La vie pour culte
Optimiste lucide, Frédéric Herbinet sait s'enflammer pour les nouveaux projets, tout en gardant le sens des réalités. Ce qui explique la longévité, et la rentabilité, de Beweb, sa start-up lancée en 1997. Qu'il compte désormais céder. A la clé : un nouveau projet et, qui sait, sans doute une nouvelle vie.
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Il a la bougeotte et se dope au challenge. Partisan du travail bien fait,
de produits finis, Frédéric Herbinet n'attend pourtant pas l'aboutissement d'un
projet pour relever de nouveaux défis, s'offrir de nouvelles expériences.
Eclectique et endurant, il se fixe autant d'objectifs que nécessaire pour,
surtout, ne jamais connaître l'ennui. Car, aime-t-il préciser, « je n'ai pas
l'âme d'un fonctionnaire ». Son pire ennemi ? « Assurément, la routine. » Cette
répétitivité au ronronnement tranquille lui a fait abréger sa carrière chez
Young & Rubicam. Depuis, il ne cesse de se régénérer par le travail, parfois en
éminence grise dans le domaine du marketing, parfois sous les feux de la rampe
en tant qu'entrepreneur. En 1987, il crée FHC, société de gestion et
exploitation de droits audiovisuels dérivés, puis il rejoint Delatte,
spécialiste de la licence de marques, en tant que responsable du marketing. En
1993, il s'offre une mission plus "fun" dans l'univers jeune et mousseux de la
bière mexicaine et développe la marque Sol sur l'Hexagone. Mission accomplie,
il récidive dans l'entrepreunariat en 1997 en créant l'une des premières web
agencies françaises, Beweb. Disciple d'Internet depuis 1994, il a suffisamment
manipulé le média pour l'estimer à sa juste valeur - « un canal de distribution
planétaire » - et rester lucide face aux hordes d'investisseurs zélés qui se
précipitent chaque jour à son bureau pour lui apporter leur soutien financier.
C'est avec des fonds propres qu'il lance de multiples extensions en ligne :
Biskott, Milkado et Misterprize, toutes dédiées au jeu marketing, toutes
rentables, dotées de bases de données ultra-qualifiées d'internautes invétérés.
Une belle affaire. Qu'il compte pourtant céder. La routine se serait-elle
installée ? Pour sûr, il caresse déjà un nouveau projet. Imaginer cet urbain
branché reconverti, à 36 ans, en maître gastronome dans un relais château ne
serait pas une gageure : loin de se conformer à l'image du start-upper
désabusé, Frédéric Herbinet se révèle un hédoniste hors pair. Un « épicurien »,
de son propre aveu. La cuisine est pour lui un art ! Auquel il s'applique en
amateur du dimanche après son tour du marché. Si, d'aventure, vous le croisez
escorté de chiens, errant parmi les chênaies du mont Ventoux, ne soyez pas
surpris. Car c'est dans la trufficulture, les gîtes ruraux et les bonnes tables
qu'il envisage de se recycler.