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La presse se dessine un futur

Réunis à l'occasion des Ateliers?«La presse au futur», les éditeurs ont exposé leur vision de la presse de demain. Au coeur de la révolution: le digital.

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Comme souvent concernant l'avenir de la presse écrite, en crise depuis les années quatre-vingt-dix, les débats confrontent les partisans de l'optimisme et les pessimistes convaincus. Pour les uns, le secteur est en constante mutation et devrait trouver un modèle économique gagnant. Pour les autres, les coûts et structures de ce vieux média en font un acteur peu impliqué dans la révolution numérique. Réunis à l'occasion des ateliers «La Presse au futur», de nombreux éditeurs ont pu faire valoir leurs idées sur le sujet et prendre part à des échanges passionnés. Premier signe encourageant, la publicité repart à la hausse, après une période noire de pertes abyssales.

Les tablettes ont le vent en poupe

Deuxième axe d'optimisme, le numérique, évolution inévitable du média, représente, selon Matthieu Aubusson, associé de PricewaterhouseCoopers, un vrai levier de croissance dans les cinq ans à venir. « En 2014, le numérique représentera 10 % des revenus publicitaires, soit 4 % des revenus des groupes de presse dans cinq ans. » D'ici là, le maintien des coûts est prioritaire. Le virage de l'Internet est plus ou moins serré pour les éditeurs qui déclinent leur offre sur la Toile. Enfin, la mobilité est un espoir important pour le secteur, avec l'avènement des iPad et autres tablettes numériques. « Pas moins de 14 millions d'iPad se sont vendus dans le monde et 60 millions seront écoulés en 2012. Cela a le mérite de réintroduire un modèle payant », argue Matthieu Aubusson. Ces nouveaux outils constituent, sans aucun doute, un relais de croissance, même si peu de titres ont encore franchi le pas. Face à de tels enjeux, certains éditeurs ont choisi d'apporter une réponse collective. « La naissance du GIE E-Premium presse, vise à absorber les coûts de cette diversification à plusieurs, afin d'être en position de faire de l'audience face à des géants comme Google et dagréger des contenus via une plateforme », explique Laurent Bérard-Quélin, directeur général de la Correspondance de la presse. La presse locale suit le même schéma. Les initiatives de mutualisation se multiplient. « Plusieurs titres de presse régionaux se sont rassemblés dans un GIE Web 66, pour proposer des offres publicitaires communes, mais aussi des sites dédiés et récemment une application iPad sur la presse régionale », résume Olivier Bonsart, directeur délégué d'Ouest France. Dans le même esprit, Jean-Pierre Vittu de Kerraoul, vice-président du SPHR (Syndicat de la presse hebdomadaire régionale) a évoqué le lancement d'un site générique permettant à de petits acteurs de se lancer dans la révolution numérique.

La force du contenu

Si les supports changent, les écrits restent. « Est-ce que le Web a tué le journal? Non, bien sûr. Pour preuve, le taux de lecture des quotidiens reste le même. En revanche, le modèle économique de l'information payante a changé », explique Olivier Bonsart. Exit le temps où l'on servait une seule information à un public unique. « La presse évolue vers la diffusion de différents messages, sur différents supports pour différents publics », affirme Philippe Thureau-Dangin, président de Courrier International. Ce qui reste immuable en cette période de questionnement, c'est le respect des valeurs de la marque, celles qui poussent les abonnés à payer pour un contenu de qualité. « Augmenter la valeur perçue », tel est l'enjeu salutaire des prochaines années, conclut Bernard Petitjean, directeur associé de Seprem.

L'iPad, nouvel eldorado de la presse?

Un journal d'information uniquement sur tablette numérique? Rupert Murdoch s'y emploie en ce début d'année 2011. Baptisé The Daily ce quotidien dématérialisé sera disponible sous la forme d'une application iPad, au tarif de 0,70 euro par semaine. En guise de réponse, Richard Branson, fondateur de Virgin, annonce la sortie prochaine d'un magazine 100 % iPad, dédié à la culture. Autant d'effets d'annonces qui assurent la publicité de la tablette d'Apple. Et amorcent la bataille que s'apprêtent à se livrer les industriels pour occuper ce nouveau créneau. Depuis son lancement en avril dernier aux Etats-Unis, l'iPad s'est déjà écoulé à près de huit millions d'exemplaires. De quoi aiguiser les appétits d'autres poids lourds de la presse. Mais pour l'instant, le tout payant ne stimule pas les foules. Par crainte de voir leur audience chuter, de nombreux journaux ont préféré un modèle mixte, mêlant gratuit et payant. C'est le cas du Figaro, qui s'appuie sur une stratégie freemium pour son site et pour l'iPad. Par ailleurs, Le Point transfère l'intégralité du contenu du magazine papier sur l'iPad. Une manière d'amorcer le virage numérique.
Damien Grosset

Marie-Juliette Levin

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