Plusieurs techniques numériques s'affrontent
A chaque constructeur d'imprimante numérique en quadrichromie correspond une technologie propre. Selon qu'elle est basée sur le jet d'encre ou sur l'utilisation d'une impression laser avec toner à encre sec ou à encre liquide, elle offre des caractéristiques différentes en termes de rendement et de qualité visuelle.
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L'impression numérique consiste à convertir les données des fichiers
directement en page imprimée sans avoir à passer par une fabrication
intermédiaire de films et de plaques comme en offset. Elle est utilisée depuis
de nombreuses années pour la personnalisation en noir et blanc de documents
pré-imprimés en offset. Toutefois, sa nouvelle aura tient dans le récent
développement des machines d'impression en quadrichromie dont les performances
sont étudiées de manière à concurrencer l'offset sur les petites séries. Mais,
sous le vocable de “machines d'impression numérique”, il existe en fait des
technologies très différentes.
Numérique quadri à jet d'encre
Avec une vingtaine d'unités en fonctionnement en France,
la machine couleur la plus adaptée aux opérations de marketing direct est sans
conteste la Versamark. Conçue par Scitex Digital Printing, société rachetée en
janvier dernier par Kodak, cette machine est issue du savoir-faire du
constructeur en matière de fabrication de têtes à jet d'encre piézo-électrique
utilisées dans le cadre de la personnalisation de documents pré-imprimés. «
Nous estimons à plus de 5 000 le nombre de nos systèmes installés dans le monde
sur ce type d'impression », avance Laurent Mathieu, directeur des ventes France
des machines Versamark. Par rapport aux autres offreurs de solutions
numériques, ce constructeur a misé sur le haut rendement, quitte à rogner sur
la qualité du rendu visuel. Ses modèles arrivent à imprimer 300 mètres à la
minute en noir & blanc et 150 mètres à la minute en couleur. L'offre Versamark
comporte trois gammes de machines. La Jet Black, lancée il y a huit mois, très
rapide, elle travaille à une cadence allant jusqu'à 1 500 pages à la minute et
répond plutôt aux besoins d'impression de documents de gestion transactionnels.
La gamme Vantage imprime en noir et blanc, avec ou non plusieurs couleurs
d'accompagnement, ainsi qu'en quadrichromie. Sa cadence monte à 2 000 pages
minute. Quant à l'Ultra, elle a été conçue pour pouvoir travailler en quadri
sur de très gros volumes, jusqu'à 50 millions de pages par mois en
fonctionnement continu. Les machines Versamark offrent des résolutions de 300 x
600 dpi, contre 2 400 x 2 400 en offset. Ce qui correspond à une taille de la
goutte d'encre de 45 picolitres (1 picolitre = 10 - 12 litres). A l'occasion de
la Drupa 2004, le salon international de l'impression qui a lieu à Düsseldorf
du 6 au 19 mai, un nouveau modèle Versamark sera présenté avec un niveau de
résolution de l'ordre de 1 200 x 600 dpi, avec une taille de gouttes de 15
picolitres.
Impression toner à encres liquides
Seule
à utiliser des encres liquides, la machine laser Indigo offre un encrage
uniforme sur la feuille, d'une épaisseur de 1 à 2 microns contre 6 à 7 microns
avec les technologies de machines laser munies de toner à poudres. Les
équipements de cette marque, qui a intégré le giron de Hewlett Packard en avril
2002, travaillent avec des alimentations en feuille à feuille ou en bobine.
Trois modèles répondent aux besoins de l'impression destinée aux opérations de
marketing direct. Bien adaptée aux gros volumes et à un fonctionnement en
continu, la W3200 imprime à la vitesse de 8 000 A4 à l'heure en sept couleurs.
Cette machine a été lancée sur le marché en mars 2003. Alimentée par bobine,
elle arrive à imprimer jusqu'à 3 millions de pages en quadri par mois. La 3050,
travaille à des cadences moindres, mais son prix d'achat l'est aussi. Quant à
la WS 4000, elle est destinée à imprimer sur des substrats divers et variés. «
Pour les opérations de marketing qui veulent sortir des sentiers battus, cet
équipement offre de nouvelles possibilités. Elle a ainsi permis de réaliser des
enveloppes en plastiques de couleur argent et personnalisées pour relancer les
clients d'un constructeur automobile de modèles haut de gamme à raison de 4
000 exemplaires ciblés », note Philippe Govart, directeur marketing de
Hewlett-Packard Indigo B.V.
Impression basée sur l'électrophotographie
Les presses numériques, basées sur la
technologie de l'électrophotographie à toner utilisée sur les copieurs,
fonctionnent à des vitesses moindres mais permettent une personnalisation
optimale de chaque page puisque l'image imprimée est écrite avec un laser à
chaque tour. Ce type de presse connaît aujourd'hui un fort développement,
surtout sur les machines du constructeur Xerox. « Fruit de cette effort de
recherche, l'iGen3, la dernière-née de sa gamme DocuColor, imprime jusqu'à 6
000 A4 recto par heure avec une résolution de 600 x 600 dpi. Elle accepte des
papiers dont le grammage varie de 60 à 300 g/m2. Le principe interne de la
machine a été totalement repensé », indique Pascale Ripoll, responsable du
programme iGen3. L'image est directement développée sur une bande
photoréceptrice en une seule passe pour les quatre couleurs. L'encre en poudre
est déposée sur cette bande à la manière d'un nuage. Décollée de la bande grâce
à des ultrasons, l'image vient ensuite se déposer sur le support à imprimer.
Pour cette machine, Xerox a déposé plus de 350 brevets. Le principe du
transfert acoustique permet d'utiliser du papier de différents grammages et
finitions. Surtout, la vitesse d'impression reste constante quel que soit le
support. L'iGen3 n'a pour l'instant été vendue qu'à huit exemplaires sur
l'Hexagone. Xerox, qui a créé son entité art graphique en 2000, a dorénavant
une gamme assez étendue de modèles. La série Docutech imprime en noir et blanc
les données variables par repiquage. La série Docuprint va plus loin dans la
prise en compte des variables, avec ou non une couleur d'accompagnement
supplémentaire au noir & blanc. Les modèles Docucolor sont quant à eux dédiés à
l'impression quadri et travaillent selon leur taille entre 45 et 100 pages à
la minute. Il y en a plus de 10 000 installées dans le monde dont environ 800
en France. Les machines numériques d'Heidelberg, connues sous le nom de
Digimaster et Nexpress selon qu'elles impriment en noir et blanc ou en couleur,
sont également basées sur la technologie des toner à encre sec. Un tambour
réalise le report de l'image sur un blanchet qui se retrouve ensuite en contact
avec le support introduit par un troisième cylindre. Les trois modèles de la
gamme couleur offrent les mêmes cadences, à savoir 2100 A4 recto-verso à
l'heure. Elles sont dotées d'un processeur pour le traitement des données.
Heidelberg ayant décidé de se recentrer sur son métier de base qui est
l'offset, l'ensemble de ses modèles numériques sont repris par Kodak. Ce
dernier a signé en mars dernier une lettre d'intention de rachat des parts
qu'Heidelberg possédait dans la joint-venture Nexpress détenue jusqu'à présent
à parts égales par les deux protagonistes. La position du repreneur n'est pour
l'instant pas clairement affichée. Reste que, s'agissant de l'impression
numérique, les imprimeurs se retrouvent avec le choix de trois gros acteurs
américains.