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Blockchain : Quels cas d'usage pour la rentrée ?

Publié par Clément Fages le - mis à jour à
Blockchain : Quels cas d'usage pour la rentrée ?

Vingt ans séparent la bulle Internet et la bulle des cryptomonnaies, mais derrière la spéculation se cachent des technologies qui ont, et vont, sans doute, profondément modifier notre quotidien.

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À l'origine fut le Bitcoin. Né de la crise des subprimes en 2008 et de la crise de confiance envers les institutions financières, il fonctionne grâce à la blockchain, une technologie qui permet de stocker et de transmettre l'information et la valeur en ligne, de manière sécurisée et sans intermédiaire, au sein de registres nommés blocks. Chaque transaction est inscrite dans un block. Une fois plein, ce dernier est crypté par des validateurs - on parle de " mineurs " dans le jargon - qui se chargent de la sécurisation de la blockchain et de rendre inviolable les transactions. Tous utilisent les capacités de calcul de leur ordinateur pour être le premier à trouver la formule de " hashage " qui permet de chiffrer le registre et la partager avec les autres validateurs. Plus ils sont nombreux, plus il existe de versions similaires de la blockchain, rendant celle-ci infalsifiable. En contrepartie du partage du résultat du " hash ", une preuve de travail, chaque mineur gagne des Bitcoins. Tous les quatre ans, un " halving " divise par deux les récompenses attribuées, afin de réguler le réseau. Au total, seuls 21 millions de BTC seront émis, ce qui explique aussi la hausse de leurs prix à chaque halving.

Au départ, la blockchain était indissociable du token Bitcoin. Mais depuis, de nombreux protocoles ont émergé pour ajouter de nouvelles fonctionnalités à la blockchain, la rendre moins consommatrice d'énergie ou encore plus rapide, à l'instar d'Ethereum et son token ETH, qui a développé la notion de " smart contracts ", soit la capacité de programmer des actions qui s'effectuent automatiquement dans la blockchain, ou encore de Tezos et son token XTZ, un projet européen qui fonctionne sur le principe de preuve d'enjeu : pour être un validateur du réseau, il faut posséder un certain nombre de XTZ. Quand un block s'achève, tous les validateurs ne se lancent pas dans la résolution du hash, mais seulement ceux qui sont tirés au sort, ce qui permet au protocole d'être à la fois plus rapide et moins énergivore. Et si tous les quatre ans, le halving du Bitcoin entraîne la hausse des prix de l'ensemble des cryptomonnaies, il ne faut pas oublier que derrière la spéculation, des projets de plus en plus poussés sont mis en place sur la blockchain qui, à l'instar du web lors de la bulle Internet, va bousculer plus d'une industrie ces prochaines années.

Partager la donnée et la valeur de manière sécurisée

C' est le pari de Pascal Chevalier, le président de The Blockchain Group (il est aussi actionnaire majoritaire de NetMedia Group, qui édite Marketing / e-marketing.fr). Au travers de différentes filiales, son entreprise accompagne autant les projets blockchain qui veulent se faire connaître et financer que les grands groupes qui cherchent à introduire cette technologie dans leur process, et édite même pour eux des solutions " BaaS ", comme l'explique Xavier Latil, son CEO : " Nous travaillons, par exemple, avec PSA sur le développement d'une blockchain lui permettant de partager de la donnée de manière contrôlée et sécurisée avec des tiers, comme un assureur. En référençant chaque véhicule dans la blockchain, PSA va être capable de suivre l'ensemble de son cycle de vie : éventuelles réparations, changements de propriétaire, etc. Cela peut aussi concerner Air France pour travailler avec des loueurs de voitures, par exemple, sur des problématiques de génération de points de fidélité à dépenser chez des partenaires et d'amélioration de la visibilité et de l'expérience pour le client ou le partenaire en question. " L'entreprise est devenue au printemps partie prenante de la blockchain européenne Tezos et développe également son activité dans la création de cryptoactifs, soit la transformation d'éléments comme un immeuble ou un domaine viticole, en tokens auxquels sera associée une rémunération, à l'instar d'actions en bourse.


"Les actions aussi peuvent être copiées dans la blockchain", ajoute de son côté Olivier Ou Ramdane, cofondateur de Lugh, un " stablecoin ", autrement dit une cryptomonnaie dont le cours est indexé sur celui d'un sous-jacent réel, en l'occurrence une monnaie fiduciaire comme le dollar ou l'euro dans le cas de Lugh. "L'intérêt d'un stablecoin est d'offrir les avantages de la technologie de la blockchain sans la volatilité des cryptos et de relier l'univers encore "underground" des cryptomonnaies avec le monde de l'économie réelle au quotidien. Dans le cadre de l'achat d'un actif numérique, tokenisé dans la blockchain, l'usage d'un stablecoin permet non seulement d'utiliser une contrepartie intelligible par tous, mais aussi que l'ensemble de la transaction soit inscrite dans la blockchain, puisque lui aussi est un token. " Ces stablecoins sont particulièrement appréciés par ceux qui font du trading et veulent sécuriser leurs gains, ou encore par ceux qui sont intéressés par les rendements de la finance décentralisée. " Sur le long terme, nous misons aussi sur la démocratisation du Lugh comme moyen de paiement plus efficace que ceux d'aujourd'hui, mais aussi comme un moyen, via la blockchain et les smart contracts, d'ajouter des fonctionnalités supplémentaires au paiement, notamment en matière de fidélisation : gain de points, cash back ou autres rewards, le tout automatiquement si vous êtes éligible. Cela a un intérêt pour les retailers qui ont deux SI différents, un pour le paiement et un pour la fidélisation, et qui pourront ainsi diminuer les intermédiaires et gagner en souplesse, en pouvant faire évoluer leur politique de générosité très facilement. Enfin, l'idée est aussi de rendre interopérables les programmes de fidélité d'enseignes différentes, sans avoir besoin d'autorité centrale qui gère les compensations entre les uns et les autres. " En avril 2021, on apprenait ainsi ­l'entrée du groupe Casino au capital de la start-up. La blockchain intéresse aussi de nombreux acteurs pour son intérêt en matière de traçabilité : Carrefour a développé dès 2018 avec IBM une blockchain pour permettre à ses clients de suivre le parcours des produits alimentaires de l'enseigne, et propose depuis cette année une fonctionnalité similaire pour le non-alimentaire, tandis que LVMH a annoncé en avril s'associer avec Prada et Richemont pour mettre en place Aura Blockchain Consortium, sa blockchain privée devant lutter contre la contrefaçon.


Réinventer les business models

La blockchain et les cryptomonnaies ont ainsi un intérêt en matière de divertissement : en mai, ­l'annonce de Krapopolis, la première " crypto-­série ", par la FOX ouvre de nouvelles possibilités pour les amateurs de tokens, qui pourront acheter sur une marketplace des NFT des personnages, des décors ou encore de certains extraits. Les possesseurs de ces NFT auront accès à des expériences inédites. La FOX envisage aussi - à l'instar du magazine Time qui permet à ses lecteurs de payer leur abonnement en cryptomonnaies - de s'ouvrir à de nouveaux annonceurs issus du secteur qui, comme les possesseurs de crypto, se sont considérablement enrichis depuis le début de la bulle. L'eSport a été précurseur en la matière, les équipes utilisant les drops NFT comme une nouvelle source de revenus. " Nous suivons des initiatives comme Socios.com et son token Chiliz, qui concernent à la fois les clubs de sport et les équipes eSport. Ces organisations peuvent lancer leur propre "fan token" afin de créer un modèle économique autour des activations. Le PSG, le FC Barcelone, l'Atletico Madrid ou encore l'AC Milan et l'AS Roma ont déjà développé ce type d'initiatives. Pour 100, 500 ou 1 000 tokens, on peut imaginer pouvoir se payer une place ou une loge, ou encore être éligible pour une rencontre avec les joueurs ", explique Mathieu Lacrouts, CEO de l'agence Hurrah Group. Ces modèles fonctionnent aussi très bien dans le gaming, les utilisateurs étant déjà sensibles à l'univers crypto et au fait d'utiliser des monnaies dématérialisées pour se payer des biens ou des services dématérialisés.


" Les usages peuvent être décorrélés de l'aspect purement spéculatif : la billetterie d'un festival peut utiliser les NFT pour éviter les fraudes et la revente illégale. On voit aussi l'intérêt pour les créateurs de contenus dépendant de la politique de plateformes comme YouTube ou Twitch, qui en un clin d'oeil peuvent supprimer votre chaîne et vous couper de tous vos revenus. On peut imaginer une plateforme qui conditionne l'accès à un contenu à la possession d'un nombre de tokens, fixés par le créateur. Une fois le contenu visionné, vous revendez vos tokens, et le créateur se rémunère sur la transaction. On peut aussi imaginer des programmes communautaires basés sur ce principe. " Au printemps 2021, Hurrah a également décidé de surfer sur la tendance NFT en vendant aux enchères le brief d'une opération gaming. " Nous avons imaginé cette campagne en 2016, sans jamais trouver le bon partenaire. Utiliser les NFT était une manière de faire un coup, tout en valorisant cette idée qui dormait au fond de nos tiroirs. C'était un exercice intéressant, d'autant qu'il pourrait répondre à une problématique que rencontrent de nombreuses agences quand elles répondent à un appel d'offres. Avec le NFT, nous certifions le fait que nous avons eu l'idée en premier. On pourrait imaginer à l'avenir une marketplace des idées et des brevets grâce à ce principe ", conclut-il. Reste à déposer l'idée en NFT.

 
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