, directeur général de Meura et président d'honneur du SNCD.
- Le leurre de l'international
- Un peu de scoring pour “faire parler” les données
- 20 millions de foyers en extrapolation
Restructuration, normalisation et validation postales, dédoublonnage et
déduplication, traitement des NPAI, enrichissement (scoring prénom, téléphone,
géocodage, e-mail, siretisation, croisement mégabases (recherche de données
téléphoniques ou d'informations capitalistiques…), reporting, data mining,
gestion de campagnes de marketing direct off et on line. La gestion des bases
de données marketing recouvre une grande diversité d'interactions souvent
pointues en termes de paramétrage algorithmique. Tous les prestataires sont-ils
en mesure de fournir la totalité des prestations requises dans un contexte de
gestion impliquant collecte et exploitation marketing ? Si les prestations
“aval” - analyse et data mining - sont commercialement stratégiques, Experian,
Sogec ou Bertelsmann, par un effet mécanique de volume propre à une gestion
industrielle, réalisent une grosse partie de leur chiffre d'affaires avec les
prestations “amont” - hébergement, RNVP, dédoublonnage… De leur côté, les
entreprises disposent-elles de moyens, des infrastructures et du savoir-faire
nécessaire à la réalisation des tâches les plus techniques ? «L'air du temps
serait plutôt à une prise d'autonomie de la part des entreprises, qui pensent
pouvoir faire des économies en rapatriant une partie de la chaîne. Mais l'air
du temps n'est pas forcément la tendance», remarque Thierry Fasolin, directeur
général de Sogec Datamark (3ME de chiffre d'affaires, plus de 20 millions
d'adresses hébergées). Selon le cabinet d'études IDC, le taux de transformation
chez les entreprises intégrant des outils d'intelligence clients peut être
triplé (9 % contre 3 %) pour des performances boostées (objectifs atteints à
75 % contre 52 %). «La base de données devient un véritable agent économique
des entreprises», affirme Denis Bied-Charreton, directeur marketing clients
d'Experian. Le poids de l'analyse dans la performance des actions de marketing
direct ne fait plus de doute. Reste que les entreprises, qui ont pour certaines
beaucoup investi dans des usines à gaz sans toujours obtenir les retours
escomptés, s'orientent aujourd'hui une gestion très opérationnelle de leurs
bases de données et une approche globalement simplifiée. «Le CRM analytique n'a
pas marché. En revanche, il y a un réel besoin des entreprises en matière de
data mining opérationnel», explique Thierry Vallaud, directeur d'Arvato
Business Intelligence (120 millions d'adresses gérées, 3 ME de chiffre
d'affaires). Et Nicolas Rioublanc, directeur général de Dimension 4, d'insister
sur le nécessaire retour au pragmatisme : «Le coût généré par la collecte tous
azimuts de l'information est énorme. Il faut revenir à plus de simplicité, tout
en exploitant les développements informatiques les plus performants. Mais en ne
perdant jamais de vue l'exigence de ROI.» Lastminute.com, Web marchand
positionné sur le marché du voyage et des loisirs, route chaque semaine à 1,7
million d'abonnés une newsletter sous une cinquantaine de versions différentes.
Et ce, sans avoir encore investi dans des outils de CRM. «La segmentation, nous
la faisons nous-mêmes, un peu à l'intuition c'est vrai, explique Nathalie
Banchet, responsable marketing client et études. Mais cela nous garantit
maîtrise et souplesse dans la communication vers une clientèle que nous
connaissons sans doute mieux que d'autres.» Les impératifs d'une approche
multicanal de la relation client figurent aujourd'hui parmi les priorités des
directions marketing. Mais celles-ci ne veulent plus appréhender le multimédia
de manière dogmatique. «La plupart des bases sont nettement mieux renseignées
en numéros de téléphone mobile qu'en adresses e-mails : 10 à 20 % contre 5 à 7
%», rappelle Yan Claeyssen, directeur du pôle marketing client d'ETO. Là
encore, le pragmatisme doit prévaloir et l'existant faire force de loi. Le
potentiel multiplicateur des clients utilisant plusieurs canaux de vente ou de
distribution n'en demeure pas moins une réalité. Exemple avec les magasins
Fnac. Si l'on fixe à 100 l'indice moyen d'achat d'un client de l'enseigne
culturelle en magasin, celui d'un client internaute sera de 121 sur le Web et
de 111 sur les points de vente. «Non seulement Internet ne phagocyte pas le
canal de distribution traditionnel, mais il génère un chiffre d'affaires
additionnel par client de l'ordre de 10 %», commente Jan Löning, P-dg de
Fnac.com. Le fait n'est pas propre à la Fnac. La plupart des entreprises
conjuguant divers canaux de vente constatent un effet de levier en termes de
génération de chiffre d'affaires et une majoration moyenne des ventes par
client sur les canaux historiques. «Il nous faut développer tous les moyens qui
permettront de rendre cette expérience client la plus riche et la plus complète
possible. L'analyse des bases de données dans une approche de data mining
multicanal est ici essentielle», poursuit le président de Fnac.com. Les
sociétés spécialisées dans la gestion des bases de données sont a priori les
premières à intégrer les outils et à adopter les méthodes d'un traitement
multicanal de l'information. Mais le marché de la BDD marketing se caractérise
par une grande disparité des profils d'acteurs, en termes de positionnement, de
taille, d'historique… «D'un côté les intégrateurs et les SSII qui produisent
les programmes, de l'autre ceux qui les font fonctionner», résume Thierry
Vallaud. Et d'ajouter : «Quand on est bon dans un métier, on l'est rarement
dans d'autres». A côté d'industriels cohabitent des spécialistes de la donnée,
susceptibles de proposer une réelle expertise en matière d'analyse, mais pas
toujours en mesure d'accompagner les entreprises dans la gestion des volumes.
«Les acteurs du marché commencent à comprendre qu'on ne peut pas intégrer dans
un même système des modèles de gestion et de marketing qui ne vivent pas à la
même vitesse», affirme Bertrand Fournis, Dg de Sagone. Le marché pourrait-il
échapper à cette concentration longtemps préconisée et annoncée comme
inéluctable ? «La concentration, c'est l'échec», affirme Guy Volta, P-dg de
Dimension4. A partir d'une certaine taille, on ne peut pas faire preuve de
réactivité ni rester proche du client.»
Marketing : quels sont les indicateurs que les entreprises utilisent?
Total des ventes générées : 88 %. Nombre de retours générés : 84 %. Coût des campagnes : 82 %. Population concernée : 78 %. Taux de conversion : 67 %. Niveau de satisfaction client : 63 %. ROI des campagnes : 61 %. Evolution du taux d'attrition : 49 %. Coûts de conversion : 33 %. Source : IDC.
Quels sont les informations prioritaires pour les entreprises ?
Historique des achats : 76 %. Indicateurs globaux de ventes : 61 %. Indicateurs d'activités : 54 %. Données socio-démographiques : 53 %. Utilisation du produit ou du service : 50 %. Préférence de canal : 24 %. Historique des services utilisés : 23 %. Niveau de valeur du client : 19 %. Source : IDC.