Cadeaux : une nouvelle réglementation
Une nouvelle réglementation vient de modifier sensiblement le paysage des dispositions afférentes aux cadeaux ou aux primes. En effet, la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades a non seulement renforcé la réglementation afférente aux cadeaux offerts aux médecins, mais également aux professionnels de santé.
Ce nouveau texte de loi s'inscrit à la suite des différentes mesures
aujourd'hui visées à l'article L. 4113-6 du Code de la santé publique et qui
entend sensiblement renforcer les modalités selon lesquelles les médecins se
voyaient interdire l'offre d'avantages quels qu'ils soient. Cette
réglementation est plus particulièrement dédiée aux opérations destinées à
cette cible, mais également au business to business. Elle vient dès lors en
complément des dispositions traditionnelles applicables aux différents cadeaux,
quelles que soient les personnes à qui ils sont offerts.
Les nouveautés
Il était déjà interdit, depuis la loi anti-cadeaux de
1993, d'offrir aux membres de professions médicales des avantages, en nature ou
en espèces, sous quelque forme que ce soit, d'une façon directe ou indirecte,
procurés par des entreprises assurant des prestations, produisant ou
commercialisant les produits pris en charge par les régimes obligatoires de
sécurité sociale. Deux exceptions permettaient toutefois de ne pas tomber sous
le coup de sanctions pénales particulièrement lourdes : la perception
d'avantages concernant des activités de recherches scientifiques ou bien encore
l'hospitalité pour des manifestations à caractère professionnel et
scientifique. Toutefois, des contraintes particulièrement strictes devaient
être respectées puisqu'un contrat devait être établi et soumis pour avis à
l'ordre des professionnels. Aujourd'hui, la loi du 4 mars 2002 a complété
sensiblement ces dispositions. Désormais, l'interdiction de recevoir les
avantages s'étend également aux différents acteurs de la politique
institutionnelle de la santé, tels que les experts ou collaborateurs
occasionnels, scientifiques, de différentes agences, telles que l'Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, celle de Sécurité
Sanitaire des Aliments ou bien encore celle d'Accréditation et d'Evaluation
dans le Domaine de la Santé. De même, les professionnels de la santé, tels que
les infirmiers, pédicures-podologues, orthophonistes ou orthoptistes ou bien
encore les masseurs-kinésithérapeutes, devront également, en cas de perception
d'avantages, communiquer les conventions à leur conseil professionnel. Or, de
tels textes doivent être connus par tous les laboratoires pharmaceutiques, mais
également par toutes les agences de publicité spécialisées dans ce secteur et
ce, compte tenu des sanctions particulièrement lourdes qui peuvent être
prononcées. Ces sanctions peuvent être de deux ans d'emprisonnement et de 75
000 euros d'amende dans le cas des personnes physiques, sachant que, pour les
entreprises, les peines peuvent aller jusqu'à 375 000 euros assorties de
sanctions, telles que la fermeture provisoire ou définitive de l'établissement
ou l'interdiction provisoire ou définitive de soumissionner à des marchés
publics. En effet, désormais, les médecins ou professionnels de santé ne sont
pas les seuls susceptibles d'être sanctionnés puisque les entreprises
elles-mêmes proposant ces avantages prohibés seront directement passibles de
sanctions. Enfin, des sanctions qui seraient prononcées à l'encontre de ces
entreprises seront portées à la connaissance du Comité économique des produits
de santé. Dès lors, appréhender les principales règles afférentes aux cadeaux
et aux professionnels de santé s'avère un axe majeur de toute entité de
marketing effectuant du business to business.
Côté business to business
En effet, s'il est généralement acquis que les offres de
cadeaux sont beaucoup plus libres dans le domaine du business to business, la
loi anti-cadeaux vient rappeler très clairement que des règles précises
existent. L'illustration de cette loi du 4 mars 2002 le confirme. Par ailleurs,
d'autres dispositions encadrent les offres de cadeaux, destinées aux
professionnels. Pour mémoire, l'ensemble des risques liés au droit de la
concurrence existe. En effet, il convient que, par le biais des avantages
offerts, une entreprise ne bénéficie pas de conditions privilégiées par rapport
à d'autres professions. Sur ce point, la loi NRE (1) a clairement énoncé qu'il
convenait, lors de l'octroi de tels avantages, de disposer de justifications
corroborées par des justificatifs écrits. De même, côté pénal, des règles,
également spécifiques, encadrent les offres de cadeaux ou d'avantages
concernant le business to business. Pour rappel, il convient d'éviter de tomber
sous le coup des dispositions, telles que la corruption qui, ces derniers
temps, a de plus en plus été évoquée dans les différents médias. La
réglementation des cadeaux ne s'arrête pas uniquement à la réglementation
dédiée aux offres destinées aux consommateurs (2) qui, comme chacun le sait,
sont strictement encadrées par le Code de la consommation et généralement
interdites. En effet, des dispositions particulières et complexes existent
également, concernant les professionnels amenés à recevoir des cadeaux ou des
avantages. Des règles complexes puisque diffuses dans le cadre du droit de la
concurrence et du droit contractuel, mais également de dispositions telles que
celles sur la corruption, l'Urssaf... (1) Cf. "Du côté des tarifs", Marketing
Direct n° 62, février 2002. (2) Cf. "Du côté des primes et des cadeaux",
Marketing Direct n° 39, septembre-octobre 1999.
En bref
En fonction des acteurs à qui sont destinés des cadeaux, des dispositifs spécifiques peuvent s'appliquer, comme l'illustre largement la loi anti-cadeaux. Par conséquent, avant tout lancement d'une campagne de publicité destinée aux professionnels, il convient : - d'identifier les acteurs à qui sont destinés ces cadeaux, consommateurs et/ou professionnels, - d'examiner s'il existe une réglementation spécifique s'agissant des professionnels, - d'examiner les modalités contractuelles liées à l'offre des cadeaux, - d'examiner la faisabilité même de l'offre de cadeaux.