L'Européen combat les idées reçues
Lancer un magazine centré sur l'Europe alors que ce sujet est loin de passionner les Français peut s'avérer risqué. C'est néanmoins ce qu'entreprend L'Européen, en kiosque depuis mai dernier. Avec un objectif: mieux faire connaître nos voisins.
Je m'abonne«Oublions nos idées reçues sur l'Europe et faisons connaissance!», ainsi commence l'édito du premier numéro du magazine L'Européen. Alors que les dernières élections européennes ont essuyé un taux d'abstention record de près de 60% en France, le lancement d'un mensuel traitant de l'Europe est pour le moins risqué. Pourtant, l'équipe de L'Européen a relevé le challenge, en tâchant de montrer que l'Europe concerne tout le monde. Une telle initiative avait déjà été tentée, sans succès, par Le Monde et les frères Barclays en 1998. Reste qu'en dix ans, l'Europe a pris de plus en plus d'importance, notamment via le processus d'élargissement et l'adoption de la monnaie unique. Renaud de Chazournes, ancien directeur de la rédaction de Courrier Cadres, a donc pris les rênes du titre en tant que directeur de la rédaction. Quant à Michel Spengler, ancien secrétaire général du groupe Les Echos, il y assume les postes de président-directeur de la publication et de directeur artistique. «Nous ne voulons pas faire de politique, ni être le porte-voix des institutions, prévient-il. Si nous sommes concernes par ce qui se passe à Bruxelles et à Strasbourg, nous nous intéressons avant tout aux peuples d'Europe.» Le magazine s'articule autour de quatre mots-clés: découvrir, comparer, apprendre et partager. Avec une conviction: «Seule la connaissance des autres permettra de construire l'Europe des citoyens.» On peut en effet imaginer qu'en apprendre plus sur leurs voisins permettra aux Français de s'intéresser davantage à l'Europe. A l'instar d'un voyage, le magazine entend laisser aux lecteurs une «panoplie de souvenirs tous les mois», précise Michel Spengler, en traitant une dizaine de pays à chaque fois.
Un mensuel destiné aux 45 ans CSP +
La force du magazine réside notamment dans son réseau de 22 correspondants, couvrant près de 80% de l'information, épaulé par une quinzaine de personnes à Paris et une équipe de traduction s'occupant de la partie bilingue du site web. Les sujets abordés vont de thèmes d'actualité générale, comme les élections européennes ou les salaires des grands patrons, à des sujets plus légers, comme le rituel du petit déjeuner selon les pays, en passant par des carnets de voyages, des flash-back historiques ou encore des reportages en images. Autre rubrique phare du magazine: l'interview d'une personnalité relatant son rêve européen, telle la navigatrice britannique Ellen MacArthur.
Pour son numéro de lancement sorti le 28 mai dernier, L'Européen a fait le choix de mettre en Une un panel hétéroclite d'Européens «exemplaires», allant de Richard Branson, le p-dg de Virgin, au footballeur Lilian Thuram ou l'actrice Pénélope Cruz, en passant par l'homme politique Vaclav Havel. Une chose est sûre, il ne s'agit pas d'un magazine grand public, bien qu'il soit tout à fait accessible, tant par les sujets traités que par son prix, fixé à 4 euros. En effet, Michel Spengler déclare cibler principalement des lecteurs CSP+ autour de 45 ans, même si les jeunes, et notamment les étudiants Erasmus, devraient trouver leur compte dans les pages «L'étudiant sans frontières» et la rubrique culture. Tiré à près de 200000 exemplaires pour son premier numéro, le mensuel vise, à terme, les 40 000 exemplaires vendus en kiosque, sans compter les ventes en Belgique, en Suisse et au Luxembourg, et dans d'autres pays européens. Et pour le faire connaître, Michel Spengler s'est appuyé sur une vaste campagne de communication, à la fois en télévision, sur Internet, au cinéma, en affichage et en street marketing. Imaginée par l'agence de publicité Les Aiguilleurs, cette campagne, d'un budget de 300000 euros, a joué sur les idées reçues que tout un chacun peut avoir sur les différents pays européens. Reste que le magazine compte surtout sur le bouche à oreille pour se faire une place.
La couverture du premier numéro du mensuel fait la part belle à des Européens de tous horizons.
Le lancement du magazine a été soutenu par une campagne de communication avec un budget de 300 000 euros.