"Le retail en France a besoin d'aller plus vite dans sa transformation digitale", Valérie Piotte
Valérie Piotte, directrice générale adjointe de l'agence Cosmic et experte du retail, décrypte les grands bouleversements actuels dans le retail aux États-Unis mais aussi en France.
Je m'abonneQuel est votre regard sur le grand bouleversement du retail aux USA provoqué par Amazon ?
Valérie Piotte, directrice générale adjointe de l'agence Cosmic, experte du retail. Cela fait déjà plusieurs années qu'Amazon inquiète le retail américain, et il est sûr que le rachat annoncé de Whole Foods peut les inquiéter davantage. En effet, de pure player avec quelques incursions dans l'univers physique avec ses librairies ou ses POC tels Amazon Go, Amazon devient un vrai acteur du retail omnicanal : boutique on line, réseaux de points de vente, et même dans les foyers avec Amazon Echo, les dash buttons...
La force d'Amazon, c'est sa stratégie centrée autour du client, une supply chain maîtrisée et son audience.
Aujourd'hui avec Whole Foods, Amazon entre réellement dans l'univers du food, marché plus captif que le non-alimentaire, car récurrent. Et si l'on pouvait croire que la route serait longue pour apprendre le métier du retail physique pour un pure player, ce rachat lui fait gagner une grande courbe d'expérience et pas n'importe laquelle. Whole Foods est l'équivalent d'un Biocoop en France, l'engagement militant en moins, mais avec la puissance d'un réseau de plus de 400 points de vente. Cette enseigne propose une offre qualitative et correspond aux besoins et attentes des clients, une alimentation saine, responsable, plus qualitative que quantitative. À suivre, la manière dont Amazon et Whole Foods se marieront, car à date, ils sont sur des promesses bien différentes : mass market et prix pour Amazon, offre niche et premium pour Whole Foods.
Pensez-vous que cela va arriver en Europe ?
C'est déjà le cas ! Pas à une aussi grande échelle, mais Amazon, Amazon Fresh et Amazon premium sont déjà bien présents...
La menace ne vient d'ailleurs pas que d'Amazon qui, si le modèle aux États-Unis fonctionne, aura sans doute à coeur d'intégrer d'autres acteurs européens du commerce physique dans son giron. Le retail fait face à une évolution des attentes et comportements des consommateurs qu'il n'a pas su ou voulu anticiper ; et d'autres acteurs plus agiles savent aujourd'hui proposer une prestation de services plus en phase avec les clients connectés.
Par exemple, Ocado, au Royaume-Uni, est un pure player alimentaire qui a pris des parts de marché à Tesco en travaillant une stratégie orientée client, qualité, mobile first et chaîne logistique performante ; la commande d'un client peut être traitée en 6 minutes, alors que des acteurs traditionnels ont besoin de 5 à 6 heures de préparation minimum !
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