Point Vert, Magasin Vert, de plus en plus mûrs
Deux enseignes, beaucoup de points communs, mais deux positionnements distincts. Du Lisa (libre service agricole) à la jardinerie, des zones rurales aux populations urbaines, Apex n'a voulu oublier personne.
Je m'abonne
D'un côté, Point Vert. Un "Lisa", formule de distribution professionnelle
qui s'est peu à peu ouverte au grand public. De l'autre, Magasin Vert, une
jardinerie au sens le plus classique du terme. Deux enseignes distinctes, deux
créneaux, mais une telle communion dans l'évolution, dans l'organisation, dans
les résultats... qu'il est aujourd'hui bien difficile de les dissocier. Prenons
les chiffres. Assez moyens, il faut bien le reconnaître pour l'exercice 2001.
Environ 6 % d'évolution globale, un peu plus pour Point Vert, un peu moins pour
Magasin Vert. C'est malgré tout mieux que le marché de la jardinerie dans son
ensemble, plombé par une météo épouvantable. Les exercices précédents sont
autrement éloquents. + 16 % en 2000 par rapport à 1999 (+ 17 % pour Point Vert,
+ 13 % pour Magasin Vert), plus de 30 ouvertures lors de ce même exercice,
environ 50 % de progression au cours des cinq dernières années, soit trois à
quatre fois mieux que le marché... Les courbes des deux enseignes sont
parallèles sur la jardinerie, univers de référence. Un marché d'environ 5,35
milliards d'euros (35 MdF) sur lequel Apex tire son épingle du jeu.
Organisation
Prenons maintenant l'organisation. Les
enseignes s'appuient sur un mode de fonctionnement atypique, avec un système
pyramidal qui, outre Apex au sommet, intègre en son centre six "masters" et à
la base, les points de vente. La logique rappelle assez celle des coopératives
de commerçants, mais le système des masters n'est pas dépourvu d'originalité. «
L'idée était de fédérer des grands groupes régionaux et de les réunir dans
Apex, qui se définit comme une "franchise partenariale"», explique Gilles Le
Port, directeur général. Dans la foulée de Vert Expansion Ouest, filiale de
Coopagri Bretagne, cinq autres masters se sont créés. Apex travaille ainsi en
partenariat étroit avec ces masters pour le référencement, les conditions
d'achat, la communication globale... Ensuite, chaque master gère en direct les
achats auprès des fournisseurs, anime les magasins via un programme de
promotion et de communication, développe son réseau en modernisant les points
de vente, recherche de nouveaux franchisés... Exemple de ce fonctionnement
partenarial, le référencement. Tous les ans, plus de 20 commissions recueillent
les souhaits des magasins. Lors de ces réunions, les responsables des masters,
les franchisés et les chefs de produits de la centrale décident à l'unanimité
des orientations à mettre en oeuvre. Le fonctionnement est identique pour Point
Vert et pour Magasin Vert Côté marque propre aussi, Point Vert et Magasin Vert
sont logées... à la même enseigne. « La déclinaison d'une marque propre ayant
pour objectif de renforcer notre positionnement de spécialiste du jardin, il
était logique d'utiliser notre enseigne la plus forte dans ce domaine, estime
Gilles Le Port. A savoir Magasin Vert. Dans une logique d'économie d'échelle,
la marque est déclinée dans les Point Vert. Ce qui ne pose guère de problème de
cohérence dans la mesure où les logos sont très proches. » Avec ses semences,
bulbes, gazons, rosiers, engrais et son équipement de jardin, la marque Magasin
Vert pèse environ 20 % de l'activité jardin. Grande homogénéité, enfin, en
matière de communication. Du sponsoring météo à la presse magazine (Notre
Temps, Elle, Télé 7 jours, Paris Match...), Apex développe une communication
globale identique sur les deux enseignes. Côté promo, c'est sans surprise le
prospectus qui prend le relais. Sur chacune des enseignes, six opérations
nationales sont mises en place dans l'année. Soit au total 18 millions de
prospectus distribués. Opérations nationales auxquelles viennent s'ajouter des
opérations régionales décidées par les masters. Point Vert et Magasin Vert
développent enfin une démarche de fidélisation, testée par le master Vert
Expansion et sur le point d'être généralisée à tout le réseau. Cette démarche
repose sur une carte de fidélité et sur la construction d'une base de données
clients, renseignée lors de l'inscription et par le contenu des paniers.
Objectif, mieux cibler la communication via des remises et des mailings adaptés
aux profils de clients.
Point Vert, des origines agricoles
Reste que les deux enseignes sont distinctes et
correspondent à des positionnements précis. Point Vert est donc ce que l'on
appelle un Lisa, même si Apex préfère le terme de "multispécialiste de
proximité". « Attention, nous ne renions pas nos origines agricoles, insiste
Gilles Le Port. Bien au contraire. D'une part, ce sont nos racines. D'autre
part, beaucoup de consommateurs trouvent dans ces origines un mélange de
professionnalisme et d'authenticité qui répond à de nouvelles attentes. Des
enseignes purement discount ont du mal à capter cette image d'authenticité. » A
l'origine, les Lisa ont été créés pour répondre à une demande professionnelle.
Plutôt entrepôts que magasins, ne dit-on pas que les agriculteurs pouvaient s'y
rendre en tenue de travail... Mais les temps ont changé. Sous l'impulsion de
Gamm Vert, le leader (600 points de vente environ) et de Point Vert, son
challenger (les deux seules ensei-gnes véritablement nationales totalisent
environ 60 % de ce marché), on a assisté à un développement des assortiments
vers le grand public, à une réorientation de la communication dans le même
sens, à la rénovation des implantations, au développement de concepts
merchandising plus aboutis. Autant d'éléments qui ont davantage "typé" le Lisa
grand public et qui l'ont placé en concurrence directe avec les enseignes
phares de la jardinerie et du bricolage. A savoir, dans le cas de Point Vert,
enseigne plutôt rurale, les Weldom et autres Bricomarché. Un magasin Point
Vert, c'est de 300 à 2 000 m2 de surface de vente. On y trouve cinq familles de
produits. Point fort : le jardin. C'est un axe que l'enseigne continue de
développer en créant des marchés couverts pour la distribution des végétaux de
printemps. Un mot, à ce sujet, sur les optimisations et agrandissements de
magasins, extrêmement nombreux. A titre d'exemple, si seuls 9 magasins ont été
ouverts en 2001, l'équivalent de 15 à 20 magasins ont été ouverts si l'on prend
en compte les agrandissements. Autres familles de produits, l'animalerie (mais
pas d'animaux vivants), le bricolage, l'équipement rural (destiné aux
agriculteurs) et l'habillement.
Magasin Vert, le mono spécialiste
Mais quelles sont les raisons qui déterminent
l'implantation d'un Point Vert plutôt que d'un Magasin Vert ? En premier lieu,
le potentiel de la zone de chalandise. Existe-t-il un marché suffisant dans
l'univers du jardin pour un Magasin Vert ? Si oui, l'aventure peut se tenter.
Sinon, l'enseigne Point Vert, moins exigeante sur ce plan et plus large en
assortiment, sera la mieux adaptée. Magasin Vert, c'est une jardinerie, dans la
plus pure tradition des Truffaut et autres Delbard. A savoir un magasin "mono
spécialiste", ciblant uniquement une clientèle grand public intéressée par
l'environnement de sa maison. A l'image des ténors du marché, les magasins sont
plus grands, de 2 500 m2 à 5 000 m2, implantés dans des zones de chalandise
urbaines ou périurbaines. Ce concept des jardineries a littéralement explosé
avec 20 à 30 nouvelles ouvertures chaque année. C'est essentiellement dans
l'univers du végétal, extérieur et intérieur, que les Magasin Vert
s'agrandissent, au travers de marchés couverts et de pépinières.
HISTORIQUE
1991. Sous l'impulsion de Coopagri Bretagne,
première coopérative agricole française, la centrale de franchise Apex ouvre
d'un seul coup 240 magasins Point Vert. La nouvelle centrale affirme d'emblée
une puissance d'achat de 91,5 millions d'euros (600 MF) et un chiffre
d'affaires prévisionnel de 152 millions d'euros (1 milliard de francs).
PRINCIPAUX DIRIGEANTS
Jean-Luc Talec : Président du
directoire François Vidamant : Membre du directoire Gilles Le Port : Directeur
général
CHIFFRE D'AFFAIRES
Chiffre d'affaires du
réseau en 2001 : 315 millions d'euros (+ 6 %) - Point Vert : 236 millions
d'euros (+ 6,5 %) - Magasin Vert : 79 millions d'euros (+ 4,5 %)
PARC DE MAGASINS
Nombre de points de vente en France en
2001 : 405 (9 ouvertures en 2001) - Point Vert : 364 - Magasin Vert : 41