La location de véhicules se réinvente sur Internet
Si Internet n'a pas bouleversé le marché de la location auto, il a malgré tout favorisé l'émergence de nouveaux acteurs aux modèles économiques plus ou moins innovants. Tous contribuent à faire évoluer les modes d'usage du véhicule.
Je m'abonne
Jeune, en plein développement, et, déjà, très compétitif. Ainsi se
caractérise le marché européen de la location de voitures. Il se structure, à
partir des années 50, autour de besoins professionnels, puis touristiques,
jusqu'à concerner les particuliers. A titre indicatif, en 2001, 2,5 millions de
Français ont effectué 7,8 millions de locations en courte durée (LCD), selon
Taylor Nelson Sofres. En valeur, cela représente 1,80 milliard d'euros de
chiffre d'affaires généré, en France, par les professionnels de la seule LCD,
hors locations réalisées sur l'Hexagone par les étrangers. Ce qui explique la
récente prolifération d'acteurs sur ce secteur aujourd'hui très morcelé. En
courte durée, il fédère une kyrielle de professionnels aux positionnements et
modèles différents, selon qu'il s'agisse de chaînes internationales, nationales
ou régionales, de franchisés de chaînes ou de loueurs indépendants. La
profusion d'offres disponibles, extrêmement segmentées selon les besoins en B
to B, en B to C, en LLD, en LCD ou en LOA (location avec option d'achat)
témoigne bien, s'il en faut, de la vitalité de ce marché récemment impulsé par
le Net.
L'émergence de nouveaux modèles économiques
Intervenue entre 1999 et 2000, l'entrée en scène de ce média n'a pas
révolutionné le modus operandi des acteurs positionnés sur la longue durée en B
to B. Variables en fonction des volumes de flottes louées, les tarifs y sont
négociés par les forces de ventes, et les devis se font rarement en ligne.
C'est sur le marché des particuliers et en B to B sur le segment des TPE,
qu'Internet a favorisé l'éclosion de nouveaux modèles économiques. Aujourd'hui,
le média s'apparente à un nouveau canal de distribution que les professionnels
de la location ne manquent pas d'exploiter. Sur ce créneau en pleine
ébullition, les modèles et les offres n'en finissent plus de se diversifier.
D'autant que les modes d'usage et d'acquisition d'un véhicule subissent une
profonde mutation : la notion de service s'affirme au détriment de la notion de
propriété. Enjeu commun à l'ensemble des acteurs de ce secteur : coller au plus
près de ces nouveaux besoins voire, anticiper les attentes émergentes. « On se
dirige vers une cohabitation entre l'offre on line qui cible les particuliers
et les TPE, et l'offre traditionnelle des grands loueurs en réseau, encore
majoritairement concentrés en B to B sur les grands comptes. Dans ce contexte,
Internet ne peut que contribuer au développement de la location de loisirs »,
explique Frédéric Fontaine, P-dg et fondateur d'Holiday Autos. Or, pour
s'imposer durablement sur ce marché, une politique de prix attractifs et
compétitifs semble être le meilleur des arguments.
"Discounter" la location en courte durée
Proposer les prix les plus bas du marché,
telle est la politique d'EasyCar.com. Calé sur le modèle économique qui a fait
le succès d'EasyJet, la compagnie aérienne à prix cassés, le loueur britannique
s'est imposé en France, en 2001, avec un concept pour le moins osé : le modèle
de véhicule est unique (Mercedes Classe A et, plus récemment, Smart), unique
également, le canal de distribution de l'offre, Internet, qui fait office de
guichet de réservation et de terminal de paiement. « Internet nous permet de
minimiser les coûts fonctionnels car nous visons le segment des particuliers
qui ne peuvent pas soutenir les coûts liés à la possession d'un véhicule »,
indique Stéphane Destaing, directeur général d'EasyCar France. Le principe est
simple : "Plus tôt vous réservez, moins vous payez". Résultats : en 2002, la
société a dégagé 13,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en France. « Nous
avons créé un nouveau marché qui n'existait pas, renchérit le Dg. Les études
prouvent que nous n'attirons que 5 % de la clientèle phare de nos concurrents
les plus proches. » Pourtant, le loueur a récemment migré vers un modèle plus
traditionnel en déployant des agences de proximité. Objectif visé en 2003 :
ouvrir une douzaine d'agences à Paris et Nice. « Nous passons d'un modèle
initial de supermarché à celui de supérette de la location pour renforcer la
proximité avec notre clientèle urbaine », poursuit Stéphane Destaing.
Le multicanal au coeur de la stratégie
Holiday Autos
s'est positionné, au départ, comme courtier de la location. Principal levier
stratégique du loueur : l'extrême simplification de l'offre "tout compris et
sans surprise" proposée à des tarifs très attractifs (- 30 % en moyenne par
rapport à la location traditionnelle). C'est en s'appuyant sur un réseau très
étoffé de partenaires loueurs de voitures que Holiday Autos a pu s'affranchir
de la nécessité de se constituer une flotte en propre, tout en jouant le rôle
d'apporteur d'affaires auprès de ces mêmes partenaires. Pour assurer la
distribution de son offre, le Britannique s'est adossé aux principales agences
de voyages, en France et en Europe, qui jouent, à leur tour, les intermédiaires
entre le courtier et ses clients. Dès 1999, Holiday Autos investit le Net avec
un premier site en Angleterre, relayé en France dès 2000. « C'est aujourd'hui
un canal de distribution complémentaire, indique Frédéric Fontaine. Il nous
permet d'accentuer notre visibilité auprès du grand public et de capter de
nouveaux clients. » En effet, le site offre plusieurs avantages : entre
convivialité et simplicité de la consultation, il permet de visualiser les
véhicules, d'effectuer la réservation et de payer directement en ligne ou de
récupérer un bon de change (voucher) auprès d'une agence. Aujourd'hui, plus de
40 % du chiffre d'affaires, développé en Angleterre, est issu du e-commerce. En
France, le commerce en ligne ne couvre que 10 % du CA total mais il devrait
atteindre 30 % d'ici trois ans.
La voiture comme service
Marque de LeasePlan, filiale de la banque hollandaise ABN
Amro, le site Carvantis vise la population des particuliers et des TPE, via une
offre locative de longue durée. Avec un taux de croissance qui devrait se
hisser de 15 à 24 % entre 2000 et 2005, le marché des particuliers et TPE,
coeur de cible de Carvantis, offre de bonnes perspectives de développement.
Pour s'assurer une mainmise sur ce créneau, le loueur a choisi Internet. « Le
circuit de distribution le moins coûteux, le plus rapide, et surtout le plus
souple pour mener des campagnes de marketing direct qui nous permettent de
démocratiser notre offre », explique Xavier- Emmanuel Lechat, directeur
communication et Web chez Carvantis. L'offre en ligne propose une formule
locative, à l'année, comprenant le choix du véhicule, l'assurance et les
services d'entretien de l'auto. Soit une alternative attractive à l'achat d'un
véhicule, qui offre l'avantage de gommer les contraintes de coûts et
d'entretien de l'auto. Le modèle économique est astucieux : Carvantis s'appuie
sur les flottes automobiles de LeasePlan, sur les concessionnaires et les
garagistes partenaires de l'enseigne, afin d'obtenir des conditions tarifaires
préférentielles en matière d'acquisition, de financement et d'entretien des
véhicules qu'elle distribue à la location. Ces économies d'échelle, répercutées
sur la politique de prix, permettent de garantir des conditions tarifaires en
accord avec les attentes de la cible. Lancé en ligne en février 2002, Carvantis
aurait déjà engrangé 120 contrats et vise un objectif de 400 à 500 contrats à
l'horizon 2003.
L'exhaustivité de l'offre locative
Le
nom de ce site ne fait aucun doute sur la nature de son activité : tel un
véritable portail, Locationdevoiture.com délivre un large éventail de
prestations locatives, de l'information, ainsi que des outils d'aide au choix
du véhicule. Tous les segments de population sont concernés, particuliers ou
entreprises, auxquels le site propose l'exhaustivité des formules de location
auto (LCD, LLD et LOA). Lancé en France en juin 2001, Locationdevoiture.com
ambitionne de devenir la référence en matière de location de véhicules, en
particulier sur le secteur de la LDD pour les TPE. Proche du modèle économique
développé par Holiday Autos, le portail s'appuie sur les loueurs traditionnels
pour commercialiser la flotte automobile via son site. Grâce à son réseau de
partenaires affiliés comme Avis, Finalion (filiale du Crédit Lyonnais), ainsi
qu'une centaine de loueurs indépendants, la société est déjà en mesure de
couvrir l'ensemble de l'Hexagone à travers un maillage de 5 000 agences
partenaires.
repères : EasyCar
Filiale d'EasyGroup (Stelios).
Lancement, en France, en septembre 2000. Positionnement : LCD pour les particuliers. CA 2002 : 9,6 ME (en France) pour une moyenne de 1 600 locations par semaine.
Holiday Autos
Lancement de la société en 1987 en Angleterre et déploiement européen dès 1988. En ligne en France en 2000. Positionnement : location de loisirs pour les particuliers. Présence mondiale (87 pays). 150 loueurs partenaires. CA 2001 : 318,6 ME. E-Commerce : 20 % du CA en ligne.
Carvantis
Marque Internet de LeasePlan, filiale de ABN AmroLease Holding (leader européen en LDD). Lancement en France en février 2002. Positionnement : LDD (leasing) pour les particuliers et les TPE. Résultats 2002 : 120 contrats signés pour 400 à 500 attendus d'ici 2003. Présence : en France et déploiement international prévu dans 26 pays.
Locationdevoiture
Lancé en France en juin 2001 par le président de Continental Lease. Positionnement : LDD, LCD, et LOA en B to B et B to C. Résultats 2002 : 600 contrats en LDD/LOA et 500 réservations en LCD entre juillet et août.