Manière de faire
Autant plus personne n'a d'état d'âme lorsque l'on parle de “senior
marketing”. Ou encore, désormais, de “kid marketing”. Autant le “gay
marketing” n'est plus regardé comme une curiosité, mais de plus en plus
considéré comme une vraie démarche auprès d'un public influent. Autant il est
encore particulièrement délicat, sinon tabou, de parler de “marketing
ethnique”. Tout au moins en France. Comme si l'association de ces deux mots
était particulièrement inconvenante, grossière, voire même scandaleuse. Il est
vrai que tous les sujets touchant, de près ou de loin, au communautarisme ne
laissent pas indifférent. Ségrégation, exclusion, singularisation… sont des
mots qui reviennent souvent lorsque l'on évoque ce sujet, comme autant de
dangers potentiels ou de garde-fous vis-à-vis de cette démarche. Une démarche
forcément mercantile, dans l'esprit de beaucoup. Car, derrière le mot même de
marketing, c'est bien le “business” qui, entre autres, est ainsi visé. Dans une
connotation rarement positive. Combien de fois entend-on ou lit-on dans les
médias “grand public” : “C'est du marketing” ? La plupart du temps, pour
signifier un comportement superficiel, une manipulation, voire une duperie du
consommateur. Le marketing, souvent confondu avec la publicité d'ailleurs, est
ainsi réduit à un artifice, à un “emballage” trompeur… Une image qui ne peut
qu'agacer, à juste titre, ceux qui savent ce que recouvre réellement ce terme.
Et, sans faire de corporatisme, qu'il serait temps d'inverser, même si le
chemin est sans doute difficile. Alors, associer marketing et ethnique est
forcément dérangeant. Et pourtant, qu'y a-t-il de choquant à vouloir répondre à
des besoins spécifiques ? Rien, sans doute. Tout est dans la manière de le
faire. Mais encore faut-il savoir être, comme le dit si justement l'un des
intervenants de notre Enquête, “infiniment subtil, respectueux et connaisseur”.
Pas forcément simple, mais en tout cas une condition sine qua non pour que l'on
ne dise plus, et surtout dans ce domaine, “C'est du marketing”.