DossierQuand Breizh Cola part à la conquête de nouveaux marchés
2 - Breizh Cola fait souffler le vent du large sur Paris
Après dix ans d'essor régional, la marque s'est déployée sur la capitale l'an dernier et veut séduire tous les Parisiens, Bretons ou non. Récit et premier bilan d'une offensive marketing.
Un jour, deux irréductibles Bretons ont décidé de lancer leur propre potion locale, un cola astucieusement baptisé Breizh Cola. " Dès le départ, j'ai été convaincu qu'il y avait de la place pour nous sur le marché ", affirme Stéphane Kerdodé, cofondateur de Breizh Cola.
L'idée a germé en 2001. Soutenus par leur entreprise de l'époque, leurs amis et leur famille, Stéphane Kerdodé et son collègue Éric Ollive fondent Le Phare Ouest pour commercialiser leurs premières bouteilles, en 2002-2003.
Malgré un lancement très empirique, la marque gagne du terrain jusqu'à représenter, dix ans plus tard, 15 % du marché des colas dans le Grand Ouest - derrière Coca-Cola mais devant Pepsi. Dès le départ, le ton est donné : humour, second degré et jeux de mots.
C'est avec la même fantaisie que Breizh Cola décide de se lancer, en 2012, à l'assaut d'un nouveau marché : Paris. Volontiers surnommée "le sixième département breton" tant les natifs de la région y sont nombreux, la capitale s'est imposée comme une évidence.
En avril 2013, soit deux mois avant le lancement effectif, un consommateur sur deux connaît déjà la marque en Île-de-France (selon OpinionWay). " La diaspora bretonne réclamait notre cola, poursuit Stéphane Kerdodé, mais il a fallu un an de préparation pour que l'on se donne les moyens de réussir. "
D'abord, la marque a investi dans un nouvel outil de production capable de répondre à une demande accrue, en collaboration avec un producteur local de cidre. Puis, elle a suivi l'association commerciale avec ce même partenaire. " Cela a été la deuxième étape de notre covoiturage industriel ! Ils étaient déjà présents sur le marché parisien et notre structure commerciale distribue nos colas, nos bières et leurs cidres. "
Communauté, réseaux sociaux et distribution
Le but de la marque est de proposer ses produits à tous les Parisiens et aux touristes qui, revenus de Bretagne, cherchent du Breizh Cola à la capitale. " Nous ne faisons pas de communautarisme ", assure Stéphane Kerdodé.
Un choix, une troisième voie à l'alternative "cola" dominée par les deux géants américains. Breizh Cola s'est appuyée sur sa communauté d'origine, sur les réseaux sociaux et sur une distribution qui a joué le jeu. " Intermarché, par exemple, a eu vent de notre arrivée et a fait ses propres publicités pour annoncer notre venue. "
Sur les réseaux sociaux, en revanche, la marque a engagé une agence spécialisée. Avec beaucoup d'humour, Extrême Sensio organise, en 2013 "Le Grand Ravitaillement" de la capitale par quatre valeureux Bretons en... triporteur ! Un périple de 400 kilomètres relayé sur Facebook et Twitter, qui donne une visibilité élargie à la marque sur une cible jeune (plus 300 % de fans et plus de 500 000 contacts via Twitter) et dans les médias.
La marque est référencée ou en passe de l'être (Auchan, Monoprix...) chez presque tous les distributeurs. Les chiffres de vente ne sont pas encore publiés, " mais les résultats sur les premiers mois de 2014 sont très encourageants ".
L'arrivée sur un nouveau marché a fait évoluer la marque. " Pour moi, le nom Breizh Cola est une évidence, conclut Stéphane Kerdodé, mais pas à Paris. On s'est rendu compte que la lecture de l'étiquette était un peu difficile, alors on a retravaillé notre bloc-marque. Pour une identité plus forte, on sort notre propre forme de bouteille et trois nouveaux produits en octobre. Finalement, aller à Paris nous a donné davantage de crédibilité en Bretagne. "