Coca-Cola se dope à la caféine
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On le présente comme l'innovation majeure de l'année 2006 pour la firme
internationale. Son nom : Coca-Cola Blak (sans c). Un mélange de Coca-Cola
Classique et de café, avec deux fois moins de sucre que la recette originale.
Ce nouveau produit sera lancé tout d'abord en France. « Nous avons participé au
développement, pour ne pas dire que nous l'avons piloté », souligne Isabelle
Hubsch, responsable de l'innovation. Une « formidable marque de confiance » du
siège, selon Christian Polge, dirigeant de Coca-Cola France, et qui initie
peut-être là un nouveau modèle pour le lancement de ses produits. «Aujourd'hui,
l'idée est de ne pas travailler à l'intérieur d'une forteresse et de s'ouvrir à
d'autres pays moteurs », ajoute Isabelle Hubsch.
Nouveau rituel
En l'occurrence la France, pour ce cas précis, du fait
notamment d'un marché demandeur d'un nouveau concept: celui de l'energy drink
de fin d'après-midi. Car l'objectif de Coca-Cola est bien là: instaurer un
nouveau rituel “revigorant et rafraîchissant” pour les adultes actifs en fin de
journée. « Les adultes sont encore très attachés à la marque, mais ils la
fréquentent beaucoup moins », reconnaît Isabelle Hubsch. Une cible pour
laquelle rien n'a été négligé. Dans les ingrédients d'abord, avec une pointe
d'amertume très présente dans le Coca-Cola Blak pour satisfaire les besoins
physiologiques de ces consommateurs, une mousse plus onctueuse et des bulles
plus fines. Et jusque dans le packaging: petites bouteilles ou cannettes de
25 cl, emballage aluminium, logo stylisé pour un Coca-Cola Blak qui fait fi du
rouge et du blanc, au profit du marron et de l'or.
Cette “innovation majeure”
fait suite au lancement par son concurrent d'une boisson à la composition
similaire: le Pepsi max cappuccino, dans les rayons des supermarchés depuis
novembre dernier. Suivisme de la part de la firme d'Atlanta? Les deux
entreprises se livrent, depuis le début, une guerre acharnée où chaque
innovation produit est vite reprise par son concurrent: vanille, lemon ou lime…
toutes ces saveurs font partie des gammes à la fois de Coca-Cola et de Pepsi.
Pour autant, chez Coca, on se défend d'une telle stratégie. « D'abord, il ne
s'agit pas là d'une simple déclinaison et puis ce n'est pas le même
positionnement ni la même cible que Pepsi, notamment du fait du
conditionnement », rétorque Isabelle Hubsch. La bouteille de 1,5 l préférée par
Pepsi lui confèrerait une cible d'adolescents, la petite bouteille sophistiquée
(entre 0,95 et 0,99 e) de Coca la destinerait, elle, d'emblée au monde
adulte.
Une innovation nécessaire
Les distributeurs
automatiques, les stations-service et les cafés-hôtels-restaurants auront eu la
primeur du lancement le 15 janvier avant que la petite bouteille ne s'installe
dans les linéaires un mois plus tard. Pour accompagner ce lancement, Coca-Cola
devrait axer sa communication sur les premiers lieux: distributeurs habillés
aux couleurs du Coca-Cola Blak et site internet, www.coca-colablack.fr, sans
oublier tout de même l'indispensable campagne TV à partir d'avril. « Le plan de
communication sera à la hauteur du lancement », lâche Isabelle Hubsch.
Cela
sera-t-il suffisant pour redonner du tonus à la marque? L'exemple du Coca-Cola
Vanille incite à la prudence. Lors de son lancement en 2003, la boisson s'était
placée très rapidement dans le top 10 des ventes de soft aux Etats-Unis… avant
de disparaître tout simplement du paysage américain il y a deux mois.
L'entreprise elle-même n'est pas au plus haut: les investisseurs lui préfèrent
dorénavant son rival PepsiCo, tendance confirmée à l'annonce du lancement de la
nouvelle boisson qui a fait baisser le cours de l'action Coca-Cola.
L'entreprise n'a donc pas vraiment le droit à l'erreur. Elle semble surtout
parier sur ce nouveau bébé. Saura-t-il donc séduire durablement un nouveau
marché? C'est en tout cas un des défis majeurs de la firme d'Atlanta pour 2006.