Création de noms : moins de quanti, plus de quali
Dans un contexte économique morose, le marché de la création de noms est fragilisé. Mais les sociétés spécialisées ont su s'adapter et trouver de nouvelles dynamiques.
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«Après des mois difficiles, il semble que les annonceurs se soient souvenus
de l'importance de la marque et notamment de l'innovation en la matière »,
constate Anne Olivry, directrice de création chez Demoniak. Les chiffres
d'affaires des principaux acteurs sont là pour confirmer que 2002 et 2003 n'ont
pas vraiment été des années porteuses. « La demande est un peu moins soutenue
en création “brute”, souligne Catherine Veillée, directrice générale d'Insight
Marques, mais la création de noms perdure dans un trend qui demande, bien sûr
de l'expérience créative, mais aussi de l'expertise marketing et du conseil. »
Pour Apanage, ce sont les phases d'accompagnement de ses clients dans des
réflexions stratégiques et celui en “Coaching Créatif” qui ont généré une
facturation plus importante. « Nos clients nous demandent aujourd'hui d'être
des super consultants seniors sur les questions d'identité de marque, de
changement de nom ou de lancement », estime son P-dg, Jean-Pierre Gauthier. Une
démarche que confirme Florence Hussenot, P-dg du Cabinet Hussenot Conseil qui
s'est spécialisé sur la “chaîne de valeur de la marque”, et qui constate que le
métier de la création de noms est aujourd'hui indissociable de celui des études
et du conseil, particulièrement dans les approches amont à la création.
Le recours aux études
Insister sur les études a été le
positionnement de Bessis dès sa création et, parce que la demande est présente,
Nomen, à son tour, a décidé d'investir fortement ce territoire. Le choix d'un
homme venant de l'univers des études, Jean-Pierre Dreyfus, comme Dg de Nomen
International, symbolise parfaitement cette nouvelle orientation. Nomen vient
de lancer le premier Observatoire du nom, basé sur l'interrogation d'un réseau
d'experts dans les principaux pays européens et aux Etats-Unis, et de créer un
tout nouvel outil quanti de tests de nom, ID Check, à la fois stratégique et
tactique. La prise de risque est inhérente au marketing, encore faut-il
s'assurer d'un certain retour sur investissement : cela passe par le nom de
marque. « On demande au nom d'être à la fois crédible, disponible, sexy,
politiquement correct, VRP, proche des gens, cohérent avec les valeurs de
l'entreprise, descriptif ou immédiatement lié au produit, évolutif, moderne
mais authentique, agréable à prononcer, international mais compris par les
Français, beau et court en plus !, constate Anne Olivry. Comment voulez-vous
qu'un ordinateur croise tous ces critères ? C'est l'expertise et la diplomatie
des créateurs de noms qui permet d'imaginer et de suggérer des noms originaux
et porteurs. Ils sont les généticiens de la marque, ils travaillent l'ADN de la
marque. » Dans toute success story de marque, il y a un nom porteur. Il n'est
pas pour rien dans la valorisation d'une marque. Mais ceci est un autre débat.
"Simplicité et douceur"Les deux grandes tendances repérées par Jean-Pierre Dreyfus, Dg de Nomen International, d'après les résultats du premier Observatoire du Nom.
Quel est aujourd'hui le contexte de la création de noms ? Jean-Pierre Dreyfus Côté annonceurs, le processus de concentration et de fusion est loin d'être terminé, entraînant de nombreuses réflexions sur la rationalisation des portefeuilles de marque. Par ailleurs, dans un contexte de crise, les investissements en communication sont remis en question. Ce qui est vrai pour la publicité l'est également pour le “naming”. Parallèlement, les consommateurs sont devenus plus méfiants, plus critiques, plus difficiles à impressionner avec des bénéfices abstraits. Ils ont besoin de sens, de concret, et se sentent perdus parmi la pléthore de marques existantes. MM N'est-ce pas préoccupant pour la création de noms ? J-P D A l'exception de la Distribution, les entreprises ont tendance à créer de moins en moins de marques, en Europe comme aux Etats-Unis. En revanche, et c'est plutôt bon signe, les noms de marque sont de plus en plus travaillés. Chaque nouveau nom est le plus souvent accompagné d'un vrai processus créatif, d'un travail juridique en profondeur et quasi systématiquement d'études. Car le nom devient objet de communication à part entière. MM Quelles sont les principales tendances du“naming” ? J-P D La simplicité, la discrétion et la douceur. Désormais, il faut faire court. Cette ancienne tendance qui vient des Etats-Unis s'est répandue en Europe. En grande consommation, apparaissent des noms comme Froop en Allemagne, dans le textile, ce sont Zara, H&M, en tourisme, Swiss ou Flexity. En même temps, les noms ont tendance à devenir plus doux. Parce que les entreprises veulent des noms qui passent bien à l'international, on constate deux tendances parallèles : la poursuite d'un mouvement ancien, dans tous les pays, celui des racines gréco-latines, et plus récemment, en essor très rapide en Europe du Nord, celui des noms anglo-saxons.