Renouveler le marketing
Quand on s'adresse aux jeunes, l'un des leitmotivs, c'est savoir renouveler son approche marketing et détourner les genres. Les différents systèmes promotionnels peuvent très bien marcher pour peu qu'on ait su en revoir la création et l'adapter aux nouvelles technologies.
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La cible des jeunes se distingue aussi par des contrastes puissants qui
tiennent à l'univers de références qu'ils se sont choisis. Dans le livret,
édité par l'agence Grrrey ! Marketing Services, on note ainsi qu'ils sont d'une
ambivalence rare. Leur mode de fonctionnement se déterminant en fonction d'au
moins un paradoxe fort : ils rêvent d'être différents (de leurs parents ou de
leurs amis) mais recherchent en même temps à s'inscrire dans une communauté. Ce
qui explique qu'ils mélangent et associent différents styles. De la même façon
que certaines de leurs musiques se sont mâtinées d'influences (la fusion, par
exemple), leurs comportements ont évolué vers un mélange plus subtil et surtout
plus personnalisé. Le mono look n'existe plus. Ils grappillent d'un côté ou de
l'autre des éléments qui appartiennent certes à des tribus identifiées, mais
dont le mélange est le signe revendiqué de leur différence. Ou de leur
marginalité. “La culture jeune prend un malin plaisir à faire ce qui ne se fait
pas, à mélanger des choses qui n'ont rien à voir entre elles”, affirme ainsi
l'enquête menée par le pôle planning stratégique de l'agence Grrrey ! Marketing
Services. C'est ainsi qu'en musique le “sample” fonctionne sur ce même principe
de métissage en proposant des reprises ou des détournements de morceaux connus.
Ce mixage se retrouve dans la communication graphique qui les vise. On détourne
les formes, les objets ou les packagings de leur usage initial. Sur le même
principe, les marques peuvent jouer sur ce qu'on a appelé le marketing du
repli. Lorsqu'une campagne a bien fonctionné, sachant, en particulier, que les
15-25 ans sont sensibles à cette forme de reprise, les marques choisissent de
minimiser les risques en sélectionnant, pour leurs nouveaux produits, de
distiller quelques ingrédients de la campagne précédente. “C'est le contraste,
l'insolite et l'aspect transgressif de telles alliances qui sont appréciés. Le
plaisir est dans le mélange et le détournement des repères consacrés.
L'underground subversif, le détournement sont une garantie de succès auprès des
jeunes”, reprend l'enquête de Grrrey ! Marketing Services.
35 euros d'argent de poche hebdomadaire
Qu'il s'agisse d'un problème
d'optimisation de leur budget (on considère, en effet, qu'un adolescent possède
en moyenne 35 euros d'argent de poche hebdomadaire), ou bien d'un trait de
caractère, propre à cette génération, les jeunes se révèlent friands de bons de
réductions, d'échantillons et de toutes offres qui, d'une manière générale,
leur permettront de tester le produit, en comparant l'argumentaire publicitaire
à la réalité. Mais il faut, encore une fois, renouveler le genre. Le bon de
réduction, que le client peut recevoir intégré à un mailing, n'ayant pas l'heur
de leur plaire. La technologie toutefois est aussi passée par-là. Dans certains
pays européens, au Royaume-Uni notamment, les grands réseaux de distribution
testent ainsi des bons de réduction dont le code barres est envoyé via un SMS
sur le portable du teenager. Le jeune n'a plus ensuite qu'à présenter son
téléphone mobile à la caisse pour bénéficier aussitôt de l'offre discount.
Faute de posséder encore une technologie suffisamment pérenne et fiable, les
bons de réduction ne sont pas légion sur Internet. A moins, bien sûr, que la
marque choisisse de se moquer des fraudes possibles ou du nombre de bons de
réduction présentés par personne. Pourtant, même pour des marques dites
sélectives, cette option peut s'avérer très efficace. Car, ces bons de
réduction remplissent, au moins, une fonction importante : récupérer de
l'information sur ces jeunes consommateurs. Biotherm, qui a lancé une gamme de
produits à destination des 15-25 ans, n'a guère hésité. Lors de la création de
son mini site biovitamin (www.biovitamin-generation-.com), lancé en Espagne et
au Canada, la marque de cosmétiques offrait, à chaque internaute qui acceptait
de remplir une fiche signalétique sommaire (nom, âge, adresse e-mail), un bon
pour un échantillon à aller chercher en magasin. « Par ce biais, nous avons
recruté 25 000 nouvelles adresses e-mails. Nous sommes parvenus à favoriser le
trafic en magasin de jeunes peu coutumiers des produits Biotherm », fait valoir
Anne Browaeys, directrice associée de l'agence FullSIX.
La rumeur qui fait vendre
Certains anciens mécanismes retrouvent même une
véritable cure de jouvence. Pour peu toujours qu'on joue d'un décalage. C'est
ainsi que le bus mailing a été réutilisé par le fabricant de jeans Levi's.
Celui-ci s'est amusé à réutiliser cette forme ancienne de la VPC pour présenter
ses vêtements. La réussite de cette opération tenant, avant tout, dans le choix
de faire appel, non pas à des mannequins, mais à de “vrais individus”, en
l'occurrence des DJ. Et la tendance, un rien rétro ou nostalgique, est
peut-être ce qui explique la renaissance de certaines marques comme Puma ou Le
Coq Sportif. Des marques qui, au départ de leur renaissance, ne bénéficiaient
d'aucune attention médiatique ni d'aucun budget de communication. C'est le
“buzz”, la rumeur autour de ces produits démodés, qui explique leur succès
aujourd'hui. Les jeunes s'accaparant un produit avant, ensuite, de passer le
relais à la génération au-dessus.