The Body Shop : moins vert, plus équitable
C'est en France que The Body Shop a choisi de tester sa troisième génération de magasins. Une évolution qui s'inscrit, depuis la nomination à la tête du groupe du français de Patrick Gournay, dans un plan global de rénovation de la marque.
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Vingt-trois ans après l'ouverture du premier magasin à Brighton en
Angleterre, par la très énergique Anita Roddick, The Body Shop ouvre sa
nouvelle génération de magasins, en exclusivité mondiale, dans le centre de
Lille. « Le marché anglais nous est déjà acquis, explique Christophe Mura,
directeur de marché de la filiale française. D'autre part, le marché français,
fief des cosmétiques et de la parfumerie, compte des consommatrices plus
exigeantes. C'est donc un challenge et l'assurance, s'il fonctionne bien ici,
que le concept marchera également ailleurs. » Les magasins tout verts, qui
avaient écopé du sobriquet "green box" outre-Manche, se sont multipliés selon
un format standard depuis vingt ans. En 1998, plus de 400 magasins dans le
monde avaient bénéficié d'un lifting qui visait à créer un plus fort impact
esthétique.
La règle des 3 R
Mais c'est en France que
Patrick Gournay, P-dg du groupe depuis juillet 98, a choisi de faire le test
d'un Body Shop du troisième type. The Body Shop a d'abord cherché à être encore
plus en phase avec les principes qu'elle défend. Sa règle des "3 R"
(réutiliser, recharger et recycler), déjà appliquée aux emballages, est mise en
pratique à Lille à la boutique elle-même. Avec l'utilisation de matériaux
inédits tels que des panneaux de chanvre aggloméré pour les tables de
démonstration, des pots de yaourt recyclés pour les tabourets, du plastique
recyclé pour les pavés muraux et des panneaux de bois flotté. Des matériaux
réutilisés, comme du sol en béton brut d'origine et des matériaux récupérés :
"vieilles" caisses en bois pour contenir les produits d'impulsion sur le
comptoir-caisse, anciennes poignées de pharmacie, hublots de machine à laver
comme éléments de merchandising. L'enseigne entend également réinvestir le
territoire de la naturalité au travers de ce magasin-test. Des teintes comme
l'aubergine et l'acajou viennent ainsi réchauffer le "vert Body Shop" qui a
désormais statut de référence pantone. Des éléments tels que la terre cuite, le
pavé de verre, les colonnes en béton incrustées de feuilles végétales veulent
contribuer à apporter au magasin plus de clarté et de bien-être pour la
clientèle. Pour la première fois également, le magasin montre la volonté de
s'intégrer plus harmonieusement à son environnement. La façade du magasin
lillois est ainsi agrémentée de granit et d'un lettrage à la feuille dorée
selon la tradition architecturale et décorative de la région.
Toujours plus d'éthique
Ce concept rénové met aussi
l'accent sur le service avec désormais des soins en cabines, des vasques pour
essayer les produits et force tables de démonstration. Côté informatif, comme
le fait remarquer Christophe Mura, « les consommatrices nous demandent de plus
en souvent des informations concernant les principes du commerce équitable. Il
existe désormais un véritable intérêt des clientes pour ce sujet ». Un attrait
qui justifie plus d'informations in situ et plus d'implication du personnel,
même si ce dernier est sensibilisé dès sa formation à ces principes. La marque
prévoit également de lancer de nouveaux produits en ce début d'année notamment
la gamme Ayurveda, à base d'huiles essentielles indiennes, et des soins pour
hommes. Et puis, après le succès retentissant du mannequin Ruby, tout en
rondeurs, en mars 98 - image de la femme qui voulait en finir avec les diktats
des canons de beauté synonymes de maigreur, voire d'anorexie -, on attend avec
impatience, une nouvelle campagne, au milieu de l'année. Qui, foi d'Anita
Roddick, devrait encore détonner.
BODY SHOP EN BREF
1 702 magasins dans 49 pays d'Amérique, d'Europe et d'Asie. 400 produits et accessoires. Un produit Body Shop se vend toutes les 0,4 seconde dans le monde. CA 1998/1999 : 303,7 millions de livres.