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S'évader du zoo pour ne pas crever (de) l'écran

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Le jeune philosophe Olivier Razac signe un ouvrage subversif et incisif. Dans "L'Ecran et le zoo", il prône l'éthique dans sa véritable acception retrouvée et ouvre des voies pour penser autrement. Une lecture salutaire.

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Quel est le lien entre votre précédent ouvrage sur "l'Histoire politique du barbelé" et "L'Ecran et le zoo" ?


J'ai voulu montrer que le barbelé était une technique de pouvoir pour délimiter l'espace. Sa légèreté et sa souplesse indiquaient que le pouvoir se retirait peu à peu de la matière pour aller vers la virtualisation. Comme en témoignent les technologies de surveillance d'aujourd'hui. Les émissions, telles Loft Story, y ont recours et donnent la domestication en spectacle.

Quel travail avez-vous voulu faire vis-à-vis des médias ?


J'ai cherché à poser le problème de l'éthique. Ces émissions qui donnent en spectacle la réalité le posent. En faisant appel au volontariat, elles masquent leur contrôle des représentations et des comportements des individus. J'ai voulu esquisser une éthique de la morale en faisant appel au dégagement vis-à-vis des opinions communes et des coutumes. Cette réflexion s'oppose au consentement, à l'auto-domestication. Et c'est lorsque la conscience n'adhère pas à elle-même que se glisse l'éthique. Elle coupe alors ses automatismes et recherche une autonomie de pensée.

Comment analysez-vous ce spectacle de la réalité ?


Il réduit l'inconnu au sens commun en appliquant une typologie parodique sur une réalité mise en scène. Il s'agit d'abord de se reconnaître dans des personnages qui se sont reconnus dans des types déjà connus. Il s'appuie sur la paresse et la peur du travail de connaissance pour proposer une typologie divertissante et rassurante. C'est comme lors d'une visite au zoo. On vient voir les fauves pour reconnaître que les corps exposés correspondent bien à l'idée que l'on s'en fait. Le spectacle de la réalité ne produit aucun savoir, mais confirme, authentifie et légitime le savoir normalisé du sens commun, l'identification de toute altérité dans les figures du "même".

Le mot éthique est devenu à la mode. Qu'en pensez-vous ?


(Rires) Ce mot est totalement dévoyé. Il est utilisé pour des raisons d'image. C'est une confusion avec la notion de déontologie fonctionnelle, c'est-à-dire d'une pratique qui s'inspire des règles en vue d'un fonctionnement meilleur.

Selon vous, comment le marketing pourrait-il évoluer ?


Il pourrait faire la preuve de sa capacité à se renouveler ne se contentant plus d'imposer, de faire aimer et désirer des modes de vie. Il pourrait considérer l'individu autrement qu'en défenseur de sa propre identité factice et de stéréotypes auxquels il est censé vouloir ressembler. * L'Ecran et le zoo. Spectacle et domestication, des expositions coloniales à Loft Story. Editions Denoël.

 
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