Les Postes à l'heure européenne
Même si, jusqu'au 1er janvier 2003, les Postes nationales conservent à l'export leur monopole sur les lettres de moins de 350 g, de nombreux services sont déjà ouverts à la concurrence européenne depuis le 1er décembre 1997. L'occasion de tester les forces et faiblesses des divers opérateurs, nationaux comme privés.
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Pour en savoir plus :
L'acheminement d'un mailing n'est plus si simple qu'il l'était avant 1997. Sur le territoire français, La Poste conserve son monopole et il est interdit de pratiquer le ABA (A pour pays d'origine, B pour pays de transit), c'est-à-dire de capter un trafic local par un opérateur étranger. A l'export, les choses se compliquent. Il faut désormais choisir entre divers types d'intervenants. En théorie, La Poste conserve son monopole sur le courrier export jusqu'à 350 g. Mais en pratique, elle subit la concurrence des opérateurs européens nationaux et de quelques entreprises privées comme DHL ou TNT Mailfast. Ces acteurs travaillent, en fait, en "repostage". La technique consiste à concentrer les flux de courrier sur leur centre principal afin de les redistribuer ensuite vers le pays de destination. Baptisée aussi ABC (A pour pays d'origine, B pour pays de transit et C pour pays de destination), cette technique multiplie les risques de retard et de mauvaise distribution comparativement à un acheminement direct. Son atout : le coût attractif que peuvent pratiquer certains de ces opérateurs. Autre solution offerte : la technique ABB. Le pli prend alors la normalisation du pays B pour mieux s'adapter à la cible et à la stratégie de l'annonceur. Cette solution a l'avantage d'être intéressante financièrement puisque les conditions tarifaires sont celles du pays d'expédition. Mais, bien entendu, elle réclame de la part du prestataire d'importants efforts en termes d'implantations, celui-ci devant disposer de divers dépôts dans tous les pays où il propose cette solution. Côté offres par pays, elles s'annoncent très hétérogènes. La Poste, tout d'abord, se veut très attractive pour les annonceurs des pays européens. Son arme : la simplification des tarifs. Au lieu d'imposer six seuils de volumes de courrier, La Poste a décidé au printemps 2001 de ne plus en proposer que trois, en service prioritaire ou économique, le 10 (environ 500 plis de 20 g), le 30 et le 100 kg. Cherchant également à satisfaire le spectre le plus large de clientèle, elle a lancé en juin dernier une offre mailing destinée aux PME dont le volume d'envois est compris entre 1 000 et 10 000 exemplaires. En parallèle, elle s'efforce de développer les contrats sur-mesure pour répondre aux attentes spécifiques de sa clientèle française comme étrangère. Reste que La Poste n'a pas forcément bonne réputation sur les délais d'acheminement. Alors qu'elle annonce un délai de moins de trois jours sur l'étranger, il arrive que cette durée soit dépassée et que le mailing n'arrive pas à temps. Raison probable : l'application des 35 heures et les conflits sociaux qu'elle a entraînés.
Des offres très variées selon les pays
A chaque pays et
chaque opérateur, ses spécificités. Au Royaume-Uni, Consignia Plc (ex Post
Office) joue depuis plusieurs années la carte du rachat pour s'implanter sur
les divers marchés européens. Par ailleurs, par l'intermédiaire de
l'acquisition de Citipost aux Etats-Unis, cet acteur a pu installer une filiale
outre-Atlantique. Le prestataire est particulièrement connu pour son produit
phare baptisé Mailsort, et destiné tout particulièrement aux gros volumes.
Autre poids lourd sur l'échiquier européen, la Deutsche Post, cotée en bourse
et traitant plus de 11 milliards de mailings adressés et non-adressés par an.
Elle possède pas moins d'une vingtaine de filiales réparties dans le monde,
dont sept aux USA, sans oublier 51 % de l'intégrateur privé DHL et
l'intégralité des services rapides français Ducros. Sa cible principale : les
vépécistes, l'opérateur travaillant déjà avec de gros routeurs français. Quant
aux tarifs appliqués, tout comme pour Consignia, la discrétion est de mise.
Seule certitude : le sur-mesure domine largement son offre. En Hollande, cela
fait bien longtemps que l'internationalisation est en marche. TNT Post Group
(TPG) est présent en France depuis quinze ans et ses tarifs en injection
directe sont connus pour leur grande compétitivité. Au niveau du repostage,
l'acheminement est tout aussi performant dans la mesure où le tri et
l'affranchissement sont effectués correctement en amont par le client. Le MD
représente 70 % de l'activité de la filiale française. TPG a, par ailleurs,
renforcé ses positions en signant en mars 2001 un accord de joint venture avec
deux autres partenaires, Consignia et Singapore Post. Chez Belgium Post Group,
la stratégie se veut plus défensive, l'opérateur étant décidé à rester le n° 1
du marketing direct dans son pays. Il a néanmoins acquis le routeur belge
Intermailing afin de compléter ses services. Une nouvelle filiale, Direct
Marketing, offre des tarifs spécifiques aux gros clients et aux vépécistes qui
peuvent louer également des fichiers très ciblés mis au point par l'opérateur
belge. Pour la Swiss Post International, le monopole est bel et bien tombé
depuis deux ans et l'opérateur a dû s'adapter en simplifiant ses tarifs et en
étendant son réseau de filiales en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie, en
France et aux Etats-Unis. Il a acquis également le marché postal domestique
hollandais de TPG. Autant de moyens pour réaliser des économies d'échelle que
l'opérateur suisse répercute directement sur ses tarifs.