"Le retail en France a besoin d'aller plus vite dans sa transformation digitale", Valérie Piotte
Quelles sont les spécificités du marché français ?
Pour vous citer quelques exemples, sur l'alimentaire, le commerce de proximité s'est déployé ces dernières années, au détriment d'ailleurs des formats hypers. Le format drive a en partie répondu aux attentes des clients, en matière de rapidité et simplicité des courses, mais il n'est pas le format le plus rentable du commerce. Les enseignes spécialistes, comme Picard sur les surgelés (quasiment 1000 points de vente) ou les enseignes bio se démultiplient. La désintermédiation, avec la démultiplication des réseaux en circuit court : vente en direct des producteurs (plus de 2000 Amap en France et d'autres initiatives comme La ruche qui dit oui..). Enfin, le marché français comprend une multiplicité d'enseignes avec des groupements d'indépendants comme Leclerc, Intermarché ou Système U et des enseignes intégrées comme Carrefour.
Les spécificités viennent sans doute aussi du consommateur français,
certes connecté, mais privilégiant encore les visites en magasin pour ses courses du quotidien et son shopping de façon générale et n'ayant pas encore un réflexe d'achat en mobilité comme peuvent l'avoir des consommateurs aux USA ou en Asie.
Mais le consommateur français a néanmoins des attentes en matière de simplification des courses, d'envie de gagner du temps, de personnalisation de la relation et d'expérience d'achat et de marques.
Le retail en France a besoin d'aller plus vite dans sa transformation digitale et ne doit pas hésiter à imaginer des nouveaux modèles, voire des nouveaux métiers à l'instar d'acteurs comme Accor Hotels sur un autre secteur. Le retail a besoin d'anticiper ce que la technologie peut apporter à ses clients, par exemple comment l'intelligence artificielle/le machine learning peuvent servir sa relation client. Au-delà d'adopter une attitude défensive vis-à-vis d'Amazon, le retail doit innover et ne cesser de surprendre ses clients.