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La boîte à outils de L'Efficacité professionnelle
Chapitre VI : Exprimer tout son potentiel
- Retrouvez 10 fiches outils dans ce chapitre
- Publié le 28 nov. 2017
La boîte à outils de L'Efficacité professionnelle
6 chapitres / 71 fiches" Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour où vous êtes né et le jour où vous découvrez pourquoi. "
Mark Twain
La petite source et les pierres
Il était une fois une petite source qui était née sur un plateau aride peuplé de pierres. Elle était fragile et les pierres avaient coutume de se moquer de ses larmes. Le moindre souffle de vent la faisait frissonner, alors que les pierres étaient imperturbables et solides. Elle craignait la chaleur du soleil, tandis que les pierres s'en gorgeaient pour tiédir l'air de la nuit.
Pourtant, la petite source puisait dans sa sensibilité cristalline un bonheur secret. Elle rêvait de dévaler la pente que l'on devinait au bout de l'horizon et se répandre dans la plaine. Elle imaginait des poissons argentés frétillants dans son eau claire. Parfois, ses rêves la conduisaient jusqu'à l'océan. Mais dans son pays natal, nul ne pouvait lui montrer la voie ni l'aider dans sa quête. Les pierres qui avaient le plus voyagé étaient venues des alentours, pour trouver dans les bâtisses des hommes une utilité rassurante.
- Ce n'est pas en étant source que tu gagneras ta place dans le monde, lui disaient les pierres. Chez nous, la réussite est le fruit d'un dur labeur et de la science qui donne la stabilité aux maisons des hommes.
- Mais pour se désaltérer... se défendait la petite source.
- Les hommes tirent l'eau dont ils ont besoin de puits profonds, répliquaient les pierres. Toi, tu n'es qu'une petite source insignifiante qu'un rien suffit à évaporer. Comment veux-tu qu'ils te remarquent ? Tu ferais mieux de travailler ta minéralité et t'endurcir.
Pendant des années, la petite source s'efforça de se changer en pierre. Elle se terra dans un trou pour tenter d'acquérir quelque consistance. Là, immobile, elle regardait le monde à travers le miroir de sa surface aqueuse. Elle se nourrissait des couleurs qui l'enveloppaient, de la beauté du ciel au-dessus d'elle, de l'éclat fluide d'une étoile filante dont la mort lui brisa le coeur. Peu à peu, son eau pure se muait en boue. Elle n'osait pas entendre les nuages qui l'invitaient à quitter ce pays aride pour vivre sa vie de source. Les pierres ne lui avaient-elles pas déconseillé de s'aventurer trop loin ?
Un jour pourtant, elle fit une rencontre qui allait bouleverser le cours de sa vie. Ce furent d'abord quelques gouttes. De grosses gouttes bien rondes qui rebondirent sans pénétrer la carapace boueuse dans laquelle elle s'était engloutie. Les gouttes tombèrent bientôt en averse insistante. Accompagnées de puissantes bourrasques, elles chantaient joyeusement : " l'eau est plus puissante que la pierre, plus puissante que la terre, plus puissante que le vent qui l'emporte ! L'eau va où elle veut, l'eau est la vie ! ".
" L'eau est la vie, l'eau va où elle veut " répéta la petite source le coeur débordant d'espoir. Alors que l'orage glissait vers la plaine, une force nouvelle poussait en elle. S'enhardissant hors de la cavité qui l'avait dissimulée si longtemps, elle se coula sur l'étendue désertique en un filet timide. Les gouttes l'encourageaient toujours : " l'eau est la vie, l'eau va où elle veut ". La petite source pleurait de joie en traçant des courbes sur le sol malléable. Son écriture d'abord discrète se fit plus appuyée à mesure qu'elle avançait vers le bord de la falaise.
Elle fut surprise de voir de minuscules rigoles suivre son cours. Sa puissance s'en trouva renforcée. Elle s'élança dans la pente avec une confiance qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Lorsqu'elle atteignit la plaine en contrebas, elle était devenue ruisseau bondissant.
Elle croisa plusieurs rivières, puis un fleuve si beau qu'elle mêla son eau pure à son courant tumultueux. Elle découvrit le bonheur intense de porter en son sein des poissons innombrables, la joie d'arroser les plantes et polir les pierres anguleuses.
Elle suivait son inspiration au gré du relief et de la composition du sol. Elle épousait la nature, sa nature profonde. Son existence avait enfin un sens. D'une façon différente des pierres, elle aussi abritait la vie.