To be "e" or not to be
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Dans sa grande stagnation, le marché de l'adresse B to B aura connu une
véritable perturbation : l'émergence de l'e-mailing. Et, avant même qu'elle ne
devienne un vrai marché, la commercialisation des adresses e-mails B to B aura
suscité bien des troubles, des inquiétudes et des interrogations. Ce qui, en
soi, constitue un bouleversement dans cet univers du MD à destination des
entreprises. Longtemps, les observateurs et professionnels du fichier ont
considéré que les mondes de l'adresse courrier et de l'adresse e-mail étaient
radicalement différents, obéissant à des règles bien spécifiques. Au sein du
SNCD (Syndicat national de la communication directe) a même été créée une
commission e-direct, parallèle à la commission fichiers. Aujourd'hui, les
barrières tombent et l'on réalise que l'on a affaire à deux volants d'une même
problématique. La principale différence demeurant dans les dimensions
déontologiques et légales. « L'adresse e-mail est une donnée personnelle en soi
», rappelle Fabienne Giesbert-Granovsky, directrice générale de VM Data, qui
travaille au code de déontologie du SNCD. C'est sans doute ce qui spécifie au
premier chef l'e-adresse par rapport à l'adresse postale. Un e-mail étant
considéré comme relevant de la sphère privée, même s'il est reçu sur une boîte
aux lettres professionnelle. La jurisprudence a en tout cas pesé dans ce sens.
Critère le plus demandé : la fonction
C'est en tous cas
sur cet aspect déontologique que les débats des professionnels sont les plus
animés. Et c'est sans doute la donne déontologique qui a freiné et continue de
freiner le développement du marché de l'adresse e-mail. Car, deux ans après les
premières annonces, force est de constater que l'offre peine à grandir. « C'est
Reed qui est le plus avancé en matière d'adresses e-mails B to B. Les autres,
excepté Eurobases, ont beaucoup de mal à collecter l'information. » Cet avis,
émis par un broker, est largement partagé par la profession. Aujourd'hui, le
fichier de Reed Expositions France compte 331 000 adresses, enrichies des
critères suivants : fonction, activité, sexe, taille salariale de l'entreprise,
domaine d'intérêt (déclaratif), géographie (département). Le critère le plus
demandé étant, de loin, la fonction. La société réalise sur son activité
fichiers un chiffre d'affaires de 122 000 euros, dont 40 à 45 % avec les seules
adresses e-mails. Car, pour les fournisseurs qui pourront s'offrir un ticket
d'entrée (ils sont très rares), le commerce de l'e-adresse peut être rapidement
lucratif. Imaginons une base de 100 000 adresses (un minimum pour être
commercialement crédible) louées à 0,27 euro l'unité. Imaginons que le
producteur s'interdise plus de 6 locations par mois. Et qu'il réussisse à louer
la moitié de sa base à cette fréquence. Il aura gagné, en un mois, 81 000
euros. Certes, si l'on considère que chaque adresse bénéficie d'une remise à
jour annuelle, à raison d'1,50 euro le coût contact, il dépensera chaque mois
12 500 euros en frais de qualification. Ce qui ramène les bénéfices à 68 500
euros. Soit 822 000 euros annuels. Certes, ce calcul repose sur une hypothèse
commerciale optimale.
Deux acteurs majeurs pour un marché prometteur
Il n'empêche, le marché est porteur pour qui a su
l'aborder. Et ils ne sont pas nombreux. A côté de Reed, on trouve Eurobases,
qui rassemble aujourd'hui 210 000 adresses labellisées opt-in. Pour un chiffre
d'affaires en croissance de 100 % d'une année sur l'autre. Les deux offres Reed
et Eurobases ont été lancées en même temps (en 1999). « A l'époque, il n'y
avait pas de demande sur l'e-mailing, rappelle Jean Abecassis, directeur
d'Eurobases. Aujourd'hui, l'attente est très forte de la part des entreprises.
Quand Dell affiche des taux de concrétisation commerciale de 2,78 % avec le
mail, quand HP loue tous les mois l'intégralité de notre base, qui peut encore
douter de la réalité du marché ? Aux Etats-Unis, chaque dollar investi en
génère cinq en "mail attack" et 60 en mail de fidélisation. » Pour constituer
son fichier, Eurobases, qui n'a pas le support de salons, a choisi la collecte
on line, via des sites propres et partenaires (une quarantaine aujourd'hui,
sensiblement plus à court terme, nous dit-on). « Entre Eurobases et Reed, le
taux de recouvrement est véritablement très faible : sans doute moins de 5 % »,
affirme David Berman, responsable des fichiers chez Charter, client des deux
fournisseurs. « En fait, cela dépend des profils. Mais sur certaines
catégories, on est à moins de 5 % », précise le patron d'Eurobases. Le nombre
on ne peut plus restreint d'acteurs sur le marché de l'adresse e-mail B to B
s'explique essentiellement par le coût de constitution d'une base. Le coût
contact d'une qualification par phoning est de 1,50 euro. Or, on ne peut pas se
présenter sur le marché avec une offre qui serait inférieure à 100 000
adresses. L'investissement initial minimal pour lancer un fichier tout juste
commercialisable du fait de sa taille est donc de 150 000 euros. C'est
pourquoi, seuls les acteurs qui disposent déjà d'un modèle de collecte
productif peuvent espérer constituer des bases suffisamment volumineuses pour
être rentabilisées. A l'image de Reed Expositions qui utilise ses propres
salons pour recueillir les données, ou de sociétés comme l'Européenne de
Données ou Kompass qui procèdent à la mise à jour en continu de leur base off
line.
Les grands fournisseurs B to B cantonnés aux effets d'annonce
Et, encore faut-il rester circonspect quant aux
annonces. « Kompass et l'Européenne ne sont pas sur le marché », affirmait
Emmanuel Armand, directeur départemental marketing direct de Reed Expositions
France, en janvier dernier. Et Marc Szperling, directeur associé de
l'organisateur de salons Delling Expo, et fortement consommateur d'adresses,
d'insister : « L'offre e-mails de Kompass, de Cegedim ou de l'Européenne de
Données, c'est du bla-bla. Il n'y a rien derrière. Ce qui est très
symptomatique du marché. » Nuançons. Selon plusieurs sources convergentes, fin
janvier, dans les travées de la SRC, Kompass reconnaissait avoir rassemblé 15
000 adresses. Alors qu'il prétendait en avoir réuni 20 000 lors de l'annonce de
son offre en octobre 2001. Ce qui pourrait laisser penser que l'objectif avancé
par le fournisseur (100 000 adresses à terme) ne sera pas facile à atteindre.
Nous avons sollicité Kompass, qui ne nous a pas répondu. Quant à Cegedim, il
est indubitable que le fournisseur ait constitué une base quasi exhaustive
d'e-adresses de médecins. De là à la commercialiser au tout venant... la
déontologie l'interdit nécessairement. En décembre, deux mois après Kompass,
l'Européenne de Données annonçait le lancement de son offre de fichiers
d'adresses e-mails. Une source constituée à partir de la mise à jour des
données de sa base EDirect, soit 4,3 millions d'établissements. Chaque année,
l'Européenne de Données contacte 210 000 établissements de plus de 10 salariés
à des fins d'actualisation des données. Le fournisseur revendiquait 100 000
e-adresses fin 2001 et espérait en annoncer 300 000 début 2002. Parmi les
champs désormais renseignés : les adresses e-mails des dirigeants. Critères de
sélection : tranche d'effectif entreprise, tranche d'effectif établissement,
tranche de chiffre d'affaires de l'entreprise, code NAF entreprise, géographie
(Paris-région parisienne et province), code fonction dirigeant. Où en est
aujourd'hui la base e-mails de l'Européenne ? Nous avons essayé de joindre le
producteur, où personne n'a pu répondre à cette question. Parmi les acteurs du
marché, beaucoup de témoignages concordants laissent penser que la base était
limitée, en janvier à 45 000 adresses, dont une partie non négligeable relevant
du B to C. Côté D & B, on a carrément renoncé. Du moins, les choses sont elles
en stand by. « Nous nous posons des questions, explique Sylvie Arlot Marty,
responsable marketing BDD marché français. En l'état actuel à la fois des
techniques de collecte et de la demande, est-ce qu'une offre d'e-adresses B to
B serait rentable ? Les expériences que nous avons menées en Grande-Bretagne,
par exemple, ne sont pas très satisfaisantes. Le marché existe, la demande est
de plus en plus importante, mais nous n'avons pas de visibilité sur l'impact
d'un tel investissement. » Voilà au moins qui est honnête. On murmure sur le
marché que Vivendi prépare pour 2003 la formalisation d'une base des adresses
collectées sur l'ensemble des sites du groupe. Pour une proportion réduite
d'e-adresses B to B. Décidément, les fournisseurs rament. « En fait, tous les
producteurs qui ont voulu sortir une grosse base se sont cassés les dents.
Beaucoup ont d'ailleurs souhaité racheter notre fichier », affirme Emmanuel
Armand. Et son concurrent Jean Abecassis d'aller dans le même sens : «
Régulièrement, de petits fichiers de 5 000, 10 000 adresses se constituent,
souvent commercialisés par des éditeurs de niche. Dans neuf cas sur 10, ils
finissent par nous demander de les exploiter à leur place. »
Obstacle majeur : le ticket d'entrée de l'opt-in
L'une
des techniques utilisées dans la constitution de fichiers d'e-mails B to B
repose sur la composition déductive des adresses. Une adresse mail a en effet
beaucoup de chances d'être agencée autour d'un même modèle : prénom,
ponctuation, nom, arobase, nom de la société, point, fr-com-org. Il suffit
alors, pour une société donnée et un responsable donné, de composer une adresse
selon ce référent et les quelques variantes les plus classiques et de la
tester. Procédé déontologiquement irrecevable, associé à du spamming pur et
dur. Mais, beaucoup moins coûteux que l'opt-in. DPV a constitué un fichier
niche sur la base de sa base "cadeaux d'affaires". « A partir de 8 000
adresses, nous avons récupéré par phoning 3 500 e-adresses, auxquelles nous
avons envoyé un mail demandant aux destinataires s'ils acceptaient de recevoir
des messages et sur quels sujets. Le taux de désinscription a été de 17 %, le
taux d'opt-in de 15 %. Ce qui fait 68 % d'opt-out. C'est un ratio assez normal
», détaille Patrick Visier, président de DPV. Ce qui fait un total d'un peu
plus de 500 adresses opt-in pour un potentiel initial de 8 000 et pour un
investissement de 5 250 euros si l'on estime le coût de collecte d'une adresse
par phoning à 1,50 euro (et l'on ne compte ici que le coût de la collecte
aboutie). Ruineux si l'on n'est pas assuré de faire du volume. Or, comment
faire du volume avec 500 adresses ? A la question de la "couverture" et de la
représentativité vient par ailleurs se greffer celle du mode de collecte. « Les
lois européennes favorisent l'opt-in et tolèrent l'opt-out à condition qu'il
s'adresse à des clients. Reste à interpréter le terme "client" », souligne
Fabienne Giesbert- Granovsky. Si ce terme est compris dans une acception très
large, un peu comme le "customer" aux Etats-Unis, englobant également le
prospect, alors, pas d'inquiétude pour les défenseurs de l'e-mailing. Dans le
cas contraire, si l'on entend par client une personne qui a franchi le pas
d'une tractation commerciale, l'e-mailing restera un mode de contact
extrêmement limité. C'est d'ailleurs ce qui a confirmé D & B dans sa réticence
à lancer une offre. La société avait émis il y a plusieurs mois l'idée
d'attaquer ce marché de l'e-mail via des partenariats avec des sites
susceptibles de garantir une collecte suffisamment volumineuse. « Nous n'avions
pas à l'époque, et nous n'avons toujours pas de site permettant de constituer
une base d'adresses e-mails exploitables en marketing direct. Et, au vu des
nouvelles lois européennes, nous n'avons pas pu construire de partenariats
satisfaisants », remarque Sylvie Arlot-Marty.
"L'opt-in en B to B n'existe pas"
Aujourd'hui, le débat opt-in opt-out est
essentiellement régi par des prétentions déontologiques. Cependant, le
législateur européen, dont les dernières positions en la matière relevaient
plutôt d'une non-position, pourrait, dans les mois qui viennent (environ 18
mois, estiment les professionnels), définir un cadre légal qui apparenterait
l'opt-in communautaire à ce que l'on considère en France comme de l'opt-out. Il
faut dire que l'opt-in français est l'un des plus contraignants qui soit
puisqu'il repose sur un consentement actif, express et positif du propriétaire
au principe de commercialisation de son adresse. L'opt-out qualifie un
consentement passif, le propriétaire n'ayant exprimé aucune opposition à
l'utilisation commerciale de son adresse. A cet égard, il faut être clair :
l'opt-in en B to B n'existe pas. On s'oriente donc vers la préconisation d'un
opt-out "maîtrisé" : mention de la source dans le corps du mail, limitation de
la fréquence d'utilisation des adresses à 4 à 6 fois par mois. « Si l'on veut
que ce marché de l'adresse e-mail existe, il faudra forcément préconiser
l'opt-out », résume Emmanuel Armand. PH7 ne louera pas ses adresses plus de
quatre fois par mois. De même qu'Eurobases. De son côté, l'Européenne de
Données s'engage à ne pas les louer mensuellement plus de 8 fois. La définition
de règles quant à la fréquence d'utilisation des adresses est capitale pour le
développement de l'e-mailing. Le faible volume d'adresses aujourd'hui
commercialisées pourrait en effet rapidement amener la demande à sur-solliciter
l'offre, à en altérer la pertinence et, partant, à tuer dans l'oeuf un marché
qui n'aurait pas eu le temps de prendre toute son ampleur. Pour un fournisseur,
l'un des meilleurs moyens de s'assurer le contrôle de la fréquence
d'utilisation consiste à développer sa propre plate-forme de routage. C'est le
cas d'Eurobases, qui, depuis septembre 2001, a "bouclé la boucle". La société,
qui avait toujours eu recours à des partenaires, comme e-Mail Vision, pour
acheminer les messages des annonceurs jusqu'à leur cible, s'est dotée d'une
plate-forme de routage avec une capacité d'envoi de 135 000 mails à l'heure. Ce
pour mieux gérer les NPAI, nombreux dans l'e-mailing. « Lorsque nous faisions
appel à des routeurs, dans certains cas, les NPAI ne nous étaient pas retournés
», note Jean Abecassis. L'intégration du routage permettant d'autre part de
développer des services complémentaires à la simple location de la matière
première : tracking et rapports de routage, suivi des campagnes d'e-mailing.
Les diffuseurs de newsletters a priori moins regardants
Mais, quelles que soient les garanties susceptibles de se prémunir quant à
certaines pratiques, la déontologie n'est pas en soi coercitive. Et,
lorsqu'elle risque de desservir la productivité commerciale des fournisseurs et
producteurs, on est en droit de douter de la bonne foi des déclarations
d'intention. « Lorsque l'adresse constitue une activité annexe pour le
producteur, celui-ci fera véritablement attention à la fréquence et au type
d'utilisation de son fichier. C'est le cas, par exemple, dans la presse
financière. C'est également le cas pour une société comme Reed Expositions. Il
est certain que certains diffuseurs de newsletters seront beaucoup moins
vigilants », résume Yann Gozlan, directeur du développement de Charter. Pour
certains fournisseurs d'adresses, la solution se trouve dans le développement
commercial parallèle de deux offres distinctes : un fichier opt-in et un
fichier opt-out. C'est le cas de PH7, qui entend sonder sa base d'adresses dans
le secteur de la consommation hors domicile, constituer deux sources distinctes
et jeter les adresses en opposition. Aujourd'hui, le fournisseur n'a constitué
qu'une base France de 32 000 adresses e-mails et une base Europe de 80 000
adresses. Mais il ne la commercialisera pas avant de l'avoir qualifiée. Ce qui
apportera un peu d'oxygène à une offre assez statique. Et ce, malgré le
potentiel. « Je pense qu'il existe en France un potentiel de 4 millions
d'e-adresses, dont la moitié en B to B. Mais la plupart ne sont pas rassemblées
dans des fichiers commercialisés », affirme Yann Gozlan.
Des packages pour "éduquer" la demande
« Si nous ne sommes que deux
gros fournisseurs (Reed et Eurobases, ndlr), c'est que le marché n'est toujours
pas structuré et que l'éducation des annonceurs à l'e-adresse reste à faire »,
affirme Emmanuel Armand. Le faible niveau de maturité du marché a poussé cette
société à proposer une offre de services packagée afin de dispenser les
annonceurs des différentes étapes techniques constitutives d'une opération
d'e-mailing en B to B. « Nous prenons en charge l'ensemble de l'opération,
explique Emmanuel Armand. Quelle est sa stratégie, quelle est sa cible ? Nous
montons le plan-fichiers, routons les adresses, gérons le tracking et le
reporting. » Ce, sur une base tarifaire à l'unité de 0,29 euro (location,
routage, tracking, reporting). La création étant facturée entre 450 euros (mise
en format HTML) et 600 euros (conception et rédaction de l'e-mail). Autre
acteur, autre service proposé : en avril 2001, Charter lançait une offre
d'e-mailing groupé, adaptant aux fichiers d'adresses e-mails sa recette de bus
mailing courrier. Il s'agit de regrouper dans un même envoi les offres de 10 à
15 annonceurs autour de trois ou quatre grandes rubriques. Pour des envois qui
avoisineront les 100 000 à 200 000 exemplaires sur des cibles B to B. La
première campagne a eu lieu en septembre 2001. Début février 2002, douze
opérations étaient d'ores et déjà programmées pour le premier semestre. A
raison de 100 000 envois par action, on peut considérer qu'à ce rythme, Charter
aura besoin de louer 1,2 million d'adresses dans l'année. Dont une grande
majorité en B to B. Ce qui, d'emblée, pose la question de la matière première,
à savoir des fichiers. « Il est certain que lorsqu'on a fait 200 000 envois à
trois reprises, on a épuisé l'offre », affirme Yann Gozlan. Pas d'autre
solution que d'aller voir au-delà du périmètre des deux ou trois fournisseurs
"sérieux" de la place, vers les éditeurs de newsletters.
Des volumes de remontées variant de un à dix
Aujourd'hui, après
quelques opérations, l'e-mailing groupé semble probant si l'on en croit
Charter. « Les taux de remontées sont peut-être légèrement supérieurs à ceux du
bus-mailing papier, note Yann Gozlan. Avec des profils réactifs un peu
différents, plus jeunes et donc n'occupant pas tout à fait les mêmes fonctions
au sein de l'entreprise. » Pas de surprise pour autant : les adresses e-mails
ne sont pas une garantie systématique de remontées. Celles-ci varient
facilement de un à dix. Ainsi, une ville nouvelle de la banlieue parisienne, en
incitant les entreprises à venir s'installer sur ses terres, pourra considérer
comme concluant le fait d'enregistrer quelques dizaines de contacts utiles sur
la base de 100 000 envois. Quant à la rentabilité comparée de l'e-mailing bus
et du bus mailing postal..., les représentants de Charter, comme on s'en doute,
concluent à une certaine similitude. Certes, les coûts de routage des e-mails
n'ont rien à voir avec le poids de l'affranchissement postal. « Mais le tarif
d'acquisition d'une adresse e-mail reste assez élevé. Et l'e-mailing génère
beaucoup de coûts cachés en amortissement et en développement », signale Yann
Gozlan. Mais l'e-mailing apprend beaucoup de son aîné, le mailing postal.
Ainsi, pour pallier le manque d'adresses accessibles sur le marché, et pour
répondre aux besoins des annonceurs rodés à l'e-mailing, les routeurs de
fichiers d'e-mails B to B adoptent peu à peu différents niveaux de
personnalisation. Innovations les plus intéressantes en la matière : la
personnalisation dans l'objet même du mail, ou encore une fiche d'identité
prérenseignée intégrée en fin de message, la cible n'ayant qu'à valider le tout
ou modifier les champs qui doivent l'être. Mais cette sophistication n'est pas
toujours possible. « Un fournisseur sur deux seulement nous donnera les
éléments de personnalisation avec l'adresse », remarque David Berman. Les
données commercialisées devraient néanmoins rapidement inclure tous les
éléments permettant une exploitation de l'e-mailing associée aux autres
vecteurs de contact aujourd'hui maîtrisés : mailing postal et téléphone. Car
tous les professionnels s'accordent sur ce point : l'efficacité des fichiers
d'e-adresses est d'autant plus évidente qu'ils sont utilisés dans le cadre
d'opérations composites intégrant diverses techniques du marketing direct.