Rush Energy lance sa bouteille à l'amer
Fruitée et légèrement amère, la boisson énergisante de Monarch Beverages International débarque en France. Moins "explosive" que ses consoeurs anglo-saxonnes, mais surtout moins bizarre au goût, elle compte sur un bouche à oreille favorable auprès des 15-35 ans avant de passer à la vitesse supérieure.
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Après les échecs cuisants de Black Booster et autre X-Energy-Drink, deux
boissons énergisantes lancées il y a plus de deux ans, c'est au tour de Rush
Energy, une boisson sans alcool, gazeuse et fruitée produite par Monarch
Beverages, sixième société américaine de soft drinks, de tenter sa chance sur
le présumé juteux marché des boissons énergisantes en France. Estimé par le
fabricant à plus d'un million de caisses minimum pour un prix compris entre
3,05 et 3,80 euros par canette de 25 cl, l'enjeu a de quoi aiguiser la soif du
groupe américain. Vu d'Atlanta, siège de la holding, il n'y a effectivement pas
de raison pour que les Français ne succombent pas aux vertus dopantes de ces
mélanges de caféine, de guarana, d'hydrate de carbone, de vitamines, quand il
s'en vend cinquante millions de caisses à travers le monde. Tout
particulièrement en Allemagne, en Autriche, en Europe centrale, mais aussi aux
Etats-Unis, en Amérique latine, en Afrique du Sud ou en Asie.
S'adapter à la réglementation
Enfin aucune raison, si
l'on ne tient compte ni de la réglementation hexagonale ni des comportements
des Français qui n'ont jamais affiché d'attirances particulières pour les
premières boissons énergisantes lancées sur ce marché. Boissons qui avaient un
goût passablement écoeurant, voire médicamenteux. Le fabricant a donc misé sur
une recette fruitée plus proche du chewing-gum que d'un arôme naturel. Mais
surtout et comme l'indique Marie-Christine Montes, responsable du produit
France, « qui se marie bien aux alcools forts ou aux jus de fruit et permet de
réaliser des cocktails détonants ». Quant à la réglementation française, la
DGCCRF au titre du principe de précaution et échaudée par des importations
anarchiques de boissons dites énergisantes mais illicites il y a seulement
quatre ans, lui a demandé de retirer de sa formule, la taurine, un acide aminé
présent dans le corps et recréé chimiquement et le D-Glucuronolacone, deux des
composés qui participent pourtant au caractère explosif de la marque référence
du marché, Red Bull. La DGCCRF lui a également demandé d'utiliser l'appellation
"boisson de l'effort d'apport glucidique" et non celle plus appropriée, selon
le fabricant, de "boisson énergétique". C'est donc avec cette recette remaniée
que Rush s'attaque au marché français. Conscient des difficultés du terrain, le
fabricant s'accorde une année et investit plus de 229 000 euros (1,5 MF) pour
séduire une clientèle prescriptrice dans les lieux ou les soirées qu'elle
affectionne comme les bars et les discothèques. Il se peut également que l'on
retrouve ces produits dans les stations-service des pétroliers avec lesquels
Monarch est en pourparlers. Rush pouvant se positionner comme un produit
luttant contre la somnolence au volant. En revanche, il faudra attendre encore
un peu pour les trouver en grandes surfaces. Car si Monarch est le fournisseur
des marques de distributeur de cola de certains d'entre eux comme Carrefour,
Auchan ou Monoprix, il a eu du mal à les convaincre de référencer Rush. Mais
cela n'ébranle nullement les convictions énergiques de Marie-Christine Montes,
persuadée que « ces produits ont des vertus apaisantes, dynamisantes et
toniques qui ne pourront pas laisser les Français indifférents ».