Son et image pour la Cité de la femme
Dans une surenchère de mégamagasins, les marques sont entrées dans tout Paris. Elles occupent en force la rue de Rivoli. Très récemment, Etam y a emménagé dans un superbe bâtiment. Avec pour atout de connaître la musique et d'offrir du son sur mesure.
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Les tyrannosaures des marques se livrent un combat sans merci à grands
coups de mégastores. H & M, Zara, Gap ont étendu implacablement leur territoire
aux plus belles places de Paris. C'est au tour d'Etam d'investir un ancien
bâtiment prestigieux de La Samaritaine. La marque française, créée en 1916,
spécialiste de la lingerie féminine, diversifie ses gammes de produits et
s'installe dans 4 250 m2 sur sept étages. Le pari est audacieux car son image
n'est pas des plus branchées. Mais Etam a su jouer de certains atouts
novateurs. Elle a ainsi demandé à l'agence Sixième Son de lui créer une
identité musicale sur mesure pour son mégamagasin, baptisé "La Cité de la
femme". « La multisensorialité constitue une extension inévitable des
territoires d'expression des marques. Elle est devenue possible depuis que le
design graphique est parvenu à maturité. Les entreprises sont à peu près toutes
à armes égales dans ce domaine. Dorénavant, pour assurer le professionnalisme
et la qualité de leur communication, elles vont s'efforcer de trouver de
nouvelles valorisations et de développer leurs signes distinctifs. Le design
musical en fait parti », explique Michaël Boumendil, le chef d'orchestre de
Sixième Son. Finis les matelas sonores au kilomètre, "la musique d'ameublement"
prédite par Erik Satie, les bûcheronneries sonores ou la radio à "donf". A la
Cité de la femme, des mises en scène musicales ponctuent les différents
espaces. Tout au long de la journée, un ordinateur central diffuse en boucle et
sur un mode aléatoire. Une quinzaine d'heures de programme a été composée. Ces
créations seront renouvelées au rythme des saisons et des lignes.
Différenciation
« La Cité de la femme est l'étendard
international, la quintessence de notre marque à Paris, la capitale de la mode.
Nous posons-là un acte de différenciation majeur par la qualité du lieu et de
notre offre qui s'adresse exclusivement à la femme, y compris à la très jeune
avec notre nouvelle gamme Tamy qui vise les filles de neuf à seize ans. Dans ce
magasin hors format, nous montrons le dynamisme de l'ensemble de notre
savoir-faire. Et pour cela, nous avons voulu faciliter le repérage des
collections à nos consommatrices en leur proposant des accompagnements sonores.
Nous avons aussi souhaité suggérer l'univers de la féminité par l'agrément et
l'originalité de l'identité sonore », explique Michel Cohen, directeur
marketing Europe d'Etam. Ainsi, les marques viendront-elles à se soucier du
plaisir d'achat de leurs clients en leur manifestant une attention auditive
particulière ? « La création d'identité musicale est un nouveau métier qui
entre dans la stratégie de la marque. Elle acquiert une légitimité d'outil de
communication, de création et de production appliquées à la marque. Etam nous a
ainsi donné carte blanche pour définir le message et élaborer le contenu
créatif. Nous avons conçu des repères sonores comme un jeu dans l'espace avec
ses volumes et ses formes. Dans cette idée de théâtralisation du lieu de vente,
nous avons travaillé avec des mots-clefs. Et nous avons créé des ambiances
musicales qui suscitent des impressions de plaisir et de confort tout en
soulignant l'univers des produits », poursuit Michaël Boumendil. Actuellement
les compilations de lieux sont en vogue, hôtel Costes, Budha Bar, Alcazar,
Colette... Etam suit à sa manière. Et dans cette drôle de guerre d'occupation
de terrain que se livrent les marques, la rentabilité au m2 est soumise au rôle
de l'achat-divertissement, le retail-entertainment comme le nomment les
Anglo-Saxons. Le son sur mesure devient donc un nouvel enjeu. Peut-être
également pour éviter que les grandes rues parisiennes ne deviennent un
alignement de Carnac des marques aux ambiances indifférenciées.