Un moins un égal trois
«Dans le monde physique, lorsqu'on donne quelque chose, on le perd. 1-1 =
0. Dans le monde de l'information, 1-1 = 2. On garde l'information, mais on la
transmet. Avec Internet, non seulement on transmet l'information, mais en plus,
toutes les idées qui découlent de cette transmission s'ajoutent et se
partagent. On partage ce qu'on a donné : 1-1 = 3. » Dominique Beaulieu, associé
de Valoris voit dans le viral, malgré sa formulation négative, un événement
totalement novateur pour peu qu'on respecte quelques règles. S'adresser à un
terrain favorable, tout d'abord, en affinité avec la cible. Jouer sur la mode,
l'air du temps. Mais il faut respecter ceux à qui on s'adresse, sinon le
réflexe communautaire de rejet est immédiat. Exemple de réussite d'un projet
viral : la montée en puissance du système d'exploitation Linux qui résulte
d'une fronde contre un monopole. « Avec aussi l'idée qu'il n'y a pas que
l'argent dans la vie, qu'on peut contribuer à un projet par défi »,
précise-t-il. Il met également en avant l'idée d'auto-organisation. Avec la
métaphore du carrefour européen. Face à un croisement de routes, trois
solutions : ne rien faire, et les gens attendent leur tour. Mettre des feux
rouges, mais les flux ne sont pas régulés. Ajouter des capteurs afin de régler
l'extinction et l'allumage des feux en fonction du trafic. Ça marche, mais ça
coûte cher. Et enfin, construire un rond point, et la circulation se règle par
auto-organisation. En fait, le recours au réflexe communautaire est plus
efficace. Pour Dominique Beaulieu, le viral permet d'agréger la demande. Trois
exemples. Les groupements d'achats du type "Clust.com", qui permettent de
réunir une communauté d'intérêts permettant de négocier des prix. Certains
sites de designers, qui proposent un produit au stade de prototype et
s'engagent à le fabriquer si la demande est suffisante ; et enfin, d'autres
sites où les internautes exposent leurs idées sur de nouveaux produits
n'existant pas encore. Un interphone/répondeur par exemple permettant de
laisser un message en l'absence des occupants. Et si la demande suit, un
industriel s'engage à le fabriquer. Le viral, une idée à creuser !