Onze conseils pour un bon plan médias
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« L'offre médias a
explosé ces dernières années. C'est un nouveau cadre de moyens pour les agences
», observe Pierre Désangles, directeur général de l'agence Rapp Collins.
Révolue l'ancienne distinction qui servait souvent de ligne de stratégie, à
savoir une orientation majoritaire vers les médias ou le hors-médias. « Nous
avons trois grandes familles : les médias off line, type presse, TV, radio,
affichage, ciné, les médias on line (bannières, e-mailing, nouveaux médias
interactifs...) et le hors-médias, qui rassemble l'ISA, l'asile-colis, ainsi
que les fichiers pour print mailings », constate Philippe Gardes, directeur
général d'OMD Response, structure de conseil médias orientée vers
l'opérationnel. Ces trois groupes constituent une boîte à outils à utiliser de
façon transversale. « Aujourd'hui, les clients viennent nous voir avec un
objectif global de recrutement et apprécient les solutions plurimédia »,
poursuit-il. Opportunité créative pour les annonceurs, l'élargissement de
l'offre médias complexifie toutefois les choix. Reste à construire les outils
qui permettront de comparer les coûts d'acquisition de tous les médias (on
line, off line et hors-médias).
2 Un seul juge de paix : le coût contact
« La démarche MD est guidée par un seul objectif : le coût
contact accompagné de la notion de rendement. Contrairement à la publicité qui
raisonne en termes de GRP (Gross Rating Point) ou pourcentage de la cible
touchée, le marketing direct vise à optimiser son coût d'acquisition »,
explique Aurélie Fuchs, directrice conseil chez Initiative Média. Un mapping
simple permet de ramener le coût de l'insertion au nombre de contacts générés
support par support. Un axe vertical figure les coûts contact, tandis que l'axe
horizontal mesure le rendement par titre. Puis l'espace compris entre les axes
est découpé en quatre cases de taille égale. Les meilleurs supports se
retrouveront en bas à droite (supports puissants et économiques). L'économie
des campagnes TV a été modifiée par la Loi Trautmann qui a diminué le temps
dédié à la communication publicitaire sur les chaînes hertziennes. Dans la
foulée, les annonceurs MD se sont retrouvés en concurrence frontale avec les
annonceurs publicitaires qui ont commencé à investir sur des tranches horaires
diurnes. Résultat, les spots susceptibles de bénéficier de tarifs MD (environ
50 % de réduction de 8 h à 17 h à condition de proposer un numéro d'appel) ont
été réduits à la portion congrue par les chaînes, soucieuses de vendre au
meilleur prix.
3 La hiérarchie des rendements n'est pas calquée à 100 % sur celle de l'audience
« Les notions de puissance et
affinité s'affrontent. Plus un média a une audience large, moins il est facile
à qualifier : le profil des lecteurs de la presse TV, hors Télérama, est la
France entière. Plus le support a une audience limitée, plus l'affinité est
forte », ajoute Philippe Gardes. Mais il arrive que l'on obtienne de meilleurs
rendements sur une cible pointue avec la presse TV qu'avec un magazine
spécialisé ! Inversement, l'audience n'est pas à elle seule une garantie de
rendement. Définie par le nombre total de personnes (ou d'individus d'une
cible) ayant lu le magazine sur sa dernière période de sortie (hebdo,
mensuel...), elle est le produit de la circulation (nombre moyen de lecteurs
par exemplaire diffusé) par la diffusion (nombre d'exemplaires payés par numéro
moyen). Ainsi, certaines familles de presse, comme la presse TV, ont-elles une
forte diffusion et une relativement faible circulation, alors que les numéros
de news magazines sont souvent lus par plusieurs personnes.
4 Une question de rythme et de disponibilité
Pour des objectifs MD de
recrutement, les médiaplanners privilégient la couverture à la répétition. «
L'idée est de toucher le maximum de personnes sur une période, plutôt que d'en
toucher moins mais plusieurs fois », décode Aurélie Fuchs. Seconde
caractéristique des campagnes de MD : la réactivité. Pour l'annonceur, la
"sanction" est quasi immédiate grâce à l'idée d'urgence manifeste véhiculée par
l'offre et la sélection de médias sur des critères de disponibilité de la cible
lorsqu'elle les consomme. L'expérience prouve que les offres passées dans des
hebdomadaires ont, en général, une meilleure efficacité que celles passées dans
des titres à périodicité plus longue. Enfin, un message aura d'autant plus
d'impact que les prospects sont en état de disponibilité lorsqu'ils le
reçoivent.
5 Retranscrire la cible en cible médias
Le
conseil médias retraduit le discours de l'annonceur sur sa cible en cible
médias. Exemple : des produits de régime s'adressent à des femmes soucieuses de
leur beauté, qui viennent d'avoir un bébé, gourmandes, rondes... « Nous
cherchons alors quels médias au sens large consomme cette cible », pré- cise
Aurélie Fuchs. Sachant que, tendanciellement, les centres d'intérêt d'une cible
donnée deviennent de plus en plus nombreux. « Pour bien recruter, il faut soit
être dans un support à faible intérêt en termes de contenu (presse TV populaire
et, en TV, écrans à proximité d'émissions à faible intérêt), soit avoir une
très forte affinité de contenu. Dans la logique du MD, à l'inverse de la
publicité, l'affinité de contenu (centre d'intérêt) prime sur l'affinité de
cible (type de lectorat) », estime Olivier Martin, directeur commercial chez
Carat Direct, une entité dédiée aux annonceurs MD et VPC.
6 Trois critères à maîtriser : l'offre, la cible et la forme du message
La
performance d'une campagne repose sur la solidité de la chaîne médias, offre
produit, et création. « Un seul maillon faible menace l'ensemble de la chaîne
», estime Philippe Gardes. « La construction d'un plan médias consiste à
ajuster, pour un support donné, la bonne offre produits ou services et la bonne
création », affirme Olivier Martin. La durée de l'offre (exemple : un taux
promotionnel bancaire) induit la périodicité du titre choisi. En presse, à
l'intérieur d'une même famille (presse TV, hors Télérama, presse féminine
populaire...), chaque support a son propre ton. « L'offre doit en tenir compte
pour faire mouche sur le lectorat », insiste Thierry Waÿ, directeur commercial
de Trëma, agence conseil spécialisée en médias. Le contenu (offre) et le
contenant (média) doivent être associés dans une démarche créative : le "bon"
média sera celui qui démultipliera l'impact du message. « Une offre d'accès
illimité à Internet sera mise en valeur si on l'affiche sur des bus circulant
la nuit », illustre Pierre Désangles.
7 Tester, tester, tester
« Même quand tout va bien ! », conseille Philippe Gardes.
Seule la pratique répétée de tests permet de trouver la logique gagnante sur le
trio visuel/format/offre (voir en p. 54). Yves Rocher et France Loisirs
consacrent 10 % de leur budget aux tests. Une procédure permanente. Si vous ne
consacrez pas 10 % de votre budget aux tests en année N, les recrutements de
l'année N +1 sont compromis. Que peut-on tester ? « Les familles de supports -
news, féminins, TV, -, les emplacements - quatrième et troisième de couverture,
rubriques spécifiques, éclatés de couverture... -, les formats - page,
demi-page, encart, bichro ou quadri- ... et, bien sûr, l'offre », répond
Olivier Martin. C'est d'ailleurs la vocation des split-runs qui consistent à
tester plusieurs offres sur autant de régions ou deux créations différentes
porteuses de la même offre sur un même magazine. Certains titres facilitent ces
mises au point par une tarification spéciale : Télé Z, par exemple, permet de
tester quatre visuels différents sur quatre numéros successifs. Très
puissante, la presse TV est parfois utilisée pour mieux connaître sa cible à
partir d'une campagne test dont les remontées seront analysées dans le but
d'investir dans des supports plus spécifiques.
8 Une mécanique ultra sensible et évolutive
« En presse, les rendements sont très
sensibles à l'emplacement, à la forme de l'offre, aux canaux de remontées... »,
ajoute Philippe Gardes. Certains annonceurs se sont aperçus qu'un simple
changement de création (offre et vecteurs de retours similaires) pouvait
susciter des variations de rendement de l'ordre de 40 %. La simple alternative
page ou encart influe sur les retours. Plus valorisant pour l'offre, mais aussi
plus coûteux, l'encart permet de cibler plus précisément des abonnés qui ont
déjà un "petit" comportement VPC. « A diffusion égale, il génèrerait des
remontées de 6 à 10 fois plus élevées qu'une page sur de la presse TV, féminine
populaire, people ou senior », raconte Thierry Waÿ. Un éditeur de CD-Rom qui
avait investi dans une page dans Télérama n'avait eu que de maigres retours,
alors que l'encart pratiqué quelques années plus tard en a suscité 3 000 !
9 De l'influence des canaux de remontées
Selon Sécodip
(étude "Codes MD"), les numéros de téléphone noirs (54 %), Internet (42 %) et
le Minitel (35 %) arrivaient en tête parmi les vecteurs proposés sur l'ensemble
des offres TV, presse et radio pigées en 1999. Loin devant les bons à découper
(18 %), Numéro Vert (14 %) et Numéros Indigo et Azur (7 % chacun). Comme le
montrent ces statistiques dont les totaux dépassent 100 %, l'idéal est d'offrir
plus d'un moyen de réagir à l'offre. « Sur une page, on met en général un
numéro de téléphone et un coupon. Si l'on supprime ce dernier, on perd de
l'ordre de 30 % des remontées », estime Thierry Waÿ. Mais il s'agit aussi et
surtout de trouver pour chaque cible le bon média de retour. Contrairement aux
seniors et au monde rural, les cadres sont peu attirés par le couponning. Selon
le directeur général de Trëma, dans la presse cadres, 70 % du potentiel de
remontées se fait sur le téléphone. Dans la presse généraliste, le pourcentage
chute à environ 30 %.
10 Utiliser le contexte concurrentiel
Un médiaplanner sérieux se penchera sur les offres
réalisées par la concurrence et les choix réalisés en termes de médias. Ne
serait-ce que pour s'assurer que les messages de son client sont dans la
course... Comme par hasard, il s'avère qu'un grand nombre d'annonceurs du même
secteur se retrouvent dans les mêmes titres de presse... Un peu comme les
coiffeurs et les restaurants ont tendance à coloniser les mêmes rues. « Il ne
faut pas avoir peur de cette concurrence frontale, elle est la preuve que le
lectorat du journal apprécie les offres du secteur », juge Aurélie Fuchs. Si le
concurrent d'un de ses clients utilise plus de trois fois dans l'année un
support, rien n'interdit de le tester... sans s'attendre à des miracles. Il
arrive parfois qu'une très légère différence de cible entre deux marques plombe
les remontées de la campagne la moins attractive.
11 La radio, parent pauvre du médiaplanning ?
Exposé à une écoute partagée, le
message radio a un impact souvent aléatoire. Rares sont en effet les
consommateurs exclusivement concentrés sur leur poste ! Un état de fait qui se
traduit par des rendements faibles assortis de coûts d'acquisition plutôt
élevés, spécialement sur les grandes ondes généralistes. « De façon générale,
les tarifs radio sont peu avantageux, même si certaines d'entre elles
commencent à proposer des formules spéciales pour le MD », observe Philippe
Gardes. Pour tirer son épingle du jeu, l'annonceur radio doit faire un effort
de créativité en privilégiant les formats d'une durée supérieure à 30 secondes
(20 secondes, c'est trop court) et en proposant une offre claire et très
"incentivée" (idée d'urgence). Et il faut s'arranger pour répéter tout au long
du message au moins trois fois le numéro d'appel ! A ces conditions, la radio
devient une alternative à la presse et à la TV, deux médias très encombrés.