Fidèle au Net
La crise financière du secteur n'a pas eu raison de son enthousiasme des premiers surfs. Pionnière de l'économie internet et passionnée par ce média, la présidente de T-Online France est plus que jamais convaincue de son bel avenir.
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Femme de flair et femme d'affaires. A défaut d'être une entrepreneuse,
Marie-Christine Levet joue les virtuoses "intra-preneuses". Les sociétés
qu'elle n'a pas bâties, elle les façonne, les modèle, de l'intérieur, au gré
d'intuitions bien éclairées qu'elle aime suivre sans tergiverser entre l'idée
et sa mise en oeuvre. « J'aime le travail en cycle court et la prise de
décision rapide. » La fibre du décideur né pour diriger est flagrante. Alors,
quoi de plus naturel, que de se retrouver, à 35 ans, P-dg de T-Online France ?
Bien que l'idée d'occuper un poste de pouvoir ne figurait pas au premier rang
de ses ambitions d'étudiante, il faut bien constater qu'elle n'a rien
improvisé. Forgée au business jusqu'à la moelle, elle a suivi toutes les étapes
réglementaires de l'ascension au rang de dirigeant : études de marketing à HEC,
couronnées d'un MBA de l'Insead, puis d'un rodage au conseil chez Andersen où
elle s'ennuie, « parce qu'on y tient un rôle de spectateur ». Son moteur à elle
: l'aventure du tout à créer, tout à inventer en suivant, toujours, son
intuition. Dès 1997, elle pressent la portée révolutionnaire d'Internet. A
l'époque, abonnée à ce même fournisseur d'accès qu'elle dirige aujourd'hui,
elle ne découvre pourtant qu'un média hybride, aux contenus mal aboutis,
chahuté de ruptures des connexions aussi fréquentes que désastreuses. « Une
véritable catastrophe, mais j'ai eu le coup de foudre ! » Puis le coup de bol :
en surfant sur des sites de dépêches, elle découvre les projets d'implantation
en Europe du moteur de recherche américain Lycos. La voilà frappée d'une
intuition. Providentielle ! Le CV déposé sur le site de la société lui vaudra,
quelques mois plus tard, le poste de directrice générale de la filiale
française. De challenge en challenge, agissant sur tous les leviers marketing
pour développer la notoriété de la marque Lycos, elle éponge sa soif de
création des services, produits et contenus. Puis la guerre de la croissance,
avec son lot d'acquisitions forcenées et de tensions qui pénalisent la prise de
décision aura raison de son naturel bouillonnant : adieu Lycos et bonjour
T-Online ! Ici, pas de flottements décisionnels. « Le plus frustrant, c'est
plutôt de devoir freiner le lancement de nouveaux projets pour coller à une
échelle des priorités. » Son challenge du moment : développer le haut débit et
sa suite de services innovants qui, prophétise-t-elle, ne manqueront pas de
faire décoller le Net. La dernière intuition est lâchée. Aux internautes de la
confirmer.