Français et médias: vers une diversification des usages
Deux grandes familles de médias, deux évolutions différentes. Un point commun cependant: l'intérêt croissant que leur portent les Français. C'est l'un des enseignements de Media in Life, l'étude publiée en mars dernier par Médiamétrie. D'un côté, les médias dits «classiques» (télévision, radio, presse et cinéma) restent les chouchous des Français, mais progressent peu. Et pour cause, ils touchent déjà 99,2% de nos concitoyens dans leur journée. Largement dominés par la télévision, leur marge de manoeuvre est toutefois très faible, victimes de leur propre succès. Face à eux, Internet et les loisirs numériques (jeux vidéo, musique, vidéo et téléphone mobile) continuent de croître. Sur une journée type, plus de 43 % des Français ont utilisé Internet en 2008 (contre 25 % en 2005), et 72,4 % ont pratiqué au moins un loisir numérique (contre 61,5 % en 2005). C'est dire si ces nouveaux supports disposent d'un potentiel de développement conséquent!
Comme le souligne Sylvain Bethenod, directeur Télécoms Cinéma et Comportement chez Médiamétrie, «ils contribuent nettement à élargir le territoire médiatique». Cette multiplication des supports est à l'origine de l'explosion du nombre de «contacts médias» par jour et par personne, c'est-à-dire l'exposition à un média durant 15 minutes dans la journée (donc 30 minutes passées sur un même média équivalent à deux contacts). Médiamétrie en a dénombré plus de 38 par jour et par personne, tous médias confondus. Soit une augmentation de 13,9 % par rapport à 2005. «Les médias escortent les Français du matin au soir, et dans toutes leurs activités», souligne Sylvain Bethenod.
Utilisation «en solo»
Manger ou faire le ménage en téléphonant sont des exemples de combinaisons d'activités courantes. Mais tous les médias ne sont pas logés à la même enseigne. La télévision se révèle ainsi le média exclusif par excellence. A l'inverse, Internet laisse le champ libre pour cumuler d'autres activités comme téléphoner ou écouter de la musique. Cette spécificité s'inscrit dans une tendance dont l'ampleur s'accroît d'année en année: l'utilisation d'un média pour accéder au contenu produit par un autre. En effet, près d'un Français sur cinq écoute la radio, regarde la télévision, lit la presse, ou encore joue aux jeux vidéo, en dehors du support pour lequel ils ont été conçus. L'iPhone est sans conteste l'un des initiateurs de ce nouvel usage. Il permet, en outre, de faciliter la mobilité et d'apprécier ces nouvelles façons de faire, n'importe où. Désormais médias et loisirs numériques accompagnent 73,2% des Français dans chacun de leurs déplacements. L'un des lieux de prédilection pour trois Français sur quatre (75,5%) est le lieu de travail. Le média qui y est privilégié est la radio (36,3%), suivie de la presse (33,8%) et du téléphone mobile (30,7%) qui a ainsi dépassé Internet (20,7%).
Toutefois, les nouvelles technologies et les pratiques qu'elles permettent conduisent à une individualisation toujours plus marquée de la consommation de médias. En 2008, 39,5% des utilisations de médias se font «en solo» (contre 37,5% en 2006). Là encore, la télévision est la championne toutes catégories, notamment grâce à la TV sur Internet et à la télévision de rattrapage. On peut toutefois s'interroger sur le risque de cannibalisation dont pourraient être victimes les médias au vu de la multiplication des supports. Médiamétrie est formel: «Les nouveaux équipements servent les médias plus qu'ils ne les desservent. Ils ont un effet de caisse de résonance.»
Méthodologie
Etude menée depuis 2005 par Médiamétrie auprès d'un échantillon représentatif d'environ 9 100 panélistes âgés de plus de 13 ans et résidant en France métropolitaine. elle s'est déroulée sur deux périodes: en janvier- février, puis en septembre-octobre.