Nescafé descend dans la ville
Depuis l'ouverture de trois cafés pilotes (Paris-Wagram, Val d'Europe en
région parisienne, et Orléans, premier ouvert mi-décembre 2001), plus besoin de
faire chauffer sa kettle pour se préparer un petit noir ! A la suite des
marchés britannique et allemand, la marque prend pignon sur rue dans l'Hexagone
en ouvrant des cafés sur le modèle des coffee-shops à l'anglo-saxonne. Une
stratégie opportune au moment où la consommation hors foyer grimpe. « Si nous
nous comparons à une autre grande marque mondiale comme Coca, on consomme à
travers le monde deux fois plus de canettes de cette boisson que de cafés
Nescafé », pointe Gérard Le Morhédec, directeur de la division boissons Nestlé
France, P-dg de Café Nescafé. La différence ? On boit beaucoup plus de Coca
dans la rue ! Plus chaleureux et cosy que les troquets à la Française enfumés,
exigus et pas toujours très propres, ces salons de thé décontractés
s'inscrivent dans la droite ligne du climat de la campagne "Open Up" et jouent
le rôle d'une vitrine valorisante pour les produits Nescafé. « On goûte le
produit dans un cadre très favorable qui contribue à nourrir la marque »,
observe Andreas Schläpfer, P-dg de Nestlé France. Elaborés en collaboration
avec Publicis, ces lieux de dégustation sont également une rampe de lancement
pour les nouveautés, à l'image des préparations Sweet and Coffee, une nouvelle
gamme lancée fin 2001 dans les linéaires.
Service soigné
Joyau de l'offre, les "spécialités gourmandes" (Cappuccino,
Sweet and Coffee, spécialités glacées) incarnent leur ancrage marketing,
ciblant les jeunes palais habitués aux soft drinks et peu attirés par
l'amertume du café. « Notre coeur de cible porte sur les étudiants entre 18 et
25 ans car les habitudes concernant le café changent lors de l'entrée dans la
vie active », affirme Gilles Bossis, directeur marketing division boissons
Nestlé France. La marque s'est un temps interrogée sur la pertinence d'un
positionnement 100 % jeune à connotation "branchée", mais a préféré une
orientation plus grand public. Le succès de la formule auprès des femmes,
notamment à Orléans où elles représentent 70 % des consommateurs, lui a donné
raison. Autre interrogation : fallait-il offrir des produits pour amateurs
éclairés de café, un peu à l'image d'un concurrent plein de vitalité,
Starbucks, ou plutôt jouer la carte de la gourmandise et du plaisir grand
public ? Là encore, même logique d'ouverture vers un marché le plus large
possible, en cohérence avec l'ambition historique de la marque. La convivialité
Nescafé ne laisse rien au hasard : la personne qui prépare les cafés travaille
face au consommateur, contrairement aux serveurs des bars classiques officiant
de dos. La carte propose chaque semaine des "Cappuccino de la semaine". Le
service est agrémenté d'un sourire chaleureux et d'un "bonne dégustation". Et
les jeunes mères se voient offrir des petits pots... Nestlé bien sûr ! Autre
service différenciant : un système de précommande avant midi pour les clients
pressés. A côté d'une quarantaine de boissons, la carte, au toucher chaud et
souple, propose tartes, viennoiseries, sandwichs et salades, réalisés sur
place. Source de rentabilité, cette offre contribue à faire grimper le ticket
moyen - de l'ordre de 3,5 euros, (20 à 25 F en province) et de 4,5 euros (30 à
35 F à Paris) - et représente 60 % du CA. Conçus par l'architecte américain
Michele Saae, ces comptoirs accueillent le consommateur dans un cadre spacieux
mêlant verre, bois stratifié dans une palette de coloris brun, rouge et bois
naturel. Le concept est décliné dans trois versions différentes : les corners,
les modèles centre ville et centre commercial, pour des superficies variant
entre 20 et 150 m2. Figure de proue de l'enseigne, le café de l'avenue de
Wagram, offre 90 places sur 200 m2, avec trois espaces de consommation :
comptoir, places assises classiques et lounge (canapés, larges fauteuils et
tables basses). Se familiarisant progressivement avec la culture du service,
Nestlé n'a toutefois pas vocation à gérer en direct la croissance de
l'enseigne. Après la phase pilote de validation et de rentabilisation du modèle
sur une dizaine de succursales, l'inventeur du café soluble (3 600 tasses
consommées chaque seconde dans le monde) devrait en confier le développement à
des franchisés.
CHIFFRES CLÉS
CA Nestlé France en 2000 : 3,9 milliards d'euros, dont 17 % hors domicile. 50 % PDM cafés solubles en France. Formats : de 80 à 150 m2 en centre ville (CA moyen de l'ordre d'1 M€) ; de 50 à 100 m2 en centre commercial (CA moyen de l'ordre de 500 000 euros) ; de 20 à 30 m2 en corner (CA de l'ordre de 150 000 euros). Coût d'aménagement : de 1 500 à 1 800 euros/m2. Horaires d'ouverture : de 8 à 20 heures (du lundi au samedi). Dimanche pour certains lieux d'implantation.