Quelle relation client dans le secteur Assurance ?
RI France et Marketing Magazine se sont associés pour analyser chaque mois un secteur d'activité sur la base d'un modèle normé de la relation client développé par Research International. Après le secteur Banque en mars dernier, qu'en est-il du secteur Assurance ?
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Satisfaction client et Fidélité constituent deux indicateurs
incontournables dans l'analyse de la relation client. Toutefois, ils
apparaissent de plus en plus comme insuffisants dans un contexte où la qualité
des services rendus atteint souvent des niveaux élevés et où parallèlement la
maturité client s'est largement développée. Maintenir son portefeuille clients
devient alors une condition nécessaire mais plus suffisante pour garantir le
succès d'une entreprise. L'originalité du modèle Research International réside
dans sa capacité à aller au- delà de ces deux premiers indicateurs. En effet,
le modèle d'analyse de la relation client développé par Research International
intègre une troisième dimension : la Profitabilité. Aujourd'hui, il est en
effet indispensable pour l'entreprise de développer des relations durables et
profitables avec ses clients. Sur la base de recherches et d'expérimentations
conduites tant aux Etats-Unis qu'en Europe, Research International a défini
deux indicateurs normés qui caractérisent la qualité de la relation client
instaurée. Est considérée comme de bonne qualité, une relation client qui
s'inscrit dans une dynamique de développement : augmentation de la part de
portefeuille, souscription à de nouveaux services, accroissement de l'usage,
montée en gamme… autant de dimensions qu'il convient d'intégrer aujourd'hui
dans nos analyses. Les deux indicateurs mesurés par Research International
sont ainsi : * Index Cross-sell / ventes croisées, * Index Up-sell / montée en
gamme. Ces mêmes études ont également permis de démontrer qu'il existe une
corrélation forte entre la qualité de la relation client et la nature de la
relation instaurée. En effet, une relation basée uniquement sur des dimensions
fonctionnelles est moins à même de générer une relation client forte et
durable, qu'une relation client basée à la fois sur des dimensions
fonctionnelles et sur des dimensions émotionnelles. La dimension fonctionnelle
de la relation correspond à “ce que j'obtiens en tant que client” alors que la
dimension émotionnelle relève de “ce que je ressens en tant que client”.
Research International a ainsi créé 2 indicateurs normés pour qualifier la
nature de la relation client selon ces 2 dimensions : * Index fonctionnel *
Index émotionnel Chacun de ces indicateurs étant calculé à partir de 4 items.
Le modèle Research International calcule ainsi, pour chaque client interrogé, 2
scores selon la nature de la relation avec son fournisseur : un score
fonctionnel et un score émotionnel. Premier constat : quel que soit le secteur
d'activité et quel que soit le pays (USA, UK, France), il existe extrêmement
peu de clients ayant une relation basée sur un émotionnel fort (score
émotionnel élevé) alors même que le fonctionnel n'est pas satisfait (score
fonctionnel faible). Le secteur de l'Assurance en France ne déroge pas à cette
règle : ils ne sont que 1 % à qualifier leur relation avec leur assureur IARD
comme étant satisfaisante d'un point vue émotionnel alors qu'elle ne l'est pas
d'un point de vue fonctionnel.
Le secteur Assurance français
L'étude on line réalisée en France par Research
International montre une répartition des clients IARD, selon leur satisfaction
sur les dimensions fonctionnelles et émotionnelles, globalement en phase avec
celle observée le mois dernier sur le marché bancaire. Les différences
observées sont en faveur de l'Assurance : on observe un taux plus faible de
clients présentant des scores fonctionnels et émotionnels faibles puisqu'ils ne
sont “que” un tiers dans l'Assurance (contre 45 % en Banque). Cet avantage se
répercutant tant sur les clients ayant une relation uniquement fonctionnelle
(score fonctionnel fort mais score émotionnel faible : 38 %) que sur les
clients ayant une relation fonctionnelle et émotionnelle avec leur assureur
(scores fonctionnel et émotionnel forts : 28 %). Malgré les critiques
régulièrement entendues à l'encontre du secteur de l'Assurance, on constate
donc de bons niveaux de satisfaction en IARD avec même pour plus d'un quart des
assurés une véritable relation instaurée avec leur compagnie. Qu'en est-il
alors des potentialités de développement de la relation ? Si les 33 % des
assurés français qui sanctionnent leur compagnie n'envisagent pas pour autant
systématiquement de résilier leur contrat (index de rétention de 57 % du très
probablement à l'inertie qui caractérise ce secteur), on note qu'ils sont très
peu disposés à renforcer leur relation avec leur compagnie (index de cross-sell
de 12 % et index d'up-sell de 3 %). Satisfaire ses clients sur les dimensions
fonctionnelles (bonne qualité de la prestation fournie) permet d'accroître
largement l'index de rétention : + 25 points (de 57 à 82 %). Mais plus
faiblement les deux autres indicateurs de profitabilité : index de cross-sell +
13 points (de 12 à 25 %) et index d'up-sell + 4 points (de 3 à 7 %). On
n'observe un véritable accroissement de ces deux index qu'auprès de clients
satisfaits tant sur les dimensions fonctionnelles qu'émotionnelles : l'index de
cross-sell atteint alors 49 % et l'index d'up-sell 23 %.
Exemples de relations clients fortes et durables
Les mutualistes (Macif,
Maïf, Matmut, GMF, MMA…) apparaissent comme un exemple intéressant de relations
clients forgées sur d'autres dimensions que la seule qualité de la prestation.
En effet, les assureurs mutualistes se distinguent encore pour la plupart par
des positionnements spécifiques voire militants, par un “corporatisme” affiché
voire revendiqué. Dans ce contexte, nous ne sommes pas surpris de compter au
sein de leur portefeuille un tiers de clients présentant des scores
fonctionnels et émotionnels forts (alors qu'ils ne sont que 16 % au sein des
portefeuilles clients des grandes compagnies). Sans vouloir dévoiler des
informations confidentielles, notons qu'un des acteurs mutualistes du marché
peut se prévaloir de compter au sein de sa clientèle, la moitié de ces clients
si précieux ! Il s'agit alors, pour ces compagnies, d'un véritable capital
clients, dans la mesure où plus que les autres, ceux-ci déclarent “être
intéressés si leur compagnie propose un nouveau service”, “dire du bien de leur
compagnie à leurs amis, à leur famille”… Mais aussi “qu'ils continueraient à
être clients de leur compagnie, même si elle rencontrait des problèmes”.
Parallèlement, on observe que ces mêmes clients déclarent “se sentir
respectés”, “avoir conscience de ce que leur compagnie peut leur apporter”, “se
sentir proches d'elle”. Nous pouvons alors envisager plusieurs hypothèses pour
tenter d'expliquer les très bonnes performances de ces compagnies : un ton
différent dans la relation au quotidien, une véritable transparence, des
valeurs communes… Autant d'hypothèses où seules des analyses spécifiques par
acteur pourraient nous éclairer sur les leviers ayant permis l'émergence d'une
relation émotionnelle, dont ces entreprises recueillent les fruits.
Modèle RI Index de profitabilité
(chaque index correspond à un pourcentage d'agrément calculé à partir de plusieurs items). - Index de Rétention : propension à rester client - Index Cross-sell : propension à souscrire à de nouveaux produits ou services - Index Up-sell : propension à monter en gamme Index de qualité de la relation client (chaque index correspond à une note sur 10 calculée à partir de plusieurs items). - Index Fonctionnel : performance de la relation sur les dimensions fonctionnelles - Index Emotionnel : performance de la relation sur les dimensions émotionnelles