Les tendances les plus marquantes
Parmi les tendances observées par Ipsos Observer au cours des cinq dernières années, voici celles qui, pour Rémy Oudghiri, directeur du département “Tendances et Prospective” d'Ipsos, continuent d'avoir un impact sur les modes de vie et de consommation.
Je m'abonneContexte général : un besoin de protection qui reste massif
« Depuis 2001, le climat général en France, et plus
généralement dans le monde occidental, tranche avec l'euphorie des années
Internet. Les consommateurs sont en demande de protection et favorisent les
produits et services qui leur donnent l'impression de se renforcer face aux
agressions du monde extérieur (alicaments, produits enrichis, lounge cafés,…).
Un double sentiment de fragilité quant à l'avenir de la planète et de notre
petit moi s'est installé durablement dans les esprits et rend compte des
évolutions les plus marquantes.
La montée du stress
De facto, le sentiment de pression au travail s'est généralisé au cours des
dernières années. Reflet d'une société de l'urgence où ce qui a été gardé des
années Internet réside avant tout dans la vitesse. La vitesse sans l'euphorie a
donné le stress. Les témoignages sont récurrents sur ce phénomène
d'accélération que certains philosophes ont qualifié de “mobilisation infinie”
: une mobilisation pour la mobilisation sans finalité clairement définie. Le
phénomène nouveau, que nous observons dans nos études les plus récentes, réside
dans le fait que le stress s'installe de plus en plus tôt. La parenthèse de la
vie étudiante est en fait de plus en plus vécue comme stressante et, dès le
lycée, la proportion de ceux qui se disent “stressés” s'avère non négligeable.
La nostalgie de l'enfance se développe et cette régression traduit le réflexe
de fuite d'adolescents ou de jeunes adultes qui refusent de sauter le pas. Le
discours technologique s'est d'ailleurs adapté à ce nouvel esprit. Après les
années de la grande foire aux innovations, le ton s'est assagi et humanisé.
L'ère est à la simplicité et l'on voit même certaines marques se positionner en
véritables acteurs de la quête du sens.
La demande de proximité
Autre tendance importante : la recherche de modèles plus
proches des individus. Si les stars ou les personnalités continuent de fournir
des modèles aux adolescents, la demande de modèles accessibles survient très
jeune. Par exemple, 45 % des jeunes de 15 à 30 ans citent “les gens que je
croise dans la rue” comme étant le type de personnalité les influençant pour
leur look, leurs vêtements ou leurs habitudes de consommation. Ils sont 23 %
seulement à citer les chanteurs ou les musiciens. Autre tendance : le “no
model”. Environ 38 % des jeunes d'aujourd'hui ne se reconnaissent dans aucun
type de modèle. Un chiffre qui traduit l'épuisement des modèles consacrés.
Une nouvelle attitude face aux marques
No model, no
logo… “Déconsommation”, transfert des grandes marques vers les marques 1er prix
: l'année 2004 a montré la fragilité et révélé les limites du marketing
contemporain. Les consommateurs sont de plus en plus lassés par l'innovation.
Cette dynamique n'épargne aucune catégorie de la population. Une grande
constante dans nos études au cours de ces dernières années réside dans la
montée des indicateurs témoignant d'une réserve critique à l'endroit des
marques. Le consommateur se détache, il devient plus vigilant. Un des grands
enjeux des années à venir sera de redéfinir les conditions d'une relation
assainie et confiante entre le consommateur et les marques. Chez les
consommateurs les plus jeunes, cela passe sans doute par un développement de
nouvelles techniques de marketing événementiel et par la création d'un lien
avec la marque qui ne soit pas purement marchand. Chez les plus âgés,
l'innovation doit redevenir ce qu'elle est à l'origine : la solution à un
problème latent et persistant. En un mot : la simplicité. »