Génération Trafic
Tout le monde en est à présent convaincu : le plus beau site internet du monde ne génère pas un trafic spontané. Dominique Beaulieu, président fondateur d'Affiniteam, redécouvre avec nous le principe du "business as usual" : Internet, comme tout point de vente, déploie des trésors d'ingéniosité pour faire venir et revenir les bons clients.
Dans la gendarmerie, la punition suprême consiste à affecter "à la
circulation" l'auteur d'une bavure. Sur Internet, au contraire, générer du
trafic prend de plus en plus l'allure d'un poste névralgique. Après les
illusions de l'ère héroïque, où l'on pensait qu'il suffisait de mettre son site
en ligne pour voir déferler des internautes toujours plus nombreux, est venu le
temps des bilans, et souvent le doute. Même les portails les plus visités ne
convainquent plus les annonceurs de payer les fameux "flat fees", droits
d'entrée acquittés par les fournisseurs pour y être référencés. A la belle
époque du Net, des sociétés comme Axa ont dépensé 60 millions de francs pour
obtenir l'exclusivité européenne des bandeaux associés aux mots "assurance" sur
le portail Yahoo, avant de réviser leurs investissements à la baisse l'année 2
(12 millions), puis beaucoup moins aujourd'hui. Car, lorsque l'on fait les
comptes, les résultats d'affiliation paraissent souvent décourageants. L'heure
est plus au "business as usual", on fait mine de redécouvrir les bases du
commerce : un fonds, du contenu, une vraie proposition de valeur, mais aussi un
vrai système d'alimentation composé de publicité on line-off line,
d'hyperliens, de personnalisation, de ludique, de programme de fidélisation.
Alors, on cherche des recettes, recettes qui, bien entendu, n'existent pas.
Tout au plus quelques leviers s'avèrent pertinents lorsqu'ils peuvent s'adapter
au contexte de l'offre et à la culture de l'entreprise.
Les 10 sources de génération de trafic
1) La publicité on line
L'affichage d'un bandeau sur un annuaire reste la méthode la
plus puissante pour obtenir de l'audience. Elle s'apparente davantage au
marketing direct qu'à la publicité : elle suscite une réaction immédiate de
l'internaute, qui, en un clic, se retrouve directement sur le site de
l'annonceur. Elle permet un ciblage chirurgical, autorise l'interactivité et
permet de mesurer l'efficacité d'une campagne. Elle prend la forme d'un bandeau
cliquable associé à une page thématique. Si c'est la page d'accueil d'un site
qui, par définition, draine le plus de trafic, la population sera plus
qualifiée si le bandeau correspond à la rubrique visualisée, par exemple les
voyages. On peut aussi changer la nature du bandeau selon le mot clé saisi dans
le moteur de recherche, l'heure ou le site de connexion, le pays de provenance
de l'internaute ou encore son comportement. La page d'accueil de votre site
peut être personnalisée en fonction des circonstances d'accès. En publicité on
line, l'internaute garde son libre arbitre et choisit son degré d'implication
en pénétrant plus ou moins profondément dans le site de l'annonceur ou en
remplissant des formulaires en mode déclaratif. Passé le phénomène de
curiosité, le taux de clics était en chute libre en Europe, épousant les
courbes américaines. L'enquête Jupiter MediaMetrix, publiée en février 2001,
vient à point nommé redorer le blason de la publicité en ligne en relevant une
augmentation de 21 % en décembre par rapport au mois précédent, pour un nombre
record de 55 milliards de bandeaux visualisés.
2) Le référencement (portails, shopbots, sites affinitaires affiliés)
Selon une étude
du Benchmark Group de 1999, 29 % des acheteurs en ligne avaient accédé au site
par l'intermédiaire d'un annuaire ou d'un moteur. Certai-nes marques, telles
Peugeot ou Renault, attirent spontanément sur leur nom les internautes vers
leurs sites respectifs, peugeot.com et renault.com. D'autres, comme Amazon ou
Ebay, dont la notoriété est installée, obtiendront des connexions directes.
Mais la recherche d'un aspirateur a de bonnes chances de s'appuyer sur un
moteur de recherche. Un mot clé déclenche alors l'affichage d'une liste de
sites candidats. Le référencement a pour effet d'assurer votre présence au
meilleur niveau parmi les listes de sites proposées par les annuaires et
moteurs de recherche. Le classement dans ces listes est fondamental. 10 %
seulement des internautes vont au-delà de la première page des sites proposés.
Et dans la première page, une première ou deuxième place est un plus
indéniable. Les moteurs ou annuaires incontournables sont Yahoo, Lycos, Excite,
Altavista, hotbot, webcrawler. Le référencement sur les guides d'achat, comme
Kelkoo, webmarchand.com, leguide.com, buycentral.fr ou encore 123achat.com,
peut également s'avérer payant.
3) La publicité off line
Elle s'impose le plus souvent pour attirer les consommateurs
sur le site : il y a deux ans, en France, aucune affiche ne comportait
l'adresse du site web. Aujourd'hui, ces mentions sont très fréquentes, et
rarissimes sont les 4 x 3 aux Etats-Unis qui n'incitent pas à la connexion.
Au-delà des affiches, la radio, les publicités dans les magazines, les
prospectus, les véhicules de service ou les produits eux-mêmes constitueront
autant de vecteurs efficaces.
4) Le marketing viral
Le
bouche à oreille électronique dispose d'un pouvoir d'attractivité, autant que
de capacités de conviction pour le parrainage ou l'achat en ligne. Il peut
prendre la forme d'une recommandation, comme, par exemple, le reroutage d'un
article des Echos ou du Journal du Net vers un ami de votre choix susceptible
d'être intéressé. Il peut s'agir d'une farce, comme les fausses offres d'emploi
lors du lancement de monster.fr, que vous envoyez à cinq amis en les incitant à
faire de même. L'effet boule de neige est garanti. Mais attention aux fautes de
goût : l'effet boomerang est à la hauteur du virus. Passthison.com, qui
s'appuie sur l'envoi d'e-mails en cascade, a connu la troisième plus forte
progression de trafic derrière grab.com and half.com.
5) L'affiliation
Le partenariat entre deux sites revêt des formes
variées. Il peut s'agir d'un simple hyperlien réciproque. Dans ce cas, un logo,
une bannière ou un mot souligné renvoient vers le site associé. Un contenu
complémentaire de type site éditorial-site marchand ou site comparatif-site
marchand rapproche souvent deux sites qui échangent leurs contenus et se
génèrent réciproquement du trafic. L'affiliation décrit un modèle conforme à
celui d'Amazon, qui revendique la paternité du concept : votre site fait
référence à un livre ou conseille un DVD, en 48 heures, vous pouvez éta-blir un
lien avec Amazon. En cliquant sur le mot ou l'image, l'internaute est alors
aiguillé vers Amazon dans la rubrique où il peut l'acquérir. Votre rémunération
d'apporteur d'affaires varie de 50 centimes à 2 francs, selon les informations
que l'internaute accepte de laisser sur le site, mais elle n'est le plus
souvent versée qu'en cas de commande, sous la forme d'un pourcentage (de 1 à 10
%) ou d'un partage de marge (de 30 à 70 %) pour des produits spécifiques, comme
l'assurance ou les distributeurs de PC, qui ne présentent pas de marge homogène
entre PC, périphériques et consommables. L'affiliateur plafonne parfois les
revenus par programme ou les limite à l'acquisition de nouveaux clients, sans
comptabiliser une éventuelle deuxième commande. Le "tracking" est à la charge
du site affiliateur, qui vous adressera une liste des contacts qui ont été
suivis de commande. La confiance est de mise, vous ne disposez, dans ce cas,
d'aucune autre possibilité de contrôle que des achats tests ou un sondage parmi
vos internautes. Le système d'affiliation inversée permet au site d'origine de
garder le contrôle tout au long de la transaction. Ces précieuses informations
autoriseront un contrôle sans ambiguïté, ainsi que l'éventuelle attribution
nominative de points dans le cadre d'un programme de fidélisation. Attention :
dans tous les cas, veillez à conserver vos internautes, en encapsulant le site
hôte dans une fenêtre, qui, une fois fermée, renverra vers votre site.
6) Les jeux concours
Grab.com est une loterie et un
site de jeu qui offre un jackpot d'un milliard de dollars, qui fait référence à
la célèbre expression américaine "C'est beau comme un million de dollars", a
réalisé la plus forte progression de trafic de l'année, avec 13,5 millions de
visiteurs différents en décembre. Le trafic a augmenté de 115,8 % depuis mars
(6,2 millions de visiteurs différents).
7) Le couponning
Aux Etats-Unis, chaque présentoir d'hôtel ou brochure
publicitaire propose des coupons de réduction détachables. Ce mode a envahi le
Web, et des sites comme consowin voient leur audience augmenter régulièrement,
sur une base d'échange on ne peut plus simple : remplissez un formulaire, vous
obtiendrez des coupons en retour. Le panéliste américain Netratings a mis en
évidence qu'en moyenne, une bannière faisant référence à un coupon obtenait un
taux de clics très élevé pouvant atteindre 20 %. La contrainte inhérente au
média impose d'imprimer le coupon préalablement à l'achat dans le monde réel,
ce qui constitue un frein réel pour des produits à faible valeur faciale. Sur
les sites Pixibox ou Couponline, Ecoliste, les coupons peuvent être acheminés
par courrier. En dehors des sites génériques de couponning, des sites comme
Casino proposent également des coupons sur leur site. Un procédé de coupon
virtuel attribue un code à l'internaute, qui bénéficiera de réductions
lorsqu'il le saisira en se connectant sur le site émetteur.
8) Le surf rémunéré
Les sites aboutpaidtosurf.com et les français
Mediabarre et Winbe rémunèrent l'internaute en fonction de son temps de
connexion.
9) Le push/e-mailing
J'ai beau être irrité
par la réception quotidienne de sollicitations sous forme d'e-mails, je ne peux
que constater leur redoutable efficacité. En inscrivant vos clients sur une
liste de destinataires associée à un thème de leur choix, vous les informerez
régulièrement de nouveautés ou de promotions avant vos confrères. "Prévenez-moi
dès que le DVD "Dinosaures" sera disponible".
10) Les gimmics
Vous pouvez opter pour des trucs, des "goodies", des
cadeaux gratifiant vos internautes (par exemple, des cartes postales comme
haveyouseenthis.com ou des économiseurs d'écran comme celui d'Aubade.com v2.1,
dancing-baby.net, gotlaughs.com ou Wasa), de l'humour, des jeux culturels,
comme le jeu "Pourquoi" de Frédéric Dambach, ou encore la citation, la blague,
la météo ou l'horoscope du jour Une étude de Jupiter Mediametrix, parue en
février 2001, montre que les plus fortes générations de trafic proviennent du
marketing viral, d'accords croisés, de jeux concours et de promotions. Ces
idées ne sont ni exhaustives ni garanties sur facture. On pourrait citer des
leviers, comme l'organisation de ventes aux enchères, l'animation d'une
rubrique communautaire ou encore le référencement dans une place de marché. Il
ne reste plus ensuite qu'à mesurer l'impact de nos efforts, par une mesure
d'audience, mais aussi par le taux de transformation des consultations en
vente. Sinon, repassez directement par la case Départ et, selon la formule
consacrée, sans toucher 20 000 francs...