LE COACH
Arrivé chez DDB en 1998, Stéphane Raoul a doucement fait sa place et codirige, depuis 2005, l'agence Rapp. réservé, humble et attaché aux choses simples, il est aux antipodes de l'archétype du patron d'agence.
Je m'abonne«Flatté et honoré.» Voici les premiers mots de Stéphane Raoul, directeur général de Rapp, lorsqu'il nous reçoit. Pas étonnant pour ce quadragénaire plutôt discret. «J'ai grandi en Champagne, dans un petit village au coeur des vignes. Je suis attaché à mes racines», témoigne-t-il Réservé voire même timide, cet «homme du terroir, besogneux», comme il aime à se décrire, a su tracer sa route. Patiemment. Diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de Reims, il entame sa carrière dans la publicité, en 1992, chez RSCG, comme chef de publicité. Véritable passionné de sport (notamment de cyclisme, qu'il pratique à un haut niveau), il profite ensuite de l'organisation de la Coupe du monde de football en France pour apporter ses services au CFO (Comité français d'organisation). «Je me suis occupé de toute la communication autour de la billetterie. Puis, une fois l'événement terminé, j'ai cherché un nouvel emploi. »
«UN REEL SENS DU CLIENT»
En lisant les offres, une annonce l'interpelle : DDB Corporate recherche un directeur de clientèle pour gérer le compte Compaq. Et c'est ainsi qu'il entre au sein de DDB, groupe qu'il n'a jamais quitté depuis. Pourtant, le métier de la publicité ne répond pas entièrement à ses attentes. Curieux et pragmatique, il veut comprendre les rouages de la communication et du marketing. Et, de fait, le marketing direct, sans aucun doute, se rapproche le plus de son caractère et de ses attentes. Stéphane Raoul en prendra conscience en croisant la route de Pierre Désangles, alors directeur commercial chez Rapp, l'agence de marketing relationnel du groupe DDB. «A l'épogue, on m'avait demandé de faire une campagne de génération de leads pour Compag. Pour moi, il s'agissait de faire du marketing direct. Je suis donc allé voir Pierre et l'on a discuté de CRM et de MD. » A l'évidence, le courant passe bien entre les deux hommes. Et, quelques mois plus tard, lorsque Pierre Désangles est nommé président de Rapp en 2000, il demande à Stéphane Raoul de le rejoindre en tant que directeur commercial. «J'ai été conquis par ce garçon humble, réfléchi, posé, gui présentait un réel sens du client. Il a un très bon relationnel C'est un homme d'une grande fiabilité et fidélité», résume Pierre Désangles. «Je me suis rendu compte que j'étais attaché aux choses concrètes, se rappelle Stéphane Raoul. Or, le CRM, avec l'analyse et le data mining, s'ancre clairement dans le concret, contrairement à la publicité Avec Pierre, on a construit un très bon collectif ORM.» Ce terme «collectif» n'est d'ailleurs pas choisi au hasard pour cet amateur de sport. D'ailleurs, c'est un thème qu'il aborde dès le début de notre entrevue : «Ma passion joue un rôle non négligeable : le sport est mon moteur au sein de DDB. Il a dirigé l'essentiel de ma vie, je l'aime profondément. » Le collectif, la compétition, la maîtrise de soi et la rigueur : autant de valeurs sportives qui guident ses pas.
PAPA FOOTEUX
Si Stéphane Raoul n'a malheureusement plus le temps d'enfourcher son vélo, ce père de quatre enfants reste néanmoins dans la course. Créateur des «Papas footeux», il consacre beaucoup de son temps libre à cette association qui rassemble une quarantaine de personnes. En organisant par exemple chaque dimanche des rencontres de football pour les parents et leurs enfants. «Je lutte contre le football tel qu'il est pratiqué dans les grandes villes et quand il est régi par le marketing. Dette association a pour but d'inculquer les valeurs de respect de partage et d'ouverture Le sport est fantastique et éminemment fédérateur», témoigne-t-il Animé par cette passion, il la décèle dans toute chose et la révèle dans son quotidien. Il compare son poste de directeur général de Rapp - qu'il occupe depuis 2005 - à celui d'un entraîneur gérant les talents de l'agence. Tel un coach, il attache beaucoup d'importance aux relations humaines. D'ailleurs, dans le sport, une équipe qui s'entend bien, c'est une équipe qui gagne. Enfin, comme un entraîneur, Stéphane Raoul est un homme de terrain. De foot, mais aussi au sein de l'agence, où il a choisi de s'impliquer fortement dans l'opérationnel. Il est ainsi présent à tous les moments-clés, du brief jusqu'aux rendez-vous clients, sans oublier les compétitions. Stéphane Jacquin, qui partage avec lui la direction générale, évoque «quelqu'un de simple, honnête, direct Un meneur d'hommes gui fait preuve d'un esprit de compétition tout autant que de fair-play. Il est un excellent capitaine gui utilise les valeurs du sport pour aiguiller et motiver ses équipes »
Après dix années passées au sein de DDB et désormais orphelin de son compagnon de route, Pierre Désangles, parti chez Next-Idea, Stéphane Raoul ne se voit pas ailleurs. «Quand Pierre est parti, beaucoup pensaient que Rapp allait souffrir. Or, l'agence n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui puisque cette année, nous avons enregistré un taux de 80 % de transformation en nouveaux budgets», explique-t-il. D'ailleurs, malgré la crise, l'agence n'a supprimé aucun poste l'an dernier. Et c'est là, dit-il, sa plus grande fierté.
Dans son bureau, cette affiche dédiée à la «data driven creative agency», l'un des credo de l'agence Rapp; les données nourrissent des solutions créatives, qui déclenchent des actions qui, mesurées, réinjectent de la data qui Passionné de football, il a créé et gère l'association des «Papas footeux»
CE QU'IL AIME:
- Le sport
Le cyclisme (pratiqué à haut niveau dans sa jeunesse), le tour de France et le football
- Le rock
Dernière lecture : l e s enfers du rock de Philippe manoeuvre et marie meier.
- La BD
Il possède plus de 300 volumes.
- Le cinéma de Michel Audiard
Notamment un singe en hiver, les vieux de la vieille et mélodie en sous-sol.