Tweens d'aujourd'hui, managers de demain
“Nous sommes en 2025 : les tweens (pré-adolescents) du début des années
2000 sont devenus les directeurs marketing et jeunes directeurs généraux de
grandes et florissantes sociétés en France. Ils ont leurs habitudes, bien
ancrées depuis leur adolescence. Ils viennent rarement au bureau, ne se
réunissent pas avec leurs équipes, ils ne sont pas à l'aise dans les relations
directes et maîtrisent bien mieux la supervision des opérationnels et des
partenaires via e-mail, téléconférence ou téléprésence. D'ailleurs, leur choix
d'agences se fait uniquement par mpeg.12 en 3D interposé. Et ils ne recrutent
que par le Net. Ils ont une mémoire et surtout une attention très courtes, ce
qui les amène à sauter d'un sujet à un autre et à changer d'avis bien plus
souvent que toutes les générations précédentes. Les stratégies ou les plans à
long terme les ennuient, car ils sont trop impatients pour attendre des
résultats. Leur obsession et la tâche primordiale à laquelle ils consacrent
l'essentiel de leur temps quotidien, c'est l'absorption de nouvelles
informations. Les données marketing prédigérées et synthétisées par
intelligence artificielle leur sont fournies en temps réel. Les instituts
d'études d'autrefois sont devenus des cabinets de stratégie qui bâtissent des
scénarios alternatifs, des simulations sophistiquées. Il n'y a plus qu'à
cliquer sur un scénario et à transmettre aux “market moderators”. Les nouveaux
managers aiment le stress de nécessité, c'est-à-dire celui lié à tout ce qui
sort en dernière minute ou qui est du dernier cri. Ils éprouvent un besoin de
stimulation par ces nouvelles informations, et les utilisent pour s'échapper de
leur quotidien : la recherche frénétique de nouvelles informations, images,
sons et sensations est devenue essentielle et bien supérieure à toute vision
stratégique ou claire de leur business ou de leur marque. Du coup, les usines
disséminées aux quatre coins de la planète ne produisent que de petites séries
qui changent toutes les semaines. Seule la marque demeure, qui permet encore de
se repérer quand les consommateurs font leurs courses sur écran. Des
dépressions et même des suicides surviennent quand un ordinateur tombe en
panne, quand la TV ne diffuse plus d'informations et de divertissement, ce qui
se produit souvent par collision de satellites. La bonne nouvelle, c'est que
drogues et alcool sont en chute libre. La nouvelle génération "prend sa
défonce" ailleurs. Elle s'injecte du plaisir en pianotant sur le clavier et en
sautant de link en link. Malheureusement, leur partenaire se retrouve souvent
seul(e) et l'activité sexuelle est au plus bas depuis des décennies en France.
Cette génération doit être “connectée” à tout moment, pour ne rien manquer,
pour s'assurer de voir venir les prochaines tendances. Elle justifie sa
frénésie compulsive au travail par des arguments basés sur les gains de
productivité, dont les mesures sont devenues le premier indicateur de
performance des sociétés et de leurs managers. La seule exception faite à cette
suractivité est la qualité du temps dédié aux rares dîners de famille ou aux
moment d'exception avec les jeunes enfants… Quand ils ont eu le temps d'en
faire.”
Les pré-ados en chiffres
La moitié des pré-ados urbains ont accès à Internet. - 13 % des 9-12 ans connectés préfèrent communiquer par e-mail. 47,2 % se connectent à des chat. - 20 % des 9-14 ans disposent d'un téléphone mobile (50 % en Allemagne). - 45,1 % d'entre eux envoient plusieurs SMS par jour. Ils veulent une réponse dans les minutes qui suivent. Autrement, ils laissent tomber. - 52,7 % veulent être célèbres, 64,2 devenir riches. - 91,9% veulent se sentir en sécurité, 52,5% ont peur du terrorisme. - 47 % estiment que leur tenue est le reflet de leur personnalité. - 50 % se définissent par la marque de leurs vêtements et 30 % y sont fidèles. Source : Millward Brown