Sécurisation des fournisseurs
De quoi intégrer des clauses contractuelles prévoyant, par exemple, « une montée en charge rapide des fournisseurs pour gérer les situations d'urgence ou de crise », illustre Valérie Lefièvre. On l'aura compris, tous ces éléments devront, ainsi, être passés au crible lors de la négociation, quitte à y inclure la supply chain afin de garantir l'intégration de telles clauses et, « ainsi, s'assurer de la capacité du fournisseur à livrer dans les temps, moyennant, le cas échéant, le paiement de pénalités de retard », poursuit Fabienne Fel. Si les deux fonctions semblent plus que jamais complémentaires, reste à trouver le bon curseur entre les exigences achats, d'une part, et celles de la supply chain, d'autre part. Et pour cause : si le triptyque coûts-qualité-délais reste le mot d'ordre de nombreux services achats, « dans les faits, c'est la supply chain qui va davantage s'intéresser à la gestion des risques logistiques et à la sécurisation des fournisseurs tout au long de la chaîne d'approvisionnement, qui plus est en cas d'achats à l'international, notamment dans des pays low cost tels que la Chine », indique Christophe Durcudoy.
C'est pourquoi, la question d'une hiérarchisation entre priorités achats et supply chain se pose à intervalles réguliers. Avec une primauté qui doit être accordée - pour certains produits - à la réactivité des sous-traitants propre à garantir une livraison "juste à temps", et pour d'autres produits, à un coût peu élevé via un sourcing lointain. Un arbitrage complexe qui va aussi dépendre des quantités prévisionnelles définies par catégorie d'achats. « C'est pourquoi elles doivent être le plus fiables possible, en étant connectées aux besoins réels des clients », indique Fabienne Fel. Un travail qui incombe d'abord à la supply chain, par essence très proche de la clientèle.
Zara, un cas d'école
Vous l'aurez compris, plus vous, acheteurs, vous ouvrirez aux préoccupations de vos homologues de la logistique, plus vous vous rapprocherez des problématiques coeur de business de l'entreprise. Une telle synergie se révèle même plus impérative, encore, dans les industries aux cycles de production courts, où les achats et la supply chain doivent anticiper de manière plus réactive la fin de vie des produits via une approche de "reverse logistics". « Ce qui induit une stratégie efficace en termes de gestion de l'obsolescence et du recyclage, donc de renouvellement en continu des gammes dans une conjoncture toujours plus compétitive où le lancement régulier de produits innovants est incontournable », développe Pierre Rougier. Plusieurs acteurs sont d'ores et déjà à la pointe en la matière comme Dell, qui n'a pas hésité à placer la supply chain au centre de sa stratégie clients pour doper son activité e-commerce. Dans le textile, impossible de faire l'impasse sur Zara, qui a réinventé la chronologie opérationnelle en sortant des collections en trois semaines, « montrant ainsi la voie de l'excellence en matière de "supply chain" et de création de valeur », rappelle Valérie Lefièvre. Autre illustration avec Orange, pour qui la non-disponibilité d'un terminal en magasin signifie la perte d'un abonné potentiel. Aussi, l'entreprise fut parmi les premières en France, avec Turbomeca, à regrouper supply chain et achats sous une même casquette pour officialiser le rapprochement entre les deux fonctions. Alors, acheteurs, prêts à envisager, vous aussi, une telle voie ?