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Le cheveu passe aux aveux

Les cheveux font partie de l'intimité. Ils suscitent un mélange d'attirance et de répulsion. Ils sont l'objet de superstitions et de pouvoirs magiques. Ils reflètent des appartenances sociales et religieuses et des modes de vie. Une exposition* à La Cité des Sciences nous explique pourquoi.

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Avoir mal aux cheveux, se faire des cheveux, couper les cheveux en quatre, s'arracher les cheveux... Les expressions imagées attribuées au cheveu ont toujours marqué le langage populaire. Symboles de vie et de mort, les cheveux ont inspiré poètes et écrivains. De la réplique de Macbeth : "Ne secoue pas vers moi tes boucles sanglantes" à Rabelais pour qui les cheveux ne sont qu'"amoureuses prisons", en passant par Baudelaire qui les voyait tels "une mer odorante et vagabonde" ou Debussy et l'air de Mélisande : "Mes cheveux vous attendent tout le long de la tour et tout le long du jour". Les cheveux attirent aussi les superstitions et sont investis de vertus magiques. "Pour attirer quelqu'un qui fait le difficile, mages et cabalistes unanimes conseillent de se procurer une mèche entière des cheveux de la tête aimée et de la garder sept jours contre sa peau, tout en pensant à chaque instant à la personne concernée. Ses cheveux seront comme un téléphone sans fil qui lui transmettra nos désirs et nos vibrations."** Les motifs d'intérêt pour le cheveu foisonnent. L'exposition "Le Cheveu se décode" en témoigne. Sa conception et sa production qui ont duré deux ans sont le fruit d'un travail mixte entre L'Oréal et La Cité des sciences. Une dizaine de laboratoires de L'Oréal ont participé à cette opération de branding culturel : biologie, métrologie, cosmétométrie, mesures physiques, modélisation moléculaire, physique appliquée, microscopie, atelier de fabrication des machines, analyse sensorielle... Une quarantaine de chercheurs se sont joints à l'équipe de conception de La Cité pour assurer les meilleures conditions de vulgarisation scientifique. Entièrement trilingue, cette exposition propose un parcours ad libitum autour de cinq pôles. "Entre la vie et la matière" nous entraîne dans la connaissance des propriétés physiques et chimiques du cheveu. On y apprend que chaque cheveu est unique et vit indépendamment de ses congénères ou que le cheveu gris n'existe pas. Un méchier géant permet de contempler une infinité de nuances naturelles et artificielles. Un vidéo-microscope permet d'observer ses cheveux grossis mille fois. Ces images proviennent d'un laboratoire de L'Oréal qui utilise cette technique pour observer sur un même individu l'évolution de la repousse au fil des années. "La Science du produit" montre les travaux des chimistes, biologistes et physiciens pour créer des produits destinés à entretenir, soigner ou transformer la chevelure. Deux méthodes sont utilisées. Des experts sensoriels évaluent leur qualité par le regard et le toucher. La métrologie capillaire prend le relais en utilisant une batterie de machines de tests. Telle "la machine à shampooings" qui contrôle la résistance aux lavages d'une coloration ou "le simulateur de lumière" qui étudie les agressions du soleil et des intempéries sur des cheveux colorés ou "la perruque mobile" qui évalue la tenue au mouvement d'un produit de coiffage. "Le Salon des métamorphoses" propose aux visiteurs de "changer de tête" en choisissant d'encadrer leur visage parmi une quarantaine de coiffures au choix grâce à une caméra, un logiciel et une banque de données. Il est aussi possible d'observer les petites manies qui touchent aux cheveux grâce à une petite galerie de portraits. "Les Cheveux du monde" présente les lieux de travail des coiffeurs à travers le monde, du grand salon parisien à la hutte de Pondichéry. Un film rassemble les canons et les codes de la coiffure en vigueur selon les cultures et les époques. "Le cheveu sur la langue" est un jeu qui permet de retrouver des expressions françaises et étrangères autour du cheveu. Ainsi, en espagnol, l'équivalent de "Quand les poules auront des dents" se dit "Quand les grenouilles auront des cheveux..." "Les Objets du cheveux" montre des meubles, outils, parures, accessoires... dont une mèche de 30 000 cheveux, soit la quantité moyenne perdue en une année, des tableaux en cheveux, des masques de deuilleurs... Aujourd'hui, les historiens et policiers scientifiques disposent de nouveaux moyens pour faire parler les cheveux. En effet, un cheveu arraché conserve son bulbe. Il est ainsi possible d'obtenir l'empreinte génétique de celui ou celle auquel il a appartenu. Le cheveu est un matériau imputrescible, facile à manipuler. Ses molécules sont très stables. Il n'est ni besoin de le réfrigérer, ni d'utiliser des anticoagulants. On sait ainsi, 3 000 ans après sa mort, que Ramsès II était blond roux et de peau blanche. Plus fort encore, on a retrouvé des traces d'usage de cocaïne sur une momie péruvienne datant de 4 000 ans. Le cheveu trahit des pratiques intimes, car contrairement au sang, il garde en mémoire la trace des comportements alimentaires et toxicologiques de chaque individu. Comme autant de preuves tirées par les cheveux... Au vrai sens du terme. *"Le Cheveu se décode" Du 12 juin à fin janvier 2002 Cité des sciences et de l'industrie 30, avenue Corentin-Cariou Paris 19e. Tél. 01 40 05 80 00 www.cite-sciences.fr

BIBLIOGRAPHIE


"Les vies du cheveu" de Marie-Christine Auzou et Sabine Melchior-Bonnet. Editions Gallimard, collection Découvertes, 2001. "Histoire de la coiffure et des coiffeurs" de Jacques Roubaud. Editions Larousse, 1995. "Le Cheveu et la vie" de Danièle Pomerey-Rey. Editions Bayard, 1993. **"Cheveux, toisons et autres poils" de Luisa Futoransky. Editions Presses de la Renaissance, 1991.

Stirésius

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