Jean-François Gallemard
Coopérative d'opticiens, Visual devenue SA, lance un ambitieux programme de développement avec le soutien financier de Natexis Investissement. Objectif annoncé : l'ouverture, sous forme de filiales, d'une quarantaine de magasins de la vue dans les métropoles régionales et dans la capitale. Les explications de Jean-François Gallemard, directeur général de l'enseigne.
Pourquoi et comment s'est opéré le changement de structure ?
Depuis deux ans, nous avons entamé une reflexion autour d'un
projet de croissance pour l'enseigne. Compte tenu de l'évolution du marché et
du poids de nos concurrents, il était évident que nous ne pouvions plus être
absents des 100 premières villes de France. Pour financer notre projet de
développement, il a fallu trouver un partenaire et modifier la structure
juridique de l'entreprise. Aujourd'hui, Natexis Investissement nous apporte une
enveloppe globale de 20 millions de francs et la coopérative est devenue un SA.
Pour cette opération, la marque Visual a été valorisée à hauteur de 25 millions
de francs. Une valorisation qui s'est effectuée en tenant compte de résultats
économiques des points de vente. Par ailleurs, nous avons proposé à l'ensemble
des opticiens du réseau de devenir des actionnaires directes de la marque. Sur
210 comptes, 65 opticiens ont répondu favorablement, ce qui nous a permis de
lever un peu plus de neuf millions de francs. Ces fonds propres vont financer
le programme de développement de la SA Visual. 200 millions de francs vont être
investis pour ouvrir dans les cinq ans à venir une quarantaine de points de
vente sous la forme de filiales. A l'horizon 2004, notre chiffre d'affaires
devra atteindre 850 millions de francs contre 520 millions aujourd'hui.
Vers quel type de développement commercial vous orientez-vous ?
La priorité est de combler notre retard dans les grandes
métropoles régionales et dans la capitale. En termes de format, nous allons
rechercher des surfaces de vente d'environ 400 m2. Deux pistes s'offrent
généralement à nous, soit les centres villes, soit les centres commerciaux.
Mais le ticket d'entrée sur ces zones peut être très élevé. Pour ne pas aller
au milieu de la guerre, nous sommes en train d'observer une troisième voie, qui
est celle des zones d'activité. Les fameuses boîtes. Face à cette voie, nous
sommes un peu dans l'incertitude, mais le test que nous avons mené à Perpignan
donne des résultats probants pour des coûts qui demeurent acceptables. Par
ailleurs, nous n'excluons pas la possibilité de recourir à des opérations de
croissance externe comme, par exemple, le rachat pur et simple de
"mini-réseaux" régionaux.
Quelles seront les spécificités du nouveau concept de magasins ?
Visual veut créer les magasins de la
vue. Dans leur nouvel environnement, chaque offre, montures de créateurs,
solaires, enfants, etc., disposera d'un espace spécifique et autonome. La
création de cette activité filiale nous a également conduit à nous poser des
questions sur notre politique d'assortiment et de prix. Il nous faut simplifier
l'offre, tant en termes de produits que de prix, pour conquérir des
consommateurs qui, aujourd'hui encore, ne franchissent pas les portes d'un
magasin d'optique alors qu'ils ont besoin de lunettes.
L'avenir ?
Nous avons, avec notre partenaire financier, établi un plan sur
cinq ans. Au terme de ce délai, si la croissance et la rentabilité sont au
rendez-vous, bref si l'ensemble des paramètres sont réunis, comme nous le
pensons, nous envisageons d'introduire le groupe en Bourse.