Dinosaure - caméléon
«Cela fait 45 jours d'affilée que je travaille... » Mais, pour celui qui a
commencé à travailler à l'âge de 17 ans dans la restauration - il a arrêté ses
études en première - cette situation ne semble pas trop difficile à supporter.
Débutant comme "commis débarrasseur", pour devenir ensuite chef de rang au
Grand Hôtel du Casino de Divonne les Bains, le mentonnais Patrick Visier y
apprend que l'on peut toujours travailler plus. Et, qu'en s'occupant bien de
ses clients, on peut aussi gagner beaucoup plus. « A 17 ans, je gagnais trois
plus que le Smic », se souvient-il. Après la restauration se succède une série
de petits boulots, au hasard desquels il découvre l'imprimerie de labeur comme
typographe. Puis, c'est mai 1968, « une fête très communautaire ». Il découvre
un métier sans diplôme : la vente, où il est payé au pourcentage. Il s'y
retrouve vendeur d'assurance-vie, puis vendeur d'une encyclopédie sur la
sexualité où il apprend sa première leçon de marketing... en repositionnant le
produit pour mieux le vendre ! En 1973, nouveau tournant dans sa vie : il
intègre une société qui vend des brochures de CV, tous datés et ventilés par
catégorie socioprofessionnelle. Sur dix vendeurs, il réalise 32 % du chiffre
d'affaires en quatre mois. Comment ? En prenant des rendez-vous par téléphone,
méthode peu répandue à l'époque. Et ce, grâce à l'aide d'une amie, dont le père
était installateur téléphonique. Il y découvre la gestion de fichiers. Arrive
le premier choc pétrolier. L'entreprise est balayée. Il en tire une autre leçon
: ne pas travailler au sein d'une socié-té, dont l'activité est liée à la
conjoncture. C'est alors la rencontre avec un ancien d'IBM, qui avait besoin de
prendre des rendez-vous par téléphone. Patrick Visier développe une activité de
télémarketing et monte parallèlement un cours de formation. A la suite de
divergences, il monte sa société. Une amie lui prête 50 000 francs et il lance,
en 1977, DPV International qui proposait deux produits : la formation et le
télémarketing. Deux ans plus tard, il se fait un peu peur, en raison du départ
d'un gros client. Ressentant le besoin de se diversifier, il crée un fichier
téléphonique pour les commerciaux, un produit qui prend le nom "Qui décide",
qui sera divisé ensuite en deux éditions : une pour la région parisienne et une
pour la région Rhône-Alpes. Il crée également sa propre société informatique.
Tout va alors très vite, la société grossit : en dix ans, le chiffre d'affaires
est porté à 52 MF. Patrick Visier écrit un livre, crée un salon... mais, revers
de la médaille, il perd son inspiration. Après 24 propositions de rachat, il
cède son affaire à Jean-Paul Devai et s'en va lors de la revente de Syscall qui
formera Matrixx avec Phone Marketing. En 1990, il se lance dans une autre
aventure et monte un centre de séminaires qui ouvre au plus mauvais moment (la
guerre du Golf), et n'est pas très bien situé (à Argenteuil). C'est l'échec et
le premier acte de gestion consiste à déposer le bilan. « J'y ai appris
l'humilité », commente-t-il. Puis fin 1992, il quitte l'aventure et décide de
retourner vers le marketing direct. Il s'aperçoit alors que la marque DPV
n'avait pas été déposée par Sysmark, ce qu'il entreprend de faire. Et, le 21
juin 1993, relance DPV, au 24, rue Morère dans le 14e arrondissement... dans
les locaux mêmes de son ancien siège. Activité : fichiers B to B et
informatique. La société redémarre petit à petit, puis passe à la vitesse
supérieure (15 MF de CA en 2000). Quand il en trouve le temps, Patrick Visier
aime lire des romans policiers ou regarder des matchs de foot. Mais surtout,
avec sa deuxième épouse, Elaine Kibaro, il quitte sa casquette marketing direct
pour rejoindre le monde du spectacle. Chanteuse, auteur d'ouvrages et de
méthodes autour du verbe et de la parole, elle vient de se produire au Casino
de Paris. S'il s'occupe de sa communication - il a monté une société de VPC
pour sa production - il s'interdit cependant d'intervenir sur le côté
artistique...
Parcours
53 ans, trois enfants. 1977 : création de DPV International. 1990 : monte un centre de séminaires. 1993 : relancement de DPV. 1995 : rachat de Servitix. 1999 : création de Conso Lists. Président de la commission études et technologies du SNCD. Ancien secrétaire général du Syndicat du Marketing téléphonique, et ancien secrétaire général des Dirigeants Commerciaux de France.