LES FLASHCODES LES IMPRIMES
Tout le monde a vu au moins une fois ce code-barres carré, que des passants scannent avec leur mobile. Imprimé sur une affiche, un magazine, un catalogue papier, le flashcode se démocratise sans vraiment être connu. Retour sur une technologie entrée dans les moeurs au Japon.
- Un Français qui se rend au Japon ne peut pas le louper. Petit, carré, en noir et blanc ou en couleur, le flashcode s'affiche partout: sur les panneaux publicitaires, les plans des villes, les expositions. Il est même présent sur les produits alimentaires, les trottoirs ou sur les billets d'avion (avec la compagnie aérienne All Nippon Airways, ANA). Il existe plusieurs types de flashcodes ou code-barres 2D. Les plus répandus sont le QR code («Quick Reponse»), massivement utilisé au Japon, et le Datamatrix, plutôt employé en Europe. En France, le flashcode a été développé par l'AFMM, l'Association française du multimédia mobile, qui regroupe trois opérateurs: Orange, SFR et Bouygues Telecom. En mars 2 0 0 8, ces entreprises ont signé un accord avec Mobile Tag. Cette société a défini le standard «Datamatrix indirect», une des technologies permettant de concevoir le flashcode.
20 000
FLASHCODES SONT DEPLOYES SUR L'ENSEMBLE DES 11 000 POINTS D'ARRET DES RESEAUX DE SURFACE DE LA RATP.
UN SERVICE INTERACTIF LUDIQUE
Comment ça fonctionne? Tout d'abord, les utilisateurs doivent être munis d'un mobile comportant un lecteur optique. Il leur faut ensuite télécharger une application pour lire les flashcodes (par exemple l'appli «Flashcode» dans l'App Store, pour iPhone).
application permet alors de scanner tous types de codes 2D. Une fois flashés, ces codesbarres intelligents permettent d'accéder aux informations sous plusieurs formes: bandes son, sites web mobile, photos ou encore vidéos. Ces renseignements transitent via un serveur (plateforme de management et de CRM), avant d'être redirigés vers un site internet. Contrairement aux codes 1D, qui renseignent sur des produits, les flashcodes délivrent des services interactifs, qui complètent des supports figés. Conscientes du potentiel d'acquisition et de fidélisation de clients offert par ces flashcodes, les marques sont de plus en plus nombreuses à les utiliser dans leurs campagnes de marketing. C'est le cas, par exemple, de Surcouf. Le réseau de huit magasins spécialisés dans les produits multimédia les a intégrés dans son catalogue «High-Tech-Graal» 2010-2011. Les codes 2D permettent aux clients de connaître tous les prix en temps réel. « Le flashcode est un outil indispensable à la politique commerciale de Surcouf, qui propose sans cesse de nouveaux prix, d e s prix plus bas », indique Lucile Dreano, consultante budget de l'agence de communication Euro RSCG pour Surcouf. Elle poursuit: « Nous pouvons également mesurer en temps réel le nombre de flashs, et donc évaluer rapidement le succès d'une opération » (Voir aussi p. 42 la rubrique Portfolio). L'enseigne d'équipements de la maison But s'est aussi servi des codes 2D dans son catalogue «On s'y retrouve tous, collection 2010-2011». Ces derniers donnent trois types d'informations aux consommateurs: des images, des vidéos, des conseils décoration et tendance, les prix et enfin, toutes les promotions du moment. Jean-François Greco, directeur de la communication de But, explique: « La cohérence entre notre catalogue papier, notre site web et nos points de vente représente un point essentiel pour relever le défi du multicanal ».
En France, les flashcodes fleurissent un peu partout, sur différents supports: la presse écrite (comme le quotidien gratuit 20 Minutes), les brochures (le calendrier des salons et des spectacles de Paris Expo Porte de Versailles), les arrêts de bus (RATP). L'annuaire de La Poste (pour permettre d'enregistrer immédiatement les coordonnées d'un professionnel dans son mobile), les affiches publicitaires (Motorsport Academy, spécialisé dans le pilotage automobile), les plans des villes (Bordeaux), les cartes de visites, etc., en sont aussi équipés. Ils sont apparus dans un livre, Le Sens des choses, de Jacques Attali, et seront bientôt sur des bouteilles de vins (de l'appellation Grés de Montpellier). Des sculptures représentant des flashcodes devraient même voir le jour dans une exposition réalisée par Franck Dupuy. Tout le monde peut créer son flashcode sur Internet. Plusieurs sites proposent gratuitement le service (par exemple sur www.mobiletag.com). Au cours des dix dernières années, le nombre d'agences de marketing qui se spécialisent dans la création et les lecteurs de codes 2D ne cessent d'augmenter. Les agences proposent aussi du contenu, accessible via une adresse URL, et l'analyse des statistiques liées au nombre de codes-barres flashés. « Pour qu'un flashcode soit performant, son contenu doit intéresser et apporter une réelle valeur ajoutée aux clients. Simple et ludique, il doit fournir un seul service pour ne pas perdre les mobinautes », indique Agnès Boattin, chef de produit à l'AFMM.
LA FOLIE MARKETING POUR LE PETIT CARRE
Plusieurs agences de marketing sont expertes dans le flashcode. Parmi elles, High Connexion, prestataire de marketing mobile, travaille pour des annonceurs variés comme Lipton, Nikon, LG et Les 3 Vallées. Le fournisseur de solutions sans contact, Connecthings, dispense, lui, ses services aux clients tels que le Centre Pompidou, la mairie de Toulouse ou encore Veolia Transport. Quant à Orange Business Services, société de services technologiques, elle collabore avec Norauto, Vulcania, Volvo, Midi Libre, etc. Christian Pilters, directeur du paiement et du sans contact chez Orange Business Services, indique que les tarifs des prestations se situent « entre 2 000 et 6 000 euros par an ». Avant d'ajouter: « Nous pouvons aussi proposer des forfaits mensuels. » L'offre met à disposition une plateforme SaaS (Software as a Service), pour héberger, gérer et développer un site web relié à un flashcode (Mobile Web Edition). « Pour un annonceur qui possède déjà un site internet, c'est la gestion du contenu du site web qui coûte cher. La création d'un code 2D est quasiment gratuite. » Enfin, Mobile Tag, qui a fait du code 2D sa spécialité, notamment aux Etats-Unis, collabore avec l'AFMM pour labelliser le flashcode (dès janvier 2011). « Afin de simplifier l'appellation dans l'esprit du grand public, ce label regroupera à la fois les QR codes, les flashcodes etc. Une façon d'encourager la démocratisation de l'usage des codes 2D » conclut Christian-François Viala, directeur général de Mobile Tag. La France devrait bientôt voir apparaître des codes barres 2D à tous les coins de rues... comme au Japon.