Ouï loves MySpace
Pour remédier à la perte d'audience des stations musicales traditionnelles, Ouï lance «Ouï love MySpace», une émission réalisée en partenariat avec MySpace, le site fédérateur de la communauté musicale.
Je m'abonne«Ce concept, c'est l'avenir de la bande FM musicale». Jacques Essebag - plus connu sous le nom d'Arthur - qui a repris Ouï FM en début d'année est enthousiaste. Sa nouvelle émission, réalisée en partenariat avec le site communautaire Myspace, devrait servir de modèle pour l'ensemble des stations. Car les faits sont là, et peu avenants: la bande musicale est sur le déclin. Seule Skyrock et, dans une moindre mesure, Ouï FM, arrivent encore à stabiliser leur audience. «Notre concurrent majeur, c'est l'iPod, analyse Arthur. Il faut faire en sorte que ceux qui font leur sélection musicale sur iTunes viennent le faire sur Ouï FM.» La solution se résumerait donc, en partie, à aller chercher l'audience là où elle se trouve, soit parmi les millions de membres de la communauté MySpace qui regroupe pas moins de 250 000 groupes français bénéficiant d'une notoriété plus ou moins importante. Sans oublier que, si Ouï FM s'est toujours positionné en tant que dénicheur de talent, c'est aujourd'hui MySpace qui tient le haut du pavé grâce à sa force de frappe...
Le rapprochement des deux modèles distincts - le professionnalisme de la radio et le bouillonnement du réseau social - est donc à suivre de près. «On a souvent tendance à opposer Internet et la radio, remarque Olivier Hascoat, directeur général du réseau social en France. Moi je pense au contraire qu'ils sont complémentaires et c'est ce que l'on va prouver avec ce concept.» Concrètement, cela se traduit, depuis le 2 mars, par une émission quotidienne «Ouï (we) love MySpace», diffusée entre 18h et 20h, «une tranche phare pour Ouï FM», selon le directeur général de la station, Emmanuel Rials. «C'est donc un vrai pari, d'autant plus que nous donnerons une chance à des artistes qu'aucune autre radio n'accepterait sur ses ondes», s'enflamme Arthur.
Les «audionautes» participent à la programmation
Certes, mais le pari reste maîtrisé. Car si ce sont aux groupes ayant un profil MySpace de s'inscrire, la sélection des participants diffusés à l'antenne demeure, de toute façon, l'apanage de la radio. L'émission s'organise ensuite sous forme de «battle» quotidienne, soit une compétition entre deux groupes de rock départagés par le vote des «audionautes» - la moitié de l'audience de Ouï FM se fait sur le Net - par Internet, téléphone et SMS. Et, là encore, la radio s'est offert les services d'un animateur déjà très connu de la bande FM, Bob, qui a fait les beaux soirs de Skyrock et de Fun radio dans les années quatre-vingt-dix.
Le vendredi soir, les huit groupes finalistes s'affrontent à l'antenne en présence d'un jury de professionnels ou de personnalités de la musique, sous la houlette du critique Gilles Verlant et des Wampas. A la clé, il y a la grande finale de juin, suivie d'un concert et 5 000 euros à gagner ainsi qu'un soutien Myspace et Ouï FM. De quoi taper dans l'oeil des maisons de disques... D'autant plus que celles-ci, déjà adeptes du marché sur le réseau social, auront, cette fois, le double avantage de lancer un artiste encore peu diffusé et dont le buzz sur MySpace aura été vérifié sur les ondes... La formule a un petit air de déjà-vu... «Attention, on n'est pas la Nouvelle Star, tient tout de suite à préciser Arthur. Les recalés pourront d'ailleurs avoir leur chance dans les autres émissions de Ouï. Et honnêtement, les revenus liés aux SMS seront marginaux...»
Ouï FM, bientôt en national?
Depuis la reprise en main de la station, en janvier, par l'animateur et businessman Jacques Essebag, les nouveautés s'enchaînent sur la radio rock. Nouveaux animateurs, nouvelles émissions... le nouveau patron souhaite une radio encore «plus libre et plus rock», comme l'indique désormais le claim de Ouï FM. Mais le grand cheval de bataille, c'est la diffusion nationale de la station. Aujourd'hui, uniquement sur les ondes de la région parisienne, elle ne compte que 250 000 auditeurs par voie FM et autant sur Internet. L'attribution ou non d'une fréquence nationale par le CSA ne sera décidée qu'au mois de juin, mais la radio est déjà en discussion avec de grands groupes pour être diffusée en hertzien dans une vingtaine de grandes villes françaises.