Durs constats
Une capacité de conviction en recul, une capacité d'évocation en baisse,
une crédibilité qui diminue, toujours plus de mal à se démarquer… Bref, une
perte de force. Le constat effectué par l'édition 2005 de l'étude Megabrand de
TNS Sofres (voir la rubrique “Le Point Sur”) n'est pas particulièrement tendre
pour les grandes marques. Si certains en doutaient encore, se réfugiant
derrière la subjectivité d'impressions, ou évoquant une pensée qualifiée de
volontairement provocatrice, ils vont désormais devoir regarder la réalité en
face. Tout aussi dur, mais tout aussi réaliste, est le constat effectué par
les deux co-présidents du groupe Ipsos, interviewés dans ce numéro. Sur
l'affaiblissement de la valeur des marques, la banalisation des produits, la
“crise de l'intelligence des marketeurs”, leur désarroi face au manque de
réaction et à l'infidélité d'un consommateur qui n'en ressent pas la moindre
culpabilité. Responsable “et” pas coupable, en quelque sorte. Les millions
d'euros dépensés dans les programmes de fidélisation ne porteraient-ils donc
pas forcément leurs fruits ? Une question sans doute un peu caricaturale, mais
que l'on ne peut s'empêcher de poser. Cela dit, tout espoir n'est pas perdu. A
en croire l'étude réalisée par les agences européennes du groupe BBDO sur les
jeunes Européens de 20 ans (lire en page 16), ces derniers aiment les marques.
Ouf ! Mais, car il y a en a un, à condition qu'elles expriment une forte
personnalité, qu'elles aient une âme. Ce qui n'est pas forcément le plus simple
à créer, ou à recréer, aujourd'hui. Et sous-entend aussi une nécessaire prise
de risque. Peut-être le plus difficile aujourd'hui lorsque l'on est coincé
entre le sacro-saint cours de bourse, l'inévitable ROI, les ratios
internationaux ou autre stratégie globale, ou même “glocale”, pour employer ce
drôle de néologisme. Mais clairement une condition du succès.