Evénementiel: du mieux pour 2010
Avec un chiffre d'affaires de 2,33 milliards d'euros en 2009 contre 2,48 milliards d'euros en 2008 (Anaé/Bedouk), le marché français des agences de communication événementielle accuse un léger repli. Et les perspectives pour 2010 sont optimistes, même si les entreprises rationalisent leurs événements.
Je m'abonneSommaire du dossier
- Les fondamentaux du marketing à l'heure du digital
- Le marché des études marketing (français et international)
- Le design, élément-clé de la stratégie marketing
- Le marché de la publicité et de la communication
- Médias et audience : TV, radio, internet, mobile, presse
- Le marché français de l'événementiel
- Marketing Services et les investissements en marketing direct
- Connaissance clients : collecte, analyse, et traitement des données clients
- E-marketing : bien utiliser les outils du marketing à la performance
Après une période de «vaches maigres» fin 2008 et tout début 2009, le secteur connaît, depuis mars, un regain d'activité. « Si l'année 2008 semble avoir été fructueuse - le marché affichant une croissance de 11 % -, c'est en grande partie due aux trois premiers trimestres de l'année. Car, à compter de septembre, tout s'est effondré. Les entreprises paralysées par la crise ont gelé leurs budgets et remis à plus tard leurs projets d'événements. Même si nous ne disposons pas de chiffres précis pour le quatrième trimestre 2008, la majorité des agences confirment une baisse de leur activité au cours de cette période, explique Frédéric Bedin, président de l'Anaé et directeur général de 'agence Le Public Système. Ce n'est que depuis le mois de mars 2009 que les appels d'offres pour de vrais projets viables soutenus financièrement par les directions générales des entreprises arrivent de nouveau. » Un redémarrage qui s'accompagne d'une demande nouvelle des annonceurs contraints, crise oblige, de rationaliser leur stratégie événementielle. « Nos clients veulent désormais des événements moins nombreux à l'année, mais plus visibles et rassembleurs », confirme le président de l'Anaé. Une demande à laquelle répondent les agences du secteur et ce, malgré leur baisse d'effectifs, le nombre d'emplois permanents étant passé de 7 700 en 2007 à 7 150 en 2008.
A - Le secteur
La crise a bouleversé le paysage français de 'événementiel. Avec 650 agences contre 715 en 2008, le marché est à la peine. « Les petites agences et les grosses structures continuent de se côtoyer et offrent aux annonceurs une offre complète et complémentaire de services », confirme Tatiana Koloboff, directrice associée de Villadalésia & co, agence conseil en création d'événements. Atomisé, le marché n'en est pas moins organisé et structuré autour de deux associations majeures, l'Anaé et l'AACC communication événementielle. L'étude Anaé/Bedouk confirme que 19 % des agences appartiennent à un réseau ou à un groupe (contre 23 % en 2008) et 45 % des agences (vs. 54 %) adhèrent à une association ou un syndicat professionnel, comme l'APS, l'Anaé ou le Snav
A - 2. L'organisation des événements
Les lieux
Afin de réduire les frais de transport, l'heure est à la proximité. L'Hexagone regroupe donc à lui seul 71 ,5 % des événements organisés en 2009 (+ 1 ,5 % rapport à 2008). L'Ile-de-France, qui concentre plus de la moitié des manifestations, est plébiscitée par les entreprises (voir tableau ci-dessous), suivie par les régions Rhône-Alpes et Paca, appréciées pour leur accessibilité et leur offre de prestations. La région Aquitaine fait son apparition en 2009. A l'étranger, l'Espagne et 'Italie restent des valeurs sûres et le Maroc maintient ses positions comme destination émergente pour 'année 2009
Les commanditaires
Le marché de l'événementiel français demeure d'origine nationale. Ainsi, 84 % (vs 85 %) des opérations sont commanditées par des clients français. Les annonceurs étrangers sont majoritairement américains et européens (Etats-Unis, Italie, Royaume Uni). Le marché est toujours tourné vers les entreprises qui totalisent 83 % des opérations réalisées. Le secteur finance/banque/ assurance confirme, en 2009, son dynamisme en matière d'événements, à l'instar des secteurs chimie/pharmacie/cosmétiques (38 %). Suivent loin derrière les organismes publics ainsi que les associations.
B - Le marché de l'événementiel s'adapte à la crise
Les entreprises qui ont dû faire face aux difficultés économiques ont été contraintes de revoir l'organisation et le déroulé de leurs conventions / séminaires. Voilà ce qui ressort du dernier baromètre 2010 tourisme d'affaires réalisé par Coach Omnium, en partenariat avec Bedouk Meetings et Events Media. Ainsi, les grands événements de type congrès/conventions tendent à diminuer, car ils représentent un coût très élevé, lourd à supporter en ce moment. A l'inverse, 'événementiel et l'incentive progressent pour des raisons de besoins de commercialisation et de motivation des équipes.
A noter que si ces rendez-vous professionnels ciblent toujours en priorité les collaborateurs de l'entreprise, on constate cette année que les événements destinés aux prescripteurs et clients se renforcent. Preuve que la commercialisation et la fidélisation de clientèle sont essentielles pour maintenir l'activité de l'entreprise, en période de récession
C - Des rendez-vous de plus petite envergure
Les entreprises qui ont dû faire face aux difficultés De fait, si la majorité de ces rendez-vous se déroulent sur deux jours, les manifestations d'une demi-journée se développent de plus en plus (10 % en 1998 contre 24 % en 2009). Elles présentent effectivement 'avantage de limiter les frais d'hébergement, de transport et de restauration, tout en maintenant les rencontres. Elles permettent aussi de mobiliser les participants moins longtemps, réduisant ainsi le temps d'absence des commerciaux sur le terrain. Pas étonnant dès lors que les rassemblements à l'étranger aient fortement diminué. Seuls 29 % des entreprises interrogées en ont organisé en 2009, contre 46 % en 2002. La tendance cette année est à une progression des manifestations regroupant entre 20 et 100 participants, effectif qui reste pratique en termes de logistique et peu onéreux, car il ne nécessite pas de louer de trop gros espaces. De plus, cela permet de réaliser des économies d'échelle, en évitant de multiplier les petites réunions. Les budgets alloués par les entreprises varient en fonction de la manifestation. La fourchette moyenne des dépenses par participant et par jour est donc ample. En 2008, contrairement aux deux années antérieures, les budgets ou dépenses moyennes ont diminué. En 2007 48 % des entreprises dépensaient plus de 230 euros par jour et par personne en séminaire résidentiel, ils n'étaient plus que 21 % en 2008 et la tendance ne devrait pas s'inverser.
Méthodologie Etude Anaé/ Bedouk 2010 (portant sur 2009)
Etude portant sur les entreprises créées avant le 1er janvier 2006, basées en France et réalisant plus de 50 % de leur CA (supérieur à 300 kEuros) dans l'événement grand public, l'incentive, les séminaires, les kick off, les réunions assemblées générales, les conventions, congrès, symposiums, salons professionnels, soirées, campagnes de stimulation, animations forces de vente, road show et lancements de produits.
Etude réalisée en collaboration avec le cabinet BBCM et Véronique Chapenet-Bouchard. Qualification par téléphone, collecte de données financières et juridiques (tribunaux de commerce) et questionnaire en ligne adressé aux agences identifiées entrant dans le périmètre de l'étude.
TROIS QUESTIONS A... Philippe Fournier, président de l'Anaé
1. Quelles grandes tendances dégagez-vous sur le marché de l'événementiel?
La première, qui se confirme ces dernières années, est celle que j'appelle le «lastminute». En d'autres termes, les entreprises décident au dernier moment d'organiser leurs événements et, de fait, s'adressent assez tardivement aux agences. Nous devons alors trouver et mobiliser des ressources supplémentaires, en termes de personnel notamment, ce qui n'est pas sans créer des difficultés et parfois des surcoûts. Deux raisons principales l'expliquent. Avec l'avènement d'Internet et des nouvelles technologies de la communication, on vit à 200 à l'heure. Les échanges sont instantanés et chacun se dit que tout peut être fait plus rapidement. Cette tendance est aussi liée à la crise que nous traversons depuis deux ans, les incertitudes et les inquiétudes qui y sont liées. Je préfère d'ailleurs parler de nouvel ordre économique mondial plutôt que de crise. Les entreprises sont plus prudentes, plus attentistes, plus timorées parfois et attendent des agences plus d'imagination, plus de créativité, plus de conseil aussi...
2. Les questions d'éco-responsabilité ont-elles aussi un impact sur ce marché?
Assurément. Les entreprises s'engagent dans des démarches liées au développement durable et à leur responsabilité sociale. Elles souhaitent donc que leurs événements aient une couleur plus écologique et plus responsable. Pour des opérations à l'étranger, elles vont par exemple souhaiter associer leurs participants à la construction d'une école ou d'un puits dans les pays en développement. Si elles font voyager leurs collaborateurs ou clients, elles nous interrogent sur les possibilités de compensation carbone. A nous de leur apporter des réponses pertinentes et personnalisées, ainsi que des approches différenciées, en lien avec leur activité ou leur coeur de métier.
3. Comment voyez-vous évoluer ce marché?
Une deuxième tendance se dessine très nettement: l'utilisation des outils high-tech lors des événements (hologrammes, plaquettes électroniques sur iPad, forums, sites événementiels). Ces outils sont très intéressants, parce qu'ils permettent plus d'implication et d'interactivité avant, pendant et après l'opération. Les participants deviennent véritablement acteurs de l'événement et plus simplement spectateurs.