Société/art/ Les drapeaux flambent…
Que Madonna, flaireuse hors-pair de tendances, mette en lambeaux le drapeau
américain sur la pochette de son dernier album “American Life” ou que Dries Van
Notem, designer de mode, plon-ge une chemise blanche dans un bain de peinture
rouge, couleur de la rébellion violente, dans un happening post “11 septembre”,
ce sont des emblèmes forts de notre bonne vieille société capitaliste qui
brûlent. Ce qui fait d'ailleurs dire à Philippe Gabert, directeur artistique
pour Wolkoff et Arnodin, lors du dernier Com'in 2 de présentation des dernières
tendances visuelles, que « ce siècle débute de manière rebelle ». Le discours
des artistes se repolitise et les codes contestataires refleurissent. De là à
craindre une tendance à la réversibilité, c'est-à-dire à la remise en question
des fondamentaux de nos sociétés, qu'ils soient religieux, moraux ou
scientifiques, il n'y a qu'un pas qu'Alain Rousso, directeur du développement
de Hotshop, agence de design, n'hésite pas à franchir dans son nouveau
semestriel sur le thème de la réversibilité. Ce phénomène correspond, selon
lui, à « une période où nos valeurs arrivent à un point de rupture et de
retournement. Une réversibilité qui, pour le marketing, représente une sorte de
cinquième dimension déchaînée et instable à l'intérieur de laquelle chaque
tendance, chaque marque, chaque certitude peut à tout moment voler en éclats et
sombrer. »