AppGratis banni de l'App Store
L'application spécialisée dans la promotion d'applications gratuites à durée limitée, a été supprimée de l'App Store par Apple. Fleur Pellerin, ministre chargée de l'Economie numérique, a plaidé en faveur d'une neutralité du Net étendue aux plateformes d'applications mobiles.
La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans l'univers des startup françaises. L'application mobile AppGratis, dont le concept est de proposer à ses utilisateurs gratuitement pour une durée limitée de 24h une application traditionnellement payante, s'est faite brutalement et unilatéralement déréférencée du magasins d'applications d'Apple.
Incompréhension - Cette décision du géant américain tombe mal pour AppGratis, qui avait levé en janvier dernier, 13 millions d'euros auprès d'investisseurs, afin notamment, de financer l'accélération de son déploiement à l'international. Dans une lettre ouverte publiée sur le blog officiel d'AppGratis, son directeur général, Simon Dawlat, raconte qu'il débarquait d'avion, à Sao Paulo, au moment où il a appris cette nouvelle : "12 millions d'utilisateurs se demandent où leur app préférée est passée. 45 employés se demandent s'ils seront au chômage dès lundi. Mes partenaires et mes investisseurs sont en état de choc. Et moi, je me retrouve avec cette situation hautement improbable à gérer, à des milliers de kilomètres de mes équipes".
Sa surprise était d'autant plus importante qu' Apple avait donné son feu vert pour la troisième version d'AppGratis pour iPhone en novembre 2012, ainsi que celle pour iPad, une semaine seulement avant le drame. "Au début, j'ai pensé que nous avions été victimes d'un malentendu, d'un simple problème de communication interne, et non d'un invraisemblable bannissement des apps tierces. (...) Comment ne pas juger improbable qu'une société aussi importante qu'Apple change d'avis du jour au lendemain, dans ce qui ressemble avec le recul à un drôle de caprice".
Fleur Pellerin à la rescousse - Remontée jusqu'aux plus hautes instances, la malencontreuse aventure d'AppGratis a fait l'objet d'une mobilisation de la part de la ministre en charge de l'économie numérique, Fleur Pellerin, qui s'est déplacée dans les locaux de la société afin d'attirer l'attention d'Apple sur "la mise en difficulté des 40 salariés employées dans cette entreprise".
Soulignant par ailleurs, qu'il s'agit "d'une crise qui justifie que l'on prenne la mesure de la manière dont ces grandes plateformes aujourd'hui peuvent imposer unilatéralement des conditions de fonctionnement qui ne sont pas compatibles avec l'éthique que l'on peut attendre de ces grandes entreprises".
Lire aussi : Apple Music, Marmiton, Reddit, YouTube... Médias et réseaux sociaux : quoi de neuf ? (16 - 20 décembre)
Celle-ci a également mis en avant les problématiques soulevées par le rapport du Conseil national du Numérique sur la neutralité du net, pouvant aujourd'hui soulever la question "de savoir si cette neutralité ne peut pas s'envisager plus largement, et être étendue à ces plateformes dont certaines occupent des positions de marché extrêmement confortables (...) ne leur permettant pas pour autant des comportements qui paraissent peu compatibles avec le principe de neutralité", et cela en dépit d'un certain éloignement de la définition originale du concept de neutralité du net.
La position d'Apple - Si les véritables raisons d'Apple sur cette décision sont donc assez floues, selon le site "All Things D" il est possible qu'elle soit liée au concept de l'application, qui promeut des applications, ce qui est normalement la fonction de l'AppStore, "sans proposer de divertissement durable". "En d'autres termes, les applications reposant sur un modèle de recommandations sponsorisées ne peuvent pas compter sur une collaboration avec Apple".
Aussi, les règles d'utilisation de l'App Store (la fameuse "Guideline"), précisent que "les développeurs qui spamment l'App Store avec de nombreuses versions d'applications similaires seront radiés du programme des développeurs iOs".
Or, sur ce point, déjà confronté à cette situation au préalable, Simon Dawlat a déjà fait son Mea culpa : "A l'automne 2011, je le concède, nous avons fait une erreur. Nous avons décidé d'utiliser une app différente pour chacun des territoires où nous voulions lancer AppGratis, une version localisée de la même app, pays par pays : une très bonne solution pour se déployer rapidement. Mais, très vite, non seulement nous nous sommes retrouvés avec plus de 20 applications à gérer dans l'App Store (autant dire un cauchemar pour notre équipe technique)".
Lire aussi : TF1, Netflix, Google, TikTok et Deezer... Médias et réseaux sociaux : quoi de neuf ? (02 - 06 décembre)
lang="fr" width="460">friends, please send me your strength!
- Simon Dawlat (@Virtualgoodz) 10 avril 2013
L'avenir - Pour la suite, Simon Dawlat se veut rassurant, auprès de ses usagers notamment et par effet de capillarité, de ses investisseurs : "Tout d'abord, nous avons le devoir d'apporter à nos utilisateurs iOS leur app gratuite quotidienne. Nous le faisons depuis 4 ans, nous n'allons pas arrêter. Même si nous sommes encore complètement abasourdis par la décision d'Apple de retirer de leurs rayons un service utilisé par des millions de leurs utilisateurs, ces personnes ont encore AppGratis installée sur leurs iPhones, leurs iPads et nous maintenons notre engagement envers eux". L'application étant par ailleurs, toujours disponible sur le Google Play (Android).
Quoi qu'il en soit, si le cas AppGratis est pour l'instant isolé, il pourrait bien toucher d'autres éditeurs d'applications, dont le modèle et la physionomie sont très proches de ce dernier. Il pourrait donc être le premier d'une longue série de bannissements de l'AppStore.
Sur le même thème
Voir tous les articles Cross canal