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La boîte à outils de L'Efficacité professionnelle
Chapitre II : Performer à moindre effort
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- Publié le 28 nov. 2017
La boîte à outils de L'Efficacité professionnelle
6 chapitres / 71 fiches" Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. "
Albert Camus
Le long voyage jusqu'au Temple
Il était une fois deux moines qui désiraient se rendre au Temple du Créateur où résidait un sage d'entre les sages, pour y méditer avec lui et rendre grâce à la vie. Ce temple renommé se trouvait bien loin de leur monastère. Les deux moines étudièrent les cartes mais ne purent tomber d'accord sur la meilleure route à emprunter. Ils décidèrent finalement de se séparer pour suivre chacun leur voie. L'un suivrait le chemin le plus direct en coupant à travers la chaîne montagneuse, l'autre ferait un long détour pour la contourner.
Leurs points de vue divergeaient également sur la somme des préparatifs à effectuer.
- Il est temps de partir, annonça un jour le moine qui avait opté pour la route de la plaine. L'hiver se termine. Bientôt il fera trop chaud pour voyager confortablement.
- Je ne suis pas encore prêt, répliqua son compagnon. Pars devant. Mon chemin est plus court, je serai rendu avant toi au Temple du Créateur.
Il lui fallut encore un mois pour terminer son paquetage. Lorsqu'il se mit enfin en route, les premières chaleurs commençaient à monter. " L'air de la montagne sera plus frais ", pensa-t-il pour se rassurer et oublier le désert qu'il aurait à traverser avant d'arriver au Temple.
L'ascension s'avéra plus difficile que prévu. Son équipement pesait lourd sur son dos. Chaque pas lui demandait un effort considérable. " Au moins, se disait-il pour se réconforter, pendant que je fais un pas, mon ami doit en faire dix de plus ". La descente fut plus périlleuse encore.
À mi-pente, il fut rejoint par une tribu nomade. Leur chef, le voyant épuisé, lui offrit de faire porter son bagage par un de ses lamas. Le moine déclina sa proposition, arguant qu'il aurait moins de mérite aux yeux du Créateur s'il acceptait de l'aide.
Ses pieds étaient en sang lorsqu'il parvint en bas de la montagne. Courageusement, il entama la traversée du désert qui le séparait encore du Temple. Mais la chaleur du soleil était si accablante qu'il vacillait à chaque pas. Il avança ainsi pendant plusieurs jours. Sa fatigue était telle qu'il couvrait bien peu de lieues malgré les efforts surhumains qu'il devait fournir.
Lorsqu'il parvint enfin au terme de son voyage, il fut surpris d'être accueilli par son compagnon, aussi frais et dispo que s'il n'avait jamais quitté leur monastère.
Comment est-ce possible ? balbutia celui qui avait choisi la route la plus directe, avant de s'écrouler d'épuisement dans ses bras.
Il dormit plusieurs jours. À son réveil, il demanda de nouveau que lui fut révélé le mystère de ce miracle.
Le récit de son compagnon l'indigna.
- Comment ? s'insurgea-t-il. Tu t'es laissé porter par le courant de la rivière au lieu de marcher sur tes propres jambes vers le Temple de ton Créateur ?
Il s'offusqua plus encore lorsque son compagnon lui avoua qu'il avait peu souffert de la chaleur du désert.
- Comment ? Tu as cheminé de nuit au mépris de la lumière envoyée par le Créateur pour nous guider ?
Troublé par le calme et le manque de repentance de son ami, il demanda à porter leur différend devant le sage d'entre les sages.
- Grand sage, interrogea-t-il après qu'ils leur eurent conté chacun leur voyage. Lequel de nous deux a le mieux mérité du Créateur ?
- Celui qui a utilisé les présents qui lui étaient faits, répondit le sage. Celui qui a préservé la santé du corps qui lui a été confié pour abriter son âme durant son séjour sur terre.
- Je ne comprends pas, dit le moine qui avait enduré des souffrances pendant la plus grande part de son trajet. Ma peine n'est-elle pas le signe de ma dévotion ?
- Non, répondit le sage. Ce que tu prends pour de la ferveur est en réalité de l'orgueil.