Santé : la carte du paysage français
À LIRE AUSSI
- Les Hauts Revenus adeptes des valeurs sures
- Entreprises et éthique : la vision des citoyens
- L'internaute aime la beauté sur laToile
- Je t'aime moins non plus
- La marque réconciliera-t-elle annonceurs et agences ?
- Georges Lewi (High Co Institute) :La marque est la fille indigne du marketing
- Les Hauts Revenus adeptes des valeurs sures
- Entreprises et éthique : la vision des citoyens
- L'internaute aime la beauté sur laToile
- Je t'aime moins non plus
- La marque réconciliera-t-elle annonceurs et agences ?
Resituer le patient au cœur du système : tel était l'objectif clairement
exprimé par l'institut A+A en lançant au printemps dernier son outil
d'observation et d'analyse PrismS Santé, destiné à l'ensemble des
professionnels de la santé. Une étude reposant sur la mise au point de fonds de
cartes sur lesquels les acteurs peuvent positionner leurs différentes
problématiques. Fonds de cartes correspondant à des typologies concernant
l'observance, les pratiques alimentaires, les styles de vie / habitudes médias,
l'accès aux soins, l'image des acteurs de la santé. Avec EuroprismS Santé,
carte du paysage santé français, réalisée en collaboration avec l'agence de
presse spécialisée Destination Santé, l'objectif de départ est aujourd'hui
concrétisé.
Huit types d'individus
La typologie
générale, présentée ici en exclusivité, a été construite à partir des variables
les plus structurantes des différents fonds de cartes. « Lorsque l'on parle aux
Français de leur santé, constate Serge Andrieu, l'un des géniteurs avec Alain
Collomb d'EuroprismS Santé au sein d'A+A, on voit qu'ils font la synthèse de
tout ce qui compte, même de loin. Ce qui aboutit à une carte harmonieuse de la
population par rapport à tous les aspects de la santé, parce qu'ils résonnent
les uns avec les autres. » Cette typologie, d'individus et non de foyers, est
bâtie autour de deux axes : “Maladie - Santé” pour l'horizontal et
“Automédication - Promptitude à la consultation” pour le vertical -, « qui
permettent de décrire 90 % de la population française », signale Serge Andrieu.
Sur un plan très général, on trouve une majorité d'hommes dans le haut du
mapping et une majorité de femmes dans sa partie basse. De même, l'axe
horizontal est nettement corrélé avec l'âge, dans un sens décroissant, de
gauche à droite. Sur les deux axes, se répartissent huit types permettant de
décrire “le patient dans tous ses états” et dont voici quelques
caractéristiques majeures.
Les Désinvoltes
(15 % de
la population) Ce sont majoritairement des personnes jeunes, 62 % de 18-24 ans,
masculines (56 %), avec une forte proportion d'étudiants (40 %) et habitant les
grandes villes. Désinvoltes, ils le sont à tous les niveaux, même s'ils ont une
tendance certaine à l'observance par rapport à leurs aînés. Suivant très mal
les recommandations en matière d'hygiène de vie, ils sont nombreux à être
fumeurs (51 %), leur alimentation n'étant pas “temporellement structurée”, ce
sont des adeptes du grignotage, des fast-foods.“Le plaisir et l'instant guident
leur quotidien, note l'étude. La santé n'en fait pas partie, du moins pour le
moment. La santé, pour eux, fait partie des projets d'avenir… quand on commence
à avoir des enfants.” Ayant une assez bonne image du médicament, ils sont
nomades en matière de médecins et ont un regard bienveillant sur le
pharmacien.
Les Alternatives (11 %)
Principalement
féminine, 18-34 ans, active, le plus souvent diplômée et issue de tous les
milieux sociaux, cette population est composée à 45 % d'individus ayant au
moins un enfant. Son alimentation apparaît plutôt désordonnée, un peu
atypique, avec du grignotage régulier… ; ce qui ne l'empêche pas d'être
attentive aux problèmes de ligne. Ayant une consommation de santé relativement
forte (dans la moyenne haute en termes de consultations), sans trop de motifs,
ces femmes pratiquent l'homéopathie (73 %), croient aux médecines alternatives
(68 %) et ont un regard méfiant envers le médicament. Accordant une confiance
limitée au médecin, elles privilégient, selon le problème, la consultation d'un
spécialiste. N'ayant pas vraiment confiance en l'hôpital, elle pratiquent une
“bienveillante co-existence” avec le pharmacien.
Les Détachés (10 %)
Là encore un groupe majoritairement féminin (67 %), d'âge
compris entre 35 et 44 ans (72 %), mélange de catégories sociales, ayant pour
moitié un enfant à charge. Ses individus, s'ils ne sont pas particulièrement
tentés par les fast-foods ne prennent pas, pour autant, plaisir à manger et
sont peu mobilisés par la diététique et le biologique. Relativement peu
observante (25 % suivent la prescription du médecin, contre une moyenne
générale de 57 %), pratiquant l'automédication, cette population est rétive à
la prise de médicaments et ne va que peu voir le médecin, pas plus qu'elle ne
demande conseil au pharmacien. “Peu concerné par la chose médicale, parce qu'en
bonne santé, c'est un type lointain, bienveillant et un tantinet critique”,
résume l'étude.
Les Sceptiques (18 %)
Majoritairement
masculin (70 %), entre 25 et 44 ans, ce groupe d'actifs, principalement cadres
supérieurs et professions libérales, se déclare en très bonne santé et consulte
peu. Il s'agit d'individus dissociant santé et alimentation ; leur observance
en matière d'hygiène de vie se résumant à la pratique régulière d'un sport.
Pratiquant l'automédication, ils sont nombreux à avoir du mal à suivre la
prescription comme les recommandations du praticien. “Ce type, mobile,
hédoniste, qui vit au présent, est assez proche de l'idée que la santé est un
marché sur lequel circule un nombre importants de médicaments inutiles, de
médecins qui en prescrivent trop, ainsi que trop d'examens”, note EuroPrismS.
Reconnaissant la légitimité de substitution par le pharmacien, ils ne le
considèrent pas moins comme un épicier.
Les Raisonnables (12 %)
Composé à 60 % d'hommes, âgés à 75 % de plus de 45 ans,
déclarant être en bonne santé, ce type est un “consommateur de soins
raisonnable”, aux dépenses de santé probablement moyennes voire faibles, tout
en ayant un regard sur le médicament emprunt de précaution. Il se retrouve plus
dans l'automédication que dans la prompte consultation. Il a une vision plutôt
réaliste des “choses de la santé”, convaincu par ailleurs que les évolutions à
venir poussent vers un système dual : une médecine pour les riches et une pour
les pauvres. « C'est un type qui ressemble à la population française dans son
ensemble », constate Serge Andrieu. Eloigné des problématiques santé,
bienveillant, mais indifférent.
Les Classiques (18 %)
Un type mixte, plutôt masculin et âgé (73 % de 55 ans et plus et 28 % de plus
de 74 ans), ayant une conscience aiguë de ses dépenses de santé, probablement
très élevées. L'automédication n'est pas dans leurs habitudes et ils font
preuve d'une observance remarquable. Manger restant pour eux un plaisir, ils
suivent avec moins de rigueur les régimes qui leur sont recommandés. Prompts à
la consultation, qu'elle soit véritablement justifiée ou non, ils ont une
véritable révérence à leur médecin, compétent, conseiller sûr et pertinent,
auquel ils sont très fidèles, comme à leur pharmacien, également extrêmement
bien considéré, sauf en cas de substitution.
Les Santévores (11 %)
A 65 % féminin, majoritairement sédentaire, ce type comprend
plus particulièrement des femmes âgées (65-74 ans), inactives, mais aussi des
mères de famille, entre 25 et 44 ans. Personnes en bonne santé, sans plus, 48 %
d'entre elles sont cependant en situation de surpoids, voire d'obésité.
Rigoureuses sur le plan de l'observance, elles le sont moins en matière
d'hygiène de vie ou d'hygiène alimentaire. Sensibles à l'homéopathie, aux
produits à base de plantes, elles le sont également aux médecines douces ou
alternatives. Oscillant entre une fréquentation excessive des médecins et
l'automédication, elles considèrent que beaucoup de médicaments pourraient être
vendus en grandes surfaces. Mais font confiance à leur médecin, à l'hôpital,
pour les maladies graves, et à leur pharmacien.
Les Dépendantes (5 %)
85 % de femmes dans ce dernier type, fortement dominé par les
plus de 55 ans. Des personnes vivant en couple dans 44 % des cas, avec un
revenu faible, et ayant, de par leurs maladies (insuffisance cardiaque,
hypertension, diabète… en proportion plus forte que la moyenne), une fréquence
de consultation élevée. Si elles suivent avec rigueur la prescription du
médecin, 55 % d'entre elles pensent que certains médicaments permettent de ne
pas avoir une hygiène de vie trop stricte. Ne se retrouvant pas dans l'univers
de l'automédication, elles font confiance à leur médecin et lui sont fidèles.
Tout comme à leur pharmacien. Elles révèrent l'industrie pharmaceutique qui a
mis au point ces médicaments qui leur sont chers… dans tous les sens du terme.
Somme de données considérable, EuroprismS Santé peut donner lieu à de multiples
croisements et analyses marketing et communication. « Cette étude produit des
insights qui permettent, par exemple, de savoir comment se positionner et avec
quel type d'arguments », illustre Serge Andrieu. Elle est également enrichie
par les études qualitatives menées par A+A.
Méthodologie
EuroprismS Santé a été réalisée par l'institut d'études A+A et l'agence de presse Destination Santé, à partir d'un sondage réalisé entre le 1er et le 10 juillet 2003, auprès d'un échantillon de 1 025 personnes âgées de 18 ans et plus,construit selon la méthode des quotas, représentatif de la population française. Interviews d'une heure en face à face au domicile des personnes interrogées.
Leurs fréquentations médias
Les Désinvoltes. Lisent peu la presse. L'image compense l'écrit : 46 % passent quotidiennement plus de 3h 30 devant la télévision, surtout en deuxième partie de soirée. Les Alternatives. Des lectures identiques à celles de la population française. Passent un peu de temps devant la télévision le soir, spécialement en deuxième partie de soirée. Attentives à l'information médicale dans les médias, sans plus. Les Détachés. Lisent régulièrement la presse d'information générale. Passent un temps limité devant la télévision. Peu attentifs à l'information santé, sans la négliger pour autant. Les Sceptiques. Lecteurs de PQN, presse quotidienne et magazines économiques, magazines d'informations générales. Peu de temps pour la télévision. Pas plus sensibles que le reste de la population à l'information santé. Les Raisonnables. Lecteurs avant tout de PQR. Attirés significativement seulement par le journal de 20 h à la télévision. Non mobilisés par l'information santé. Les Classiques. Lecteurs quasi exclusivement de PQR et presse senior. Passent beaucoup de temps devant la télévision (53 % plus de 3h 30 par jour). Non intéressés par l'information santé, ressort exclusif de leur praticien. Les Santévores. Lectrices de presse santé et de magazines féminins. A la télévision, préfèrent les journaux et les jeux. Les Dépendantes. Lectrices de magazines féminins, de presse santé et people. Temps mesuré devant la télévision, regardée surtout l'après-midi.